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72 heures pour prouver son paiement: son permis invalide à cause d’une gaffe de la SAAQ

Des Québécois ont reçu des amendes à cause de la réforme du système informatique

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Un automobiliste a écopé d’un avertissement de 72 heures pour prouver qu’il avait bel et bien payé son permis de conduire, car les ratés du nouveau système informatique de la SAAQ ont fait que le renouvellement n’a pas été transmis à la police.

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Une situation loin d’être unique, confirme la SAAQ. Des Québécois ont été exposés pendant au moins un mois à des amendes pour permis expiré même s’ils avaient payé celui-ci en bonne et due forme.

Photo MARTIN ALARIE

«Je trouve ça stupide. Ils font une mise à jour du système qui coûte des millions et on est pris là-dedans», déplore Carl Guiristante.

Le 23 février dernier alors qu’il roulait sur l’autoroute 640 sur la Rive-Nord, il a été intercepté par un policier qui avait vérifié sa plaque d’immatriculation.

«Il m’a intercepté pour me dire que mon permis n’était pas valide. Je ne comprenais pas pourquoi. Ma fête c’est le 21 janvier, donc je suis habitué de payer la veille et ça a été réglé le 20 janvier.»

Même en montrant la preuve de paiement de son compte bancaire au policier, cela n’a pas suffi. Le policier lui a donné un avertissement de 72 heures.

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Photo MARTIN ALARIE

«Il m’a dit tu es chanceux parce que si j’étais plus borné que ça, ce serait une amende de 500 $ en plus du remorquage à tes frais.»

Un lancement difficile

M. Guiristante a contacté la SAAQ pour obtenir des explications. Dans le chaos du lancement du nouveau site web SAAQclic qui connaît de nombreux ratés, il a mis deux jours avant de pouvoir parler à quelqu’un.

«Ils se sont excusés en me disant que je n’étais pas le premier à appeler pour ça, mais que malheureusement ils ne pouvaient pas rien faire. Il fallait attendre la prochaine mise à jour du système.»

Contactée par Le Journal, la SAAQ a reconnu qu’un «souci d’affichage» donnait la mauvaise information aux policiers depuis le 27 janvier.

La société d’État a reçu «plusieurs demandes de remboursement» par des citoyens disant avoir été mis à l’amende en raison de cette bévue.

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Problème réglé?

«Il y a eu un petit problème au niveau du déploiement du système informatique qui a fait que des gens qui avaient payé leur renouvellement de permis dans le dernier mois n’apparaissaient pas comme valides lorsque c’était consulté par les policiers», a expliqué le porte-parole Gino Desrosiers.

Ce dernier a assuré que le problème avait été réglé ce week-end.

Incapable de dire combien de Québécois ont été affectés par cette bévue, la SAAQ invite quiconque ayant reçu une contravention pour cette raison à la contacter.

«Si c’est vraiment le cas, on va voir à le rembourser pour ne pas qu’il y ait d’inconvénients liés à cette situation qui relevait de nous», précise M. Desrosiers.

De son côté, la Sûreté du Québec soutient avoir reçu le mémo de la SAAQ à cet effet et l’avoir communiqué à l’interne à ses policiers.

Des files d’attente qui font rager 

Des Québécois obligés d’attendre des heures en file ne décolèrent pas contre le nouveau système SAAQclic, si bien que la police a dû intervenir à plusieurs reprises dans ses points de service depuis la semaine dernière.

Photo Olivier Faucher

Megan Beaudoin et son copain faisaient la longue file devant un point de service pour la 3e fois depuis la semaine dernière.

Photo Olivier Faucher

«On est venu une première fois et ils ne prenaient plus de rendez-vous nulle part. La deuxième fois, le système a lâché après trois heures, et aujourd’hui on a rendez-vous et on attend. On espère que ça va marcher», explique Megan Beaudoin, croisée dans la file d’attente d’un point de service de la SAAQ sur le boulevard Henri-Bourassa, à Montréal.

Elle a accompagné son copain Walner Minaya dans son périple pour obtenir un rendez-vous pour son examen théorique depuis le lancement de la plateforme SAAQClic la semaine dernière.

«Il y a trois ans, j’ai pris rendez-vous et ça marchait super bien. Pourquoi maintenant c’est rendu comme ça», demande Mme Beaudoin.

Quatre heures d’attente

Les files d’attente devant le point de service à l’extérieur comptaient des dizaines de personnes hier après-midi, a constaté Le Journal.

Croisée à la sortie du point de service, Céline Molly a expliqué qu’elle a patienté quatre heures sur place malgré le fait qu’elle avait rendez-vous pour faire attester son permis français au Québec.

«C’est compliqué quand même de prendre une journée de congé pour ça», explique-t-elle.

La police s’en mêle

La colère du public contre la SAAQ a forcé l’intervention des policiers à Saint-Jérôme et à Laval au début de la semaine dernière, a souligné la société d’État.

«Des employés ont eu peur parce que quelqu’un parlait fort ou donnait un coup de poing sur le bureau», a précisé Christian Daigle, président du Syndicat de la fonction publique et parapublique du Québec (SFPQ).

Celui-ci déplore le manque d’effectifs à tous les niveaux pour répondre à la forte demande actuelle.

«On est juste des employés qui donnent le service et ce n’est pas notre choix d’avoir voulu changer le système, exprime-t-il. C’est dommage qu’on subisse les contrecoups de la population.»

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