Pénurie de paramédics: jusqu’à une ambulance sur quatre ne roule pas
Urgences-santé fonctionne à effectif réduit depuis le début du mois à Laval et Montréal
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L’insuffisance d’effectifs est devenue si criante à Montréal et à Laval qu’il a manqué une vingtaine d’ambulances pour répondre aux appels presque une journée sur deux depuis le début du mois.
« C’est une période qui est extrêmement difficile, et c’est soutenu depuis des semaines, même des mois. [Cette surcharge] n’est pas évidente pour les employés, que ce soit à cause des heures supplémentaires ou du nombre d’interventions », reconnaît Stéphane Smith, porte-parole corporatif à Urgences-santé.
De travailler à effectif réduit, c’est devenu la « nouvelle normalité chaque jour », déplore de son côté Claude Lamarche, président du Syndicat du préhospitalier-CSN.
Cette pénurie de main-d’œuvre s’est fait particulièrement ressentir samedi dernier, alors qu’il manquait 25 % des ambulances prévues pour couvrir les territoires de Montréal et de Laval.
« Il a fallu mettre des gens d’équipes spécialisées dans des ambulances standards pour assurer une certaine quantité d’ambulances, précise M. Lamarche. Pour des patients qui auraient eu besoin de soins avancés, ça veut dire que ces gens n’étaient pas disponibles. »
- Écoutez le reportage de Cybèle Olivier au sujet du manque criant de paramédics au Québec via QUB radio :
Temps d’attente
Ce manque de paramédics au quotidien depuis le début du mois, fait en sorte que les gens dont les appels auront été classés non urgents devront prendre leur mal en patience, puisque le temps d’attente augmente de manière drastique.
« C’est la population qui écope », souligne Claude Lamarche.
Pour combler le manque de paires de bras, plusieurs paramédics doivent notamment écourter leurs pauses pour dîner et faire du temps supplémentaire obligatoire.
« Le système actuellement est tellement épuisant que plein de monde s’en va et c’est une roue qui tourne dans le mauvais sens. Nos conditions de travail se dégradent, ça encourage des gens à quitter. Et ça ne fait qu’empirer », se désole M. Lamarche.
Il estime que l’embauche de nouveau personnel devient encore plus difficile, alors que selon lui, d’autres entreprises ambulancières au Québec offrent des conditions plus attrayantes qu’Urgences-santé, qui est un organisme paragouvernemental.
Pas règlé de sitôt
La situation n’est pas en voie de se régler, alors qu’Urgences-Santé fait aussi face à une pénurie de répartiteurs.
« C’est difficile de faire une projection. Je pense que l’an prochain, on va être encore en pénurie de personnel. [...] On travaille fort pour arriver avec des solutions. Si les gens pensent que leur vie est en danger, ils ne doivent pas hésiter à appeler le 911 », implore Stéphane Smith.
Nombre d’ambulances manquantes en février
- Mercredi 1er février 10 / 114 (8,7 %)
- Jeudi 2 février 24 / 114 (21 %)
- Vendredi 3 février 20 / 116 (17,2 %)
- Samedi 4 février 12 / 85 (14,1 %)
- Dimanche 5 février 15 / 86 (17,4 %)
- Lundi 6 février 19 / 114 (16,6 %)
- Mardi 7 février 19 / 114 (16,6 %)
- Mercredi 8 février 15 / 114 (13,1 %)
- Jeudi 9 février 18 / 114 (15,8 %)
- Vendredi 10 février 17 / 116 (14,6 %)
- Samedi 11 février 21 / 84 (25 %)
- Dimanche 12 février 14 / 86 (16,2 %)
- Lundi 13 février 21 / 114 (18,4 %)
- Mardi 14 février 24 / 115 (20,8 %)
Source : Urgences-santé