«On se rapproche d’un niveau inquiétant»: des organismes offrent des paniers à moitié vides par manque de nourriture
De plus en plus de gens frappent à la porte des organismes d’aide alimentaire
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Plusieurs organismes d’aide alimentaire s’inquiètent de remettre des paniers à moitié vides à des familles, qui ne durent que quelques jours plutôt qu’une semaine entière comme avant.
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«Les paniers se sont vidés. Avant, ce qu’on donnait, c’était suffisant pour qu’une personne n’ait pas à aller à l’épicerie de la semaine. Maintenant, ça ne dure qu’une ou deux journées», déplore Agnès Mbome, qui rapporte que les paniers étaient pleins à ras bord il y a un an à peine à l'organisme Racine Croisée.
Pour les organismes, il faut rationner les portions afin de fournir des aliments au plus de gens possible, mais une carence en dons se fait sentir.
«Cette semaine, on avait moins de nourriture qu’à l’habitude, on a vraiment peur d’arriver à un point où on doit refuser des gens parce qu’on manque d’aliments», explique Isabelle Sauvageau, intervenante sociale chez La Maisonnée, un organisme à but non lucratif qui aide plusieurs Montréalais dans le besoin.
Elle rapporte que parfois, les paniers ne peuvent contenir que du pain et quelques légumes.
Alors que les prix des aliments continuent d’augmenter, de nombreuses familles québécoises peinent à joindre les deux bouts et doivent se tourner vers les banques alimentaires.
«La demande augmente, le visage des gens dans le besoin change. On retrouve dorénavant des gens de la classe moyenne et des étudiants», ajoute la directrice de l’organisme Racine Croisée.
Point de rupture
Ce qui fait le plus craindre le personnel tout comme les bénévoles qui travaillent au sein des organismes, c’est d’atteindre la limite de leurs capacités.
«Il s’agit d’une période particulièrement creuse, les organismes ne veulent pas refuser de gens, mais on se rapproche d’un niveau inquiétant», mentionne Éric Bédard, coordonnateur du pôle logistique alimentaire chez Bouffe-Action.
L’été étant une période où les fruits et légumes se trouvent en abondances, l’hiver est une période creuse pour les banques alimentaires, qui reçoivent moins de dons que pendant la période des Fêtes.
Les applications ciblées
Sans dénigrer les applications comme FoodHero ou Flashfood qui permettent aux épiciers de vendre à petit prix leurs produits sur le point d’expirer, leur popularité préoccupe certains organismes qui craignent une baisse des dons provenant d’épiceries.
«On commence à voir qu’elles deviennent de plus en plus populaires, ce n’est pas encore un problème, mais ça pourrait avoir une incidence sur les dons», mentionne Éric Bédard de Bouffe-Action, qui se réjouit tout de même de constater que moins d’aliments se retrouvent à la poubelle.