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Retards d'apprentissage, troubles de comportement: le poids de la pandémie toujours présent dans les écoles

Quebec
Photo d'archives, Stevens LeBlanc La COVID a eu des impacts sur l’apprentissage des jeunes au primaire et au secondaire qui se font encore sentir.

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Le poids de la pandémie est encore très présent au quotidien dans les écoles, où les retards d’apprentissage sont importants et les difficultés de comportements, en hausse.

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Même si la pandémie semble maintenant derrière nous, les contrecoups de la crise sanitaire se feront sentir pendant encore longtemps. 

Les fermetures d’école et l’enseignement en ligne ont nui aux apprentissages alors que les restrictions entourant les activités parascolaires ont porté un coup dur à la motivation scolaire. 

L’écart se creuse

Enseignants et experts sont nombreux à faire le même constat: ce sont d’abord les élèves les plus vulnérables qui ont écopé, ce qui a accentué les inégalités scolaires. 

«L’écart s’est creusé entre les élèves forts et les élèves faibles», affirme Nancy Granger, professeure à l’Université de Sherbrooke.

Différentes données rendues publiques récemment montrent que les résultats des élèves ont connu des baisses généralisées, notamment en lecture en quatrième année du primaire et en écriture à la fin du secondaire.

  • Écoutez Richard Bergevin, président du Syndicat des enseignants de l’Estrie au micro de Benoit Dutrizac via QUB radio :

L’engagement des élèves envers l’école en a aussi pris un coup, ajoute Mme Granger. « Les enseignants rapportent beaucoup que les élèves sont moins motivés et engagés. Les enseignants entendent beaucoup : “Pourquoi je me forcerais ?”, “À quoi ça va me servir ?” »

La pandémie a aussi miné la confiance des élèves envers leurs capacités à réussir, ajoute Frédéric Guay, titulaire de la Chaire de recherche du Canada en motivation, persévérance et réussite scolaires à l’Université Laval.

Selon une enquête réalisée dans des écoles secondaires de la région de Québec, les jeunes se sentent beaucoup moins compétents à ce chapitre.

Les retards d’apprentissages des élèves et leur manque de motivation ont aussi alourdi le quotidien des enseignants, ce qui a contribué à créer un cercle vicieux en raison de la pandémie. 

«La pandémie a accéléré le problème. Les équipes trouvent le travail plus difficile, les gens s’épuisent, et ça nourrit les départs chez les enseignants», explique Mélanie Paré, professeure à la faculté d’éducation de l’Université de Montréal. 

Depuis trois ans, au moins 4000 enseignants ont remis leur démission, rapportait Le Journal récemment.

Difficultés de comportement

La pandémie a aussi exacerbé les problèmes d’anxiété et de santé mentale chez les jeunes, ce qui a des répercussions à l’école, ajoute Mme Paré.

Tant au primaire qu’au secondaire, plusieurs études ont aussi démontré une augmentation des troubles du comportement en classe de la part des élèves, qui sont plus nombreux à faire preuve d’agressivité ou d’opposition.

Des données provenant du réseau scolaire indiquent d’ailleurs que les gestes de violence ont considérablement augmenté dans plusieurs centres de services scolaires, alors que le nombre d’enseignants et d’éducateurs qui ont été indemnisés après avoir été victimes de violence à l’école a aussi augmenté. 

Fracture numérique entre le public et le privé

La pandémie a accéléré le virage numérique dans les écoles qui s’est toutefois essoufflé avec le retour à la normale si bien que les inégalités entre le public et le privé à ce chapitre sont toujours bien réelles, affirme un expert.

Les confinements successifs et les nombreuses fermetures de classe qui ont fait partie du quotidien de milliers d’élèves durant la première année de la pandémie ont forcé les enseignants à se familiariser avec l’enseignement en ligne et les nombreuses ressources éducatives numériques dans un contexte d’urgence, avec les moyens du bord.

Dans ce contexte tout à fait exceptionnel, « l’ensemble des milieux éducatifs ont développé des compétences numériques comme jamais auparavant », souligne Simon Collin, professeur spécialisé dans l’intégration du numérique en éducation à l’UQAM.

«Ce n’était pas forcément un choix, rappelle-t-il. C’était plutôt un impératif, ç’a été une expérience précipitée qui a permis le développement de compétences de manière massive.»

Trois ans plus tard, certaines de ces compétences se sont toutefois perdues avec le retour à la normale, affirme-t-il. 

«Je ne pense pas qu’on puisse dire que les compétences développées pendant la pandémie au niveau du numérique sont transférables automatiquement lors du retour en salle de classe.»

Même si Québec a octroyé 150 millions $ au début de la pandémie pour doter les écoles publiques d’au moins 200 000 tablettes et ordinateurs portables, les appareils numériques en classe doivent souvent être partagés entre des groupes d’élèves, ce qui limite l’utilisation que les enseignants peuvent en faire.

Inégalités qui persistent

L’investissement massif dans les appareils a permis d’accélérer le virage numérique, mais les écoles publiques demeurent encore bien loin derrière les écoles privées. 

«Les inégalités sont aussi persistantes», affirme M. Collin.

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