«Crépuscule pour un tueur»: Éric Bruneau en tueur efficace
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Il s’appelle Donald Lavoie, est toujours en vie et habite quelque part, caché et anonyme.
Il a sévi dans les années 1970, à l’époque où Montréal était un véritable «far west», comme aime le souligner Éric Bruneau en entrevue. Les meurtres et les braquages de banques étaient monnaie courante, il fallait bien sortir de la pauvreté endémique de l’époque. Et c’est ce qu’a fait Donald Lavoie (Éric Bruneau) en se mettant au service de Claude Dubois (Benoît Gouin). Le grand patron du clan qui porte son nom lui demande de tuer, d’abord de «vrais» ennemis, puis ceux qui le dérangent. Et Lavoie s’exécute. Exécute. À coup d’alcool et de «coke».
Peu de choses font de Lavoie un homme normal. Sa blonde, Francine (Rose-Marie Perreault), avec qui il a une enfant, et Carl (Simon Landry-Desy), qui vit à ses crochets, cumulent les «jobines» et les combines louches.
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Et voilà. Un jour, Dubois demande à Lavoie de se débarrasser de quelqu’un que ce dernier ne peut pas et ne veut pas tuer. Alors, il désobéit, braque une banque et tente de s’évanouir dans la nature. Mais là, c’est la police qui est à ses trousses en la personne du sergent-détective Burns (Sylvain Marcel), qui a besoin de lui pour arrêter toute la gang à Dubois. Et Lavoie se retrouve coincé.
L’histoire est en partie vraie. Sous la plume et devant la caméra de Raymond St-Jean, Lavoie n’est pas qu’un tueur à gages capable du pire sans émotion. Éric Bruneau en fait un personnage en quête de racines, d’un père, presque d’amour. Fragile, brisé, abandonné, Lavoie se tourne vers un travail «facile», une manière de faire de l’argent – beaucoup – rapidement.
Éric Bruneau est parfait dans ce rôle qu’on penserait pensé et écrit pour lui. Se moulant sans effort dans la psychologie du tueur, il en épouse les mimétismes, la posture, l’apparente froidure et l’implacable efficacité. Si l’on déplore l’absence de ce «oomph» dans cette production de chez nous, on n’en demeure pas moins rivé à l’écran, incrédule devant cette vie hors du commun et sidéré de l’interprétation d’Éric Bruneau qui prouve, une fois encore, que le presque quadragénaire ne manque assurément pas de talent.
Note: 3,5 sur 5