iPêche: une application pour identifier son poisson
iPêche utilise l’intelligence artificielle pour répertorier 125 espèces du Québec
Coup d'oeil sur cet article
Les pêcheurs auront accès en 2023 à iPêche, une application pour téléphone innovante qui leur permettra presque à coup sûr d’identifier le poisson capturé grâce à l’intelligence artificielle.
• À lire aussi: Pêche blanche au Saguenay: la saison a été fructueuse
• À lire aussi: Leurres de pêche blanche: Vous souvenez-vous de mon nom?
Un groupe au ministère de l’Environnement, de la Faune et des Parcs (MELCCFP) a développé le concept il y a cinq ans.
«On a eu l’idée de développer un outil d’identification des poissons performant utilisant les technologies actuelles», explique le biologiste Yves Paradis, chef de division du fleuve Saint-Laurent, dans une conférence destinée aux employés du gouvernement du Québec disponible sur Youtube.
«L’identification, ça paraît simple, mais c’est une science complexe, à la base de la mission de notre ministère. C’est fondamental pour les pêcheurs pour leur permettre de comprendre la réglementation et l’offre de pêche dans les plans d’eau du Québec. Mais c’est également hyper intéressant pour signaler les espèces dans une situation précaire ou des espèces envahissantes», ajoute M. Paradis.
Développement
Avec l’aide du Centre en imagerie numérique et médias interactifs (CIMMI), le ministère s’est donc «rapidement mis sur la piste de l’intelligence artificielle pour reconnaître les espèces à partir de photos. Quand on a commencé le projet il y a cinq ans c’était (l’IA) beaucoup moins développée», précise le biologiste.
Ce dernier explique que la reconnaissance par photo demande de nombreuses images pour entraîner l’algorithme.
«On a commencé d’abord dans Google images, en faisant des téléchargements massifs de centaines de fichiers à la fois. Chaque image a été pivotée dans différentes directions pour s’assurer que le développement de l’algorithme allait être très robuste à différent contexte de prise de photos.»
«On s’est rapidement rendu compte que c’était extrêmement performant, que ça avait un potentiel très élevé de devenir un outil très crédible en matière d’identification», affirme Yves Paradis.
Ça marche trop bien
L’équipe a donc décidé de passer d’un outil pour la reconnaissance des espèces populaires auprès des pêcheurs, à un plus complet inventoriant l’ensemble de la biodiversité dans les eaux douces du Québec.
«Ça impliquait d’aller chercher des photos d’espèces beaucoup moins photographiées. Après plusieurs années de travail, on a réussi à avoir un algorithme de 125 espèces construit sur environ 38 000 photos», révèle M. Paradis.
L’algorithme a été testé sur un jeu de 4000 photos non comprises dans les 38 000 de sa base de données.
L’algorithme donne toujours trois choix pour chaque photo que l’utilisateur tente d’identifier. Dans 95% des cas le programme trouvait la bonne espèce dès son premier choix. Le taux de succès monte à 99% avec les trois suggestions.
Ultime étape
Convaincu par l’efficacité de l’algorithme il a été décidé de passer d’un projet de recherche à une application grand public. C’est là que iPêche a vu le jour.
Que les explorateurs du bout du monde se rassurent, l’application est autoportante. En la téléchargeant -elle fait une centaine de megs- elle fonctionne hors ligne, sans nécessiter d’envoyer les photos prises par le pêcheur sur un serveur.
Et la grande quantité d’images dans sa base de données font en sorte que même si votre photo contient du «bruit», comme des mains qui tiennent le poisson, l’algorithme est capable de passer outre.
De plus, l’identification se fait de manière rapide. «Le nerf de la guerre dans une telle application c’est la vitesse de calcul. On a eu des résultats crédibles sous la barre des 10-12 secondes pour une première identification. Ensuite, c’est sous la barre d’une seconde», révèle Yves Paradis.
Solution complète
Si l’identification de l’espèce est l’aspect le plus innovant de l’application, elle va encore plus loin. Elle contient aussi d’autres informations comme la description de l’espèce, sa répartition, son intérêt pour la pêche sportive et la règlementation notamment.
Enfin, elle permet la création d’un carnet du pêcheur, la comptabilisation des prises et le signalement des captures au ministère de façon volontaire pour actualiser les banques de données.
De cette façon, les initiateurs espèrent aussi en arriver à la détection précoce des espèces envahissantes qui se trouvent aux portes du Québec pour lesquelles le ministère -et les pêcheurs -souhaitent une surveillance accrue.
Yves Paradis n’hésite pas à dire qu’il «n’y a pas beaucoup d’applications grand public distribuées par le gouvernement du Québec. Il a fallu battre les sentiers.»
Bientôt disponible
L’application, qui sera gratuite, est actuellement en phase d’homologation auprès des plateformes de distribution AppStore et Google Play.
Daniel Labonté, relationniste au MELCCFP, espère qu’iPêche sera disponible pour la prochaine saison, soulignant cependant «qu’il impondérables propres au développement d’une telle application.»
«Le ministère vise la première année de rejoindre 5% des pêcheurs, ce qui signifierait 38 000 téléchargements. C’est un objectif ambitieux, mais on croit que si le produit est au point et qu’il répond au besoin de la clientèle, c’est atteignable», croit M. Paradis.
Questionné, le MELCCFP a indiqué qu’il n’y a actuellement aucun projet de créer une telle application pour la faune terrestre, aviaire ou la flore du Québec.
iPêche
- Application gratuite fonctionnant hors ligne
- Répertorie les 125 espèces d’eau douce du Québec
- Le pêcheur prend une photo de son poisson et la fait analyser par iPêche
- iPêche fait 3 suggestions
- La première est juste à 95 %
- L’efficacité est de 99 % avec 3 suggestions
- Base de données de 38 000 photos
- Sera lancée en 2023
- Va contribuer à la détection précoce des espèces envahissantes