L’utilité des bonnes manières
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Cette semaine, ma fille m’a dit : « Maman, tu devrais écrire sur les bonnes manières. » Pour elle, une chronique qui s’intitule « Autour de la table » doit forcément rimer avec bonnes manières.
Quand je lui demande ce que ça signifie pour elle, elle me répond du haut de ses 13 ans qu’il s’agit d’être agréable, tout simplement. Sa réponse reflète bien son comportement. On me répète qu’elle est aimable, attentionnée et sympathique. À l’école comme à mon studio où je les trimballe elle et son frère depuis qu’ils sont tout petits, on me dit la même chose. Mon fils, lui, a 16 ans. Mes enfants sont polis, ils saluent en regardant droit dans les yeux avec un sourire, ils se montrent serviables, ils disent toujours merci. Et, miracle absolu, ils ne me font pas répéter. Je me dis souvent que j’ai gagné le jack pot à la loterie des enfants !
On ne met pas les coudes sur la table
À table, en revanche, pour une raison que je m’explique par le mot « adolescence », ils sont en régression, je dirais même en régression fort notable. Ils se reconnaîtront l’un et l’autre dans le rôle principal d’une scène digne d’un enfant de 3 ou 4 ans. Ils mangent la bouche ouverte ou ils parlent la bouche pleine, ils pigent dans les plats communs avec leurs doigts et les lèchent bruyamment, ils boivent à même le contenant. J’en ris. Je sais qu’un beau jour, je vais repenser à cette période de notre vie avec nostalgie parce que j’ai confiance qu’ils redeviendront conscients de l’importance de la politesse. J’en ai la certitude parce qu’ils demandent toujours la permission avant de quitter la table et me gratifient d’un « merci pour le bon repas, maman ! » avant d’aller retrouver leur téléphone, qu’ils ont pris soin de mettre de côté avant le repas. Alléluia !
L’ambiance familiale, le plus beau souvenir
On s’aime à l’infini, on est heureux et je ne voudrais pas, pour tout l’or du monde, gâcher l’ambiance de rigolade familiale à l’heure sacrée du souper en les réprimandant de tous leurs écarts d’étiquette. Le souper, c’est aussi l’heure de toutes les confidences. Tout de même, pour les moments où il y a de la visite, on s’est trouvé un code semblable au langage pour malentendants afin qu’ils « man-gent-la-bouche-fer-mée ! » C’est moins gênant pour eux et, je dois l’avouer, très efficace.
Donner l’exemple
On entend souvent que les bonnes manières se perdent. J’espère que non. C’est une valeur fondamentale chez nous. À la table de ma mère, c’était la base. Ça l’est à la mienne depuis qu’ils sont bébés. Loin d’être une contrainte, c’est une question de respect envers les autres. La vie en équipe, c’est le fondement de notre structure familiale, et ça donne davantage envie de s’entraider quand on se traite avec politesse. Ça invite à agir avec gentillesse à son tour. Ça invite à être empathique, essentiellement.
Pour les taquiner, je leur rappelle que j’ai hâte qu’ils soient prêts à intégrer la prochaine étape, une fois la période de régression passée : on dresse la table avec la lame du couteau vers l’intérieur, la fourchette à gauche de l’assiette, on ne « liche » jamais les couteaux, on ne « liche » rien du tout de toute façon. Je leur rappelle que ça me donne envie de tout faire pour qu’ils soient heureux parce que je ne me retrouve pas dans un rôle ingrat. Pire scénario de maman. Merci, les ados !