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Pour une école sans (ou avec peu) d'écrans

iPad
L’école doit, sur plusieurs plans, être un sanctuaire coupé de la société. Prise de distance essentielle, pour mieux apprendre. PHOTO D’ARCHIVES FOURNIE PAR LA COMMISSION SCOLAIRE DES PREMIÈRES SEIGNEURIES


Les écrans sont bien utiles, bien sûr. Par exemple, j’écris actuellement sur un ordinateur.

Mais à l’école, on devrait les interdire ou diminuer radicalement leur utilisation. Tout simplement parce qu’ils ne permettraient pas de mieux apprendre. Dans une entrevue accordée jeudi à mon collègue Gabriel Côté, la professeure en psychoéducation de l’Université de Montréal, Linda S. Pagani, a été on ne peut plus claire : « La recherche nous montre que les tablettes ne sont pas un avantage pour l’enseignement. Je pense qu’on voulait juste se sentir “à date”. »

Peur

La peur de ne pas être « dans le coup » est une sorte de pathologie de notre temps.

Laquelle a fait beaucoup de tort dans le monde de l’éducation. Pensons à Jean Charest, en 2011, qui annonce, sans aucune étude à l’appui, « que chaque classe de chaque école du Québec sera dotée d’un tableau blanc intelligent ».

Un an plus tard, on apprenait que la grande majorité des TBI furent commandés à un fournisseur dont le lobbyiste était un ancien membre... du cabinet Charest. 

En 2015, un chercheur prouvait que l’État les avait payés trop cher (240 millions $) et qu’ils servaient peu : manque de formation des enseignants et problèmes techniques fréquents. Toujours en 2015, une étude de l’OCDE concluait que les élèves utilisant « très souvent les ordinateurs à l’école » obtenaient « des résultats bien inférieurs dans la plupart des domaines d’apprentissage ».

Risque

Il y a presque dix ans, en 2013, une étude portant sur le iPad à l’école estimait qu’il y avait là un « risque », mais qu’il fallait absolument le prendre.

Même si c’était une source de distraction préoccupante. Même si l’outil s’était avéré peu utile pour l’apprentissage de l’écriture. Sur dix « activités réalisées » en classe avec le iPad, la lecture arrivait... au dernier rang ! Après « recherche internet », « utiliser des jeux », « communiquer avec les pairs », « faire des projets », « étude et révision » et « audio-vidéo », entre autres.

Dix ans et une pandémie plus tard, où l’excès dans l’usage des écrans fut inévitable (avec les effets délétères que l’on sait), les parlementaires de la Commission de l’Éducation doivent absolument se pencher sur le sujet, dans le cadre d’un mandat d’initiative.

Conversation nécessaire

Ce pourrait être la première manche de la « grande conversation nationale » que la professeure Pagani réclame.

Pour l’instant, le ministre Bernard Drainville ne semble pas ouvert : « Il n’y a pas d’utilisation à outrance du numérique dans le réseau de l’éducation », a-t-il déjà tranché. Un peu plus et il disait : « Lâchez-moi avec les écrans ! » Si les écrans étaient interdits ou peu présents en classe, nos jeunes n’en pâtiraient pas, puisque notre société est devenue accro à ces écrans. 

L’école doit, sur plusieurs plans, être un sanctuaire coupé de la société. Prise de distance essentielle, pour mieux apprendre.

D’ailleurs, aux États-Unis, on ne compte plus les reportages sur ces patrons des géants du numérique qui inscrivent leurs enfants dans des écoles Waldorf ou Montessori, où les écrans n’ont pas ou peu de place.







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