300 élèves relocalisés à plus d'une heure d'autobus... dans une zone potentiellement contaminée
Coup d'oeil sur cet article
Des parents de LaSalle sont frappés d’étonnement depuis qu’ils ont appris qu’on relocalisera leurs enfants pendant les rénovations de leur école, ce qui les forcera à faire plus d’une heure d’autobus par jour pour se rendre dans une zone potentiellement contaminée.
• À lire aussi: Une école en construction à Saint-Jérôme inaccessible à des enfants du quartier
«On vient d’emménager ici justement pour la proximité de l’école [...]. Ma fille vient d’arriver en maternelle et commence à s’acclimater. Avoir su, mon choix de déménagement aurait été tout autre», témoigne Valérie Dusseault.
À l’école Sainte-Geneviève-Sud, la plupart des élèves s’y rendent à pied, ont expliqué la dizaine de parents rencontrés par Le Journal.
Le 13 février dernier, ils ont appris que dès la rentrée 2024, les quelque 380 élèves de l’école seront tous relocalisés en raison de travaux de rénovation, dont la durée est estimée à deux ans.
Service de garde?
Tous les parents interrogés sont d’accord: l’école a besoin d’amour. Mais le plan de relocalisation envisagé par le Centre de services scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSSMB) suscite la grogne au sein de cette communauté de famille tissée serrée.
Le bâtiment choisi pour les accueillir, soit l’édifice Clément du CEA LaSalle, est un ancien centre d’éducation aux adultes situé à 6 km de là, à 20 min de voiture.
Avec tous les arrêts, leurs enfants feraient donc deux heures d’autobus jaune par jour pour s’y rendre.
Qu’arrivera-t-il avec leur service de garde, qui est très prisé des jeunes? se demandent les parents. Les élèves qui dînaient à la maison devront-ils payer pour dîner à l’école?
Mme Dusseault donne l’exemple de sa voisine qui n’a pas tout le temps accès à une voiture et qui doit régulièrement aller chercher son enfant à l’école parce qu’elle est malade.
«Le message pour l’instant, c’est : si vous n’êtes pas contents, faites un “choix-école”», c’est-à-dire inscrire son enfant dans une autre école où il n’aura pas la priorité, s’indigne Valérie Chartrand.
Plusieurs parents s’inquiètent aussi de la pollution due à la proximité de l’entrée du pont Mercier. De plus, le bâtiment se trouve sur un terrain contaminé par des produits pétroliers qui n’a pas été remis en état, peut-on voir dans le Répertoire des terrains contaminés du ministère de l’Environnement.
Seule option
Pour sa part, le CSSMB indique que le plan envisagé est la seule option viable. Là où les possibilités sont nombreuses, c’est dans les modalités d’accommodement, comme les trajets d’autobus scolaire et les possibilités de navette.
«On veut réduire l’impact au maximum. On est vraiment ouverts à toutes les discussions», dit la directrice générale adjointe Marie-Josée Villeneuve.
Pour ce qui est de la contamination, le CSSMB indique que les informations dans le répertoire ne sont pas à jour, puisque le chauffage à l’huile du bâtiment a été remplacé par un système à biénergie lors de travaux effectués en 1993.
Une analyse du sol est toujours réalisée lors de travaux d’envergure sur un bâtiment et « toutes les actions recommandées seront réalisées », indique Chrystine Loriaux, du Bureau des communications.
Déjà échaudés
Mais pour les parents, le lien de confiance est déjà brisé, car ce n’est pas la première fois qu’ils passent par ce processus, avoue Valérie Chartrand.
L’an passé, l’école Sainte-Geneviève a été exclue du bassin d’une école secondaire fraîchement construite et située à 15 min de marche, alors que les autres établissements sont situés à plus d’une heure à pied.
«Ils font des consultations, mais c’est un peu bidon», soupire Geneviève Lamarre.
«Nos propositions sont balayées. La décision est déjà prise, on le sent», abonde Caroline Bergeron.