Prolongement de la ligne bleue: des organismes veulent du logement social
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Des organismes de Saint-Léonard craignent que l’intérêt des promoteurs immobiliers pour les environs des futures stations de la ligne bleue accélère l’embourgeoisement du quartier et chasse des familles.
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«Ce qu’on veut, c’est qu’il y ait du logement social qui se développe, pas des tours à condos», s’indigne Sylvie Dalpé, intervenante communautaire depuis plus de 20 ans au comité logement Action Dignité Saint-Léonard.
Vendredi, Le Journal dévoilait que de nombreux projets résidentiels étaient envisagés près des futures stations de métro d’Anjou et de Saint-Léonard, dans l’est de Montréal.
Les géants de l’immobilier Groupe Mach et First Capital font partie des promoteurs qui s’activent en coulisses pour développer des tours résidentielles sur des terrains occupés par des centres commerciaux.
Explosion des loyers
«Ce qui nous inquiète, c’est l’impact que ça va avoir sur les familles qui résident encore dans le quartier. Vont-ils encore avoir les moyens d’y résider?», s’interroge Simon Dumais, coordonnateur du Comité promoteur de logement social à Saint-Léonard.
Il voit déjà des locataires qui se plaignent d’augmentations de loyer de 100, voire 150$.
Anjou et Saint-Léonard figurent en effet parmi les secteurs où le prix des loyers a le plus augmenté dans la dernière année, selon les plus récentes données de la Société canadienne d’hypothèque et de logement (SCHL).
Le loyer moyen des appartements privés y est passé de 793$ à 938$ des mois d’octobre 2021 à 2022, une augmentation moyenne de 145$.
«Les familles n’arrivent plus à payer leur loyer. Les gens nous appellent en pleurant. Il y a une détresse», témoigne Mme Dalpé, qui craint que des logements à bas prix soient démolis pour accueillir les nouvelles tours résidentielles.
«Les gens de Saint-Léonard, bon nombre d’entre eux n’ont pas les moyens de payer le loyer actuel, je ne pense pas qu’ils ont les moyens de se payer des condos», renchérit M. Dumais.
- Écoutez l'entrevue de Benoit Dutrizac avec Dinu Bumbaru, directeur des politiques de l'organisme Héritage Montréal sur QUB radio :
Une « opportunité sans précédent »
Mme Dalpé déplore que certains projets soumis ne contiennent pas «une ligne sur le logement social».
Le projet de 241 logements que First Capital veut développer sur le terrain du «Toys R Us» d’Anjou se trouve dans une zone où les promoteurs ne sont pas tenus de développer du logement abordable.
Le responsable de l’habitation à la Ville, Benoit Dorais, n’était pas disponible pour une entrevue.
L’administration de Valérie Plante assure toutefois que le secteur sera soumis à un règlement 20-20-20 et que de «nouvelles zones d’abordabilité» seront créées.
«Le prolongement de la ligne bleue représente une opportunité sans précédent pour développer et revitaliser l’est de Montréal et pour augmenter l’offre de logements sociaux et abordables dans le secteur », indique dans une déclaration l’attachée de presse du comité exécutif, Marikym Gaudreault.
En vigueur depuis avril 2021, le règlement 20-20-20 exige des promoteurs qu’ils contribuent à l’offre de logement social, abordable et familial dans la métropole. La construction sur place est fortement encouragée par la Ville, mais en tout temps, ils peuvent aussi plutôt payer une compensation financière.