Pif-Luisant: l’hommage de Gabriel Sabourin à Edmond Rostand
Coup d'oeil sur cet article
Fasciné par Savinien de Cyrano de Bergerac qui l’a rendu célèbre, l’écrivain français Edmond Rostand inspire à son tour Gabriel Sabourin plus d’un siècle plus tard.
Dans la pièce intitulée Pif-Luisant, présentée au Théâtre du Rideau Vert, le dramaturge et comédien québécois rend hommage à cet auteur glorifié à 29 ans pour son chef-d’œuvre joué pour la première fois en 1897.
« Il a touché au génie avec Cyrano de Bergerac, soutient Gabriel Sabourin en entrevue téléphonique. J’ai de l’admiration pour ses vers. Ses alexandrins étaient différents de ceux de Molière et Corneille. Rostand avait une approche plus moderne. J’ai eu un coup de foudre pour son œuvre que j’ai lue comme étudiant à l’École nationale de Théâtre. »
Une histoire de nez
Le titre de la pièce fait référence au surnom donné à Rostand lorsqu’il était jeune, car il avait une petite bosse sur le nez. Le Québécois travaille depuis une douzaine d’années sur ce spectacle qui met en scène un Rostand en train de plancher sur Cyrano. Il a imaginé le Français se retrouvant dans un triangle amoureux en écrivant des lettres pleines de tendresse pour un jardinier épris d’une domestique.
« C’est comme si Rostand vivait les événements qui l’ont inspiré, dit-il. Écrire des lettres secrètes pour d’autres, cela lui est vraiment arrivé. C’était formidable d’avoir utilisé cela pour donner vie à l’histoire de Cyrano. »
Gabriel Sabourin souligne que les vers d’amours de Cyrano de Bergerac sont si beaux que Rostand a sûrement dû les écrire pour une personne qui avait conquis son cœur. Il explique que ce chef-d’œuvre constitue en quelque sorte l’ADN de ce spectacle.
« L’idée était de glisser dans les grands moments de Cyrano et de m’en servir pour construire ma pièce », mentionne-t-il.
C’est Olivier Morin qui incarne cet auteur romantique, tandis que Stéphane Brulotte, un ami de longue date, dirige cette comédie. Gabriel Sabourin fait aussi partie de la distribution.
« J’interprète le major d’homme qui est un grand jaloux, fait-il remarquer. Jouer dans sa propre pièce, c’est particulier, mais je m’entends à merveille avec Stéphane. »
Élaborer ce projet a été un exercice de longue haleine, notamment parce qu’il a conçu des vers pour le personnage de Rostand.
« C’est un bon flash, mais cela a été beaucoup de travail. »
Celui qui avait imaginé en 2014 un autre grand du théâtre français, Georges Feydeau, dans la pièce Le prince des jouisseurs, a souvent pondu ses textes après avoir joué devant une foule. « Après les représentations, j’allais écrire deux heures le soir, parce que j’étais chargé de cette adrénaline issue du contact avec les spectateurs. »
Gabriel Sabourin convie donc le public à une ode au théâtre et à la création avec sa nouvelle proposition.
♦ Pif-Luisant est présentée au Théâtre du Rideau Vert du 14 mars au 15 avril.