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«Ils ne se sentent pas redevables»: les méthodes de la SAQ critiquées par des petits entrepreneurs d’ici

Pascal Gerrits
Photo Pierre-Paul Poulin Pascal Gerrits accuse la SAQ de manquer d’écoute et de ne pas payer le prix de ses erreurs. « Quand ils se trompent, c’est aux entrepreneurs à réparer les pots cassés », déplore M. Gerrits, qui est copropriétaire de l’agence Primavin.

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Chose rare dans le monde du vin au Québec, de petits entrepreneurs critiquent ouvertement la Société des alcools du Québec (SAQ). Si l’omerta règne habituellement dans ce petit milieu, ils en ont assez d’être étouffés par la bureaucratie du monopole d’État. 

« La SAQ a de gros problèmes. Ils ne se sentent pas redevables. C’est un monopole qui n’a pas de comptes à rendre », lance Pascal Gerrits, de l’agence Primavin. 

Cet entrepreneur de 44 ans est copropriétaire de son entreprise depuis 5 ans et se qualifie de « mouton noir » dans le milieu, car il ne se gêne pas pour critiquer la SAQ. 

Du rosé mal planifié

Il vient de réunir plus de 20 autres entrepreneurs en son genre afin de décrier une situation bien précise, celle des commandes de vin rosé.

Ce type de vin est fort populaire au printemps, lorsque les terrasses ouvrent, et en été, par des temps chauds. 

Or, de nombreux agents qui importent du vin n’ont pu obtenir leurs produits à temps, l’an passé. 

« J’ai commandé mon rosé en mars et je l’ai reçu en octobre », confirme Philip Morrisset, de l’agence Origines, un autre courageux qui n’a pas peur de se frotter à la SAQ. 

Les deux entrepreneurs expliquent que la SAQ, en 2022, a demandé aux agences d’importation de passer leur commande de vin rosé avant le 4 février. Or, s’empressent-ils d’ajouter, le vin rosé n’est pas prêt en février, mais plutôt en mars ou avril.

« Ça n’a aucun sens, les vignerons n’ont même pas le temps de le produire », s’exclame Pascal Gerrits. 

La société d’État se dit au courant de la situation et indique être « en discussion » avec les agents privés pour régler le problème. 

Une fois le délai du 4 février 2022 passé, la SAQ a donc priorisé d’autres vins dans ses commandes, de sorte que les agences se sont retrouvées « avec plein de bouteilles de rosé sur les bras ». 

M. Gerrits organise donc demain, le 4 mars, le Salon Rose, à Montréal, afin d’une part d’écouler les stocks de rosé et d’autre part, de monter au front avec plus de 20 de ses pairs. 

Ils veulent faire changer les méthodes de la SAQ. 

Pas d’omerta, dit la SAQ

On compte environ 320 agences privées qui font affaire avec la SAQ au Québec. Elles représentaient environ 5 % des ventes et 8 % des profits de la société d’État avant la pandémie.

La SAQ indique que l’importation privée compte maintenant pour 3 % de ses ventes.

« Mais ils misent beaucoup sur nos produits pour proposer des nouveautés intéressantes », ajoute Philip Morisset. 

Surtout, on n’entend jamais les agents exposer leur situation, car il existe une « omerta claire, nette et précise » dans le milieu du vin, assure l’entrepreneur. 

« Des agences ont perdu leurs privilèges pour avoir parlé trop fort et n’ont pas pu placer un produit en succursale pendant deux ans », soutient-il. 

La SAQ réfute ces accusations et ne croit pas à l’hypothèse de l’omerta. 

« C’est sûr que quand tu fais affaire avec plusieurs partenaires, il y en a toujours qui vont être moins contents », résume la porte-parole Geneviève Cormier.

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