Nous avons besoin d’un modèle québécois en santé durable
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Il est plus que temps de prendre le taureau par les cornes. Il est plus que temps d’investir stratégiquement en prévention. Il est plus que temps d’investir dans notre Québec de demain et de créer un modèle québécois en santé durable.
On sait depuis longtemps – trop longtemps, même ! – que prendre le virage de la prévention donne des résultats concrets et durables.
La condition physique et mentale de nos jeunes et de nos adultes est alarmante, mais elle n’est pas irréversible. Alors pourquoi est-ce si difficile de convaincre un gouvernement d’assumer un leadership réel dans cette voie du gros bon sens ? C’est peut-être à cause de nous ! Est-ce que nos priorités en tant que citoyens sont vraiment à la bonne place ?
- Écoutez l'entrevue avec Pierre Lavoie à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct 7 h 20 via QUB radio :
Prévention
Il existe plusieurs domaines où la prévention a réellement porté ses fruits. Sur les routes du Québec, par exemple, nous avons réussi avec brio à diminuer le nombre de décès en introduisant la prévention. Ceinture de sécurité obligatoire en 1976, amélioration du design des routes, pavage des bordures des routes numérotées, meilleure conception des autos en cas de collision, etc. Le bilan routier est passé de 2209 décès en 1973 à 766 en 2000 et finalement à moins de 291 en 2022 alors qu’il y a six fois plus d’autos sur les routes. Si nous n’avions pas pris le virage de la prévention, ce bilan aurait pu atteindre 12 000 décès par année au Québec. Aujourd’hui, qui voudrait revenir en arrière ? Personne !
Allez dans les entreprises du Québec pour voir comment la culture en matière de sécurité a changé depuis les années 1970-80 pour parvenir à l’objectif actuel de zéro accident. Bien qu’il y ait encore des accidents de travail, tout le monde est assis à la même table pour atteindre l’excellence : travailleuses et travailleurs, employeurs. L’organisme gouvernemental de surveillance s’appelle CNESST. Et ça marche !
En 2011, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, nous lancions le premier programme de dépistage génétique pour quatre maladies héréditaires graves. Après plusieurs batailles et refus du ministère de la Santé, nous avons finalement réussi à mettre en place un véritable programme de prévention qui allait non seulement servir de modèle à travers le monde, mais aussi donner de l’espoir pour 95 autres maladies qui attendent d’être intégrées au Québec.
Imaginez les retombées financières et surtout humaines d’un tel programme de prévention unique au monde. Au Québec, on ne veut pas que prévenir, on veut guérir !
Ces trois exemples démontrent à quel point la prévention peut être un puissant levier pour inverser des tendances et pérenniser des systèmes.
Investissements nécessaires
En cette période d’étude des crédits, où nous verrons le budget en santé passer de 39 milliards de dollars qu’il était en 2019 à 59 milliards en seulement 5 ans, imaginez la suite dans le contexte d’une population vieillissante et d’une jeunesse inactive.
Je sais que le ministre Dubé a innové avec la refonte du système de santé en intégrant la prévention. Merci 1000 fois ! Il fallait d’abord ouvrir la porte. Mais les quelques dizaines de millions prévus sont insuffisants, car, pour voir des résultats concrets, l’investissement devra s’approcher du milliard de dollars par année.
Je demande à notre gouvernement d’être visionnaire et de penser santé durable. De mettre en action les leviers financiers nécessaires pour créer un modèle québécois qui inversera la courbe de la sédentarité, la courbe des coûts en santé curative, la courbe du sous-financement en santé publique, la courbe du sous-financement de nos fédérations sportives québécoises. Finalement, de créer une valeur nationale qui sera notre fierté !
Pierre Lavoie, cofondateur du Grand défi Pierre Lavoie, cofondateur du Sommet de la santé durable, ancien instructeur de conduite automobile, ancien travailleur d’usine de pâtes et papiers, ancien agent ESS (environnement, santé et sécurité) chez RTA et ancien porte-parole de la Corporation de recherche et d’action sur les maladies héréditaires