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Pollution de l'air: des quartiers près d'écoles primaires pires que des autoroutes

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La station située près de l’école Les Primevères, à Québec, est l’endroit où on a recensé le plus de jours avec une mauvaise qualité de l’air due au PM2,5.
Photo Stevens LeBlanc La station située près de l’école Les Primevères, à Québec, est l’endroit où on a recensé le plus de jours avec une mauvaise qualité de l’air due au PM2,5.

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Les Québécois qui respirent un air pollué ne vivent pas toujours à côté d’une autoroute ou d’une usine. Plusieurs endroits où on trouve le plus de contaminants sont des quartiers résidentiels, dont certains à proximité d’écoles primaires.

L’école primaire Les Primevères, à Québec, est l’endroit où l’on compte le plus de jours où la qualité de l'air était mauvaise en 2021 en raison des particules fines (PM2,5). 

Ces dernières entraînent des problèmes de santé importants, dont des cancers, et causent des pertes économiques chiffrées à 30 milliards $, au Québec. 

Le parc Vaillant, à Terrebonne, lui aussi situé à côté d’une école, est l’un des endroits où les concentrations de particules fines sont les plus élevées. On y compte même plus de journées de mauvaise qualité de l’air que près de l’échangeur Décarie, à Montréal.
Photo Martin Chevalier
Le parc Vaillant, à Terrebonne, lui aussi situé à côté d’une école, est l’un des endroits où les concentrations de particules fines sont les plus élevées. On y compte même plus de journées de mauvaise qualité de l’air que près de l’échangeur Décarie, à Montréal.

À Terrebonne, les quantités de particules fines dans le parc Vaillant, au cœur d’un quartier résidentiel où se trouve l’école primaire Esther-Blondin, sont aussi parmi les plus élevées dans la province, révèlent des analyses de notre Bureau d’enquête. 

Même la station située juste à côté de l’échangeur Décarie, à Montréal, compte près de deux à trois fois moins de journées où la qualité de l’air est mauvaise qu’à ces deux endroits. 

-
Station de mesure
Québec
École Les Primevères
-Station en milieu urbain

Mauvaise qualité d'air en 2022
43 jours

Contaminant principal
Particules fines PM2.5

Moyenne annuelle du contaminant
Microgrammes par mètre cube (µg/m3)
9,46
Norme OMS : 5
-
Station de mesure
Terrebonne
Parc Vaillant
-Station en milieu urbain

Mauvaise qualité d'air en 2022
31 jours

Contaminant principal
Particules fines (PM2,5)

Moyenne annuelle du contaminant
Microgrammes par mètre cube (µg/m3)
8,83
Norme : 5

Ces deux stations ont un point en commun: elles sont entourées de nombreuses maisons munies d’un poêle à bois.

NOMBREUX DÉPASSEMENTS

Les particules fines sont suivies depuis une vingtaine d’années seulement, au Québec. En 2021, notre réseau de surveillance de la qualité de l’air comptait quelque 63 stations qui analysent la présence de différents contaminants. Pour les 49 stations qui mesurent les particules fines, nous avons comparé les moyennes annuelles. 

On remarque que plusieurs stations de la Ville de Québec comptent parmi les moyennes les plus élevées. 

-
Station de mesure
Québec
Vieux-Limoilou
-Station en milieu urbain

Mauvaise qualité d'air en 2022
20 jours

Contaminant principal
Particules fines PM2.5

Moyenne annuelle du contaminant
Microgrammes par mètre cube (µg/m3)
8,69
Norme OMS : 5
-
Station de mesure
Québec
Henri IV
-Station en milieu urbain

Mauvaise qualité d'air en 2022
24 jours

Contaminant principal
Particules fines PM2.5

Moyenne annuelle du contaminant
Microgrammes par mètre cube (µg/m3)
9,38
Norme OMS : 5

Nous avons également constaté que les quantités de particules fines observées au Québec dans presque toutes les stations dépassent les lignes directrices l’Organisation mondiale de la santé (OMS). /

Ces lignes directrices ont été réajustées en 2021 à la lumière des nouvelles connaissances scientifiques, ce qui est une première depuis 2005. La moyenne annuelle recommandée de particules fines a ainsi été réduite de moitié, passant de 10 à 5 μg/ m3 (microgrammes par mètre cube). 

Ce n’est toutefois pas une norme légale. «C’est une invitation à toujours viser des niveaux de polluants les plus faibles possibles», explique Audrey Smargiassi, chercheuse associée à l’INSPQ et experte de la qualité de l’air et ses effets sur la santé. 

«On est loin [des cibles de l’OMS], mais des solutions sont à portée de main», poursuit Johanne Elsener, présidente de l’organisme Santé urbanité. 

Et on le voit à Rouyn-Noranda avec les émissions d’arsenic ou encore à Québec avec la présence de nickel dans Limoilou, les Québécois sont de plus en plus préoccupés par la qualité de l’air qu’ils respirent. 

La norme canadienne annuelle est de 8,8 μg/m3, depuis 2020. Mais la province la considère seulement comme «un objectif». 

Avec 9,46 μg/m3, les concentrations de la station de l’école des Primevères dépassent la norme canadienne et sont près du double de celle de l’OMS. 

PAS DE RÉVISION

Or le cabinet du ministre de l’Environnement du Québec nous confirme qu’aucune révision de la norme de particules fines n’est dans les plans pour le moment. 

Il précise que le responsable est très souvent le chauffage au bois et qu’il revient aux municipalités d’intervenir. Même s’il encourage cette démarche, il rappelle qu’il «faut être conscient de certaines réalités régionales et pour lesquelles le chauffage au bois est un moyen essentiel en temps froid». 

«C’est un problème qu’on ne prend pas assez au sérieux, déplore Mme Elsener. 

«Ça pourrait être davantage considéré dans nos choix collectifs concernant le transport, le chauffage, la production d’énergie et les changements climatiques», croit pour sa part le Dr Philippe Robert, de la direction de santé publique du CIUSSS de Capitale-Nationale. 

Et chez vous? Et chez vous?
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Méthodologie

Sources : ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques, données du site Web du Réseau de surveillance de la qualité de l’air du Québec (RSQAQ), Réseau de surveillance de la qualité de l’air (RSQA) de la Ville de Montréal, Organisation mondiale de la santé (OMS).

Le nombre de jours de mauvaise qualité de l’air a été calculé pour les PM2,5, l’ozone (O3), le monoxyde de carbone (CO) et le dioxyde d'azote (NO2) en fonction des seuils du ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC). Certaines stations ne calculent pas ces contaminants et en mesurent d’autres pour lesquels nous n’avons pas trouvé de seuil.

Pour les PM2,5, il s’agit du nombre de jours où, au moins une fois dans la journée, la moyenne sur trois heures était supérieure à 35 µg/m3. La moyenne annuelle des PM2,5 et du dioxyde de soufre (SO2) a été calculée en faisant la moyenne des concentrations horaires captées durant l’année.

Pour la moyenne annuelle des stations Lac-Édouard et Sherbrooke – Parc Cambron, les moyennes journalières ont été utilisées à la place des données horaires.

La norme de l’OMS est utilisée sur la carte pour les stations mesurant les particules fines. Pour le dioxyde de soufre, il s’agit de la norme canadienne.

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