Le Moyen-Orient en ébullition
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Si vous rêvez d’un monde bien policé où les États-Unis font la loi, vous allez devoir vous rabattre sur les livres d’histoire. Partout, d’autres puissances jouent des coudes et au Moyen-Orient, en particulier, tout un jeu d’alliances se réaligne sous nos yeux.
La Russie est embourbée dans l’est de l’Ukraine. Une année de sanctions occidentales n’a pourtant pas entamé l’intensité de ses attaques contre les villes ukrainiennes, comme nous avons encore pu le voir jeudi.
Parallèlement, l’économie russe demeure en relative bonne santé, au grand dam de ceux qui espéraient que les misères quotidiennes allaient inciter la population à se révolter contre le régime de Vladimir Poutine.
En Chine, Xi Jinping a obtenu hier un troisième mandat comme président du pays, une première depuis Mao Zedong. L’affaire avait déjà été conclue l’automne dernier au 20e Congrès, lorsqu’il avait été reconduit à la tête du parti communiste chinois.
Au cours de la semaine, Xi a intensifié ses critiques à l’égard des États-Unis et de ce qu’il appelle leur politique de « confinement, d’encerclement et de suppression généralisés » de la Chine. Il compte, de toute évidence, ne pas en rester là.
QUAND LA HAUTE DIPLOMATIE NE PASSE PLUS PAR WASHINGTON
Moscou est empêtré dans une guerre et Pékin sort clopin-clopant d’une gestion effarante de la pandémie. Les deux géants militaires réussissent néanmoins à s’agiter dans leur coin du monde, voire à rebrasser les cartes dans des régions où Washington a longtemps fait la pluie et le beau temps.
Le grand coup, c’est ce rapprochement, confirmé hier, entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Les deux puissances musulmanes sont des rivales acharnées, une sunnite, l’autre chiite, et il y a déjà sept ans qu’elles n’entretenaient plus de relations diplomatiques.
Des discussions ont eu lieu en Irak et à Oman, mais ce sont les Chinois qui sont parvenus à les convaincre de rouvrir leurs ambassades et de réactiver un accord de coopération en matière de sécurité. La Chine, déjà, jouait sur ces deux tableaux : elle est le plus gros acheteur de pétrole saoudien, alors qu’elle est accusée par les États-Unis de fournir des pièces pour le programme iranien de drones, drones qu’utilise ensuite la Russie dans sa guerre en Ukraine.
AMIS D’UN CÔTÉ, ENNEMIS DE L’AUTRE
Tout un chamboulement est en train de s’opérer au Moyen-Orient. Et impossible de prendre les choses à la légère, parce que l’immense majorité de la planète s’y approvisionne en pétrole. Puis, il y a Israël qui a le tour de nous tenir sur les dents.
La complicité entre Moscou et Téhéran inquiète Tel-Aviv, qui n’a pas pire ennemi dans la région que la République islamique. Les Israéliens aimeraient bien officialiser leurs relations non avouées avec les Saoudiens, mais ces derniers posent notamment comme condition pour un tel rapprochement, un coup de main avec le développement de leur programme nucléaire civil.
Les États-Unis haïssent parler d’énergie nucléaire, même à usage civil, dans la région, mais sont aussi agacés qu’Israël et l’Arabie saoudite continuent de soigner leurs relations avec la Russie, malgré la guerre qu’elle mène en Ukraine.
Le grand parapluie américain sur le Moyen-Orient ne suffit plus. C’est désormais chacun pour soi là-bas.
Arabie saoudite et Iran
PUISSANCES RÉGIONALES, FRÈRES ENNEMIS
ARABIE SAOUDITE
- 2 149 690 km2
- 36 millions d’habitants
- Monarchie absolue islamique : roi Salmane Abdul Aziz
- PIB par habitant : 22 700 $
Puissance militaire
- 480 000 soldats actifs
- 889 avions de combat
- 1 062 chars
- 55 navires de guerre
IRAN
- 1 648 195 km2
- 88 millions d’habitants
- République islamique : leader suprême Ali Khamenei
- PIB par capita : 22 700 $
Puissance militaire
- 525 000 soldats actifs
- 516 avions de combat
- 3 709 chars
- 398 navires de guerre