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François Legault incarne le déchirement des Québécois face à leur avenir

François Legault incarne le déchirement des Québécois face à leur avenir
Photo d'archives, Stevens LeBlanc

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Dure, dure la politique active. Le premier ministre du Québec a été réélu au début d’octobre dernier. Le dernier sondage Léger de cette semaine confirme que son parti est bien installé au pouvoir avec 40 % d’appuis.

Contre vents et marées, et malgré des critiques acerbes de ses opposants, la popularité du premier ministre reste solide. Il trône en tête de tous les politiciens avec 60 % des Québécois sondés qui ont une opinion favorable à son égard, ce qui en fait aussi le premier ministre le plus populaire au Canada.

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En d’autres termes, la popularité de François Legault n’empêche pas les journalistes de spéculer sur son départ éventuel, de tenter de trouver des explications psychanalytiques (vive Freud) à son impotence nationaliste, sa traîtrise en tant que souverainiste et à son adhésion nouvelle au fédéralisme unidimensionnel de Justin Trudeau.

Le premier ministre fédéral triomphe en dépit du statut minoritaire de son gouvernement, de son recul personnel marqué dans les sondages et de son cafouillage général avec les chinoiseries révélées au compte-gouttes par les médias anglophones.

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PSPP

Quant au nouveau chouchou des médias, Paul St-Pierre Plamondon, c’est de toute évidence un politicien de classe. Son charme, sa culture anglo-saxonne et européenne que le commun des mortels ignore lui ouvrent actuellement les portes des officines politiques de nationalistes européens respectables, c’est-à-dire catalans et écossais. Même l’ancien président français François Hollande, un politicien qui manie aussi bien l’humour que la politique et qui est sensible au combat québécois pour la langue et la culture, l’a accueilli.

Mais le voyage de PSPP en Europe n’altère pas les relations officielles de la France avec le Québec. Autrement dit, le chef du PQ n’est pas le premier ministre du Québec. Le seul porte-parole officiel de tous les Québécois, y compris ces Québécois opposés à la souveraineté.

À bien y penser, François Legault incarne à travers sa personne le déchirement des Québécois face à leur avenir. Des souverainistes déçus, blessés psychologiquement par les deux défaites référendaires, se sont retirés personnellement du débat. Leur espoir les a quittés et ils ont trouvé d’autres causes moins clivantes.

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Risque

François Legault, dont il ne faut pas sous-estimer la naïveté, à la fois une qualité et un défaut en politique, a pris un risque en rêvant d’une coalition. Croyait-il vraiment que ses amis du monde des affaires adhéreraient à son passé souverainiste ? Dans cette optique, ses adversaires ne se trouvent pas tous parmi les députés de l’opposition.

Possédait-il une connaissance intime des politiciens libéraux? De Justin Trudeau, transformé depuis des années en preux chevalier d’un Canada plus autoritaire, plus idéologique avec son obsession anti-islamophobe, plus intolérant à l’égard du Québec, à ses yeux gangrené par un «racisme systémique».

N’y a-t-il donc que des électeurs francophones qui appuient majoritairement, répétons-le, la personne de François Legault? Il est triste de constater que le pouvoir que le premier ministre détient lui rapporte si peu de consolation. C’est le prix que n’importe quel politicien du Québec doit payer pour exercer le pouvoir dans ces années de turbulence, de guerre en Europe et de remise en question de la nature même du pouvoir en démocratie.

Ce sont les échecs des deux référendums inscrits définitivement dans notre histoire qui font des politiciens qui ont conservé une ferveur nationaliste malgré tous les boucs émissaires de nos échecs et de nos impuissances à venir.

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