Trois ans de pandémie: les hôpitaux peuvent enfin respirer un peu
Les hospitalisations liées à la COVID-19 sont maintenant rares au Québec
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Après trois ans de pandémie, la COVID-19 n’est enfin plus un enjeu majeur dans les hôpitaux, puisque seuls de rares patients très malades sont hospitalisés pour une infection.
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« Sur le terrain, des patients hospitalisés pour la COVID-19, on n’en voit plus, dit le Dr Germain Poirier, chef des soins intensifs à l’Hôpital Charles-LeMoyne, à Longueuil. On est un centre de référence et on ne se réfère plus de cas entre nous autres. Les cas sévères, on n’en voit plus. »
Après avoir inquiété et mobilisé les employés du réseau de la santé durant plus de deux ans, la COVID-19 n’est finalement plus au cœur des problématiques d’hospitalisation.
Chute radicale
En janvier 2022, plus de 1000 patients par semaine étaient hospitalisés (sur un étage ou aux soins intensifs) en raison de la COVID-19.
Aujourd’hui, la situation est fort différente, alors qu’à peine 200 patients au Québec étaient hospitalisés pour cette infection.
Et il s’agit de patients qui sont souvent très malades (immunosupprimés, greffés du poumon, etc.).
« Ce sont surtout des gens qui rentrent pour autre chose, on les dépiste par hasard », note le Dr Mathieu Simon, chef des soins intensifs à l’Institut universitaire de pneumologie et de cardiologie de Québec.
« On n’en reçoit même pas un par semaine aux soins intensifs, ajoute le Dr François Marquis, chef des soins intensifs à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont. C’est loin d’être le tableau que c’était. »
« Le pire est derrière nous », s’encourage-t-il.
Immunité collective et vaccination efficace : voilà les deux principaux responsables de la chute marquée des cas sévères de COVID-19 au Québec, selon les médecins interrogés par Le Journal.
D’ailleurs, les malades ne sont plus autant qu’avant présumés positifs à cette infection.
Plusieurs virus testés
« Il y a un an, on disait que c’était un cas COVID jusqu’à preuve du contraire. Maintenant, on teste pour sept, huit ou dix virus différents », dit le Dr Marquis.
Selon le ministère de la Santé et des Services sociaux, le dépistage systématique des patients se poursuit pour la COVID-19, et aucun échéancier n’est envisagé pour le retirer. Dès qu’un malade est positif, il est placé en isolement.
Malgré tous ces progrès, les médecins s’entendent pour dire que la COVID-19 n’est pas près de disparaître.
« Est-ce qu’elle va s’affaiblir avec le temps, et qu’on va la traiter comme l’influenza ? C’est fort possible. Ça risque d’être un virus auquel on va devoir s’habituer », pense le Dr Germain.
Encore une alerte mondiale
- L’Organisation mondiale de la santé a réitéré le 30 janvier dernier que la pandémie de COVID-19 est toujours en état d’alerte maximale.
- Même si la vaccination et l’immunité collective limiteront l’impact du virus, il est à peu près certain que la COVID-19 restera dangereuse pour l’humain à long terme.
- L’OMS s’inquiète par ailleurs de la fatigue pandémique, qui mène à une baisse des mesures de protection sanitaire (masque et
distance sociale). - Certains pays, comme la Chine, sont toujours aux prises avec des éclosions majeures.
Source : OMS
Le masque est là pour rester dans les établissements
Le port du masque devrait demeurer obligatoire pour tout le monde dans les hôpitaux, même une fois la pandémie terminée, croient des médecins qui en constatent les bénéfices.
« Ça va être un legs [de la COVID-19], c’est rendu standard, pense le Dr Germain Poirier, chef des soins intensifs à l’hôpital Charles-LeMoyne, à Longueuil. Pour nous, c’est un outil de travail comme porter des gants. Il y a 25 ans, on en portait beaucoup moins. »
Après trois ans de pandémie, peu de mesures sanitaires sont toujours en vigueur au Québec. Or, dans les hôpitaux et les cliniques médicales, tous les employés, patients et visiteurs doivent encore porter un masque en tout temps.
Une nouvelle norme
Avant 2020, seuls les employés qui travaillaient dans les blocs opératoires et auprès des patients gravement malades le portaient.
Selon des médecins, cette norme devrait rester pour de bon puisqu’elle protège les patients de toutes sortes de virus, pas juste de la COVID-19.
« Les masques devront rester, pense le Dr Karl Weiss, microbiologiste-infectiologue à l’Hôpital général juif de Montréal. À l’hôpital, il y a des gens malades à risques. »
« C’est une bonne pratique, et ce n’est pas très contraignant. [...] Il a une efficacité très claire pour réduire la contamination », ajoute Roxane Borgès Da Silva, professeure de gestion à l'École de santé publique de l’Université de Montréal.
Questionné à ce sujet par Le Journal, le ministre de la Santé Christian Dubé était très à l’aise avec cette mesure obligatoire. Par courriel, le ministère de la Santé et des Services sociaux répond que les hôpitaux sont toujours sous pression en raison des virus respiratoires, et qu’il « n’est pas prévu faire de changements en ce sens pour le moment », lit-on.
Or, la Santé publique a refusé de répondre à nos questions sur le plan à moyen et à long terme.
Hâte de l’enlever
Malgré les bienfaits, des employés ont hâte de pouvoir retirer le masque.
« Les gens sont écœurés [...], beaucoup espèrent l’enlever, constate le Dr François Marquis, intensiviste à l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont. Il faudra avoir le débat à savoir si on le garde. »