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Jacques Villeneuve défend la «vraie» Triple couronne et rêve d’une victoire aux 24 Heures du Mans

Jacques Villeneuve défend la «vraie» Triple couronne et rêve d’une victoire aux 24 Heures du Mans
PHOTO FOURNIE PAR JACQUES VILLENEUVE

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SEBRING | À moins d’un mois de ses 52 ans, Jacques Villeneuve carbure toujours à la course automobile et veut devenir le premier pilote en plus d’un demi-siècle à remporter ce qu’il est convenu d’appeler la Triple couronne. 

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Le vétéran pilote québécois se prépare à participer au Championnat du monde d’endurance (WEC), dont le coup d’envoi sera donné vendredi au circuit de Sebring, en Floride. 

C’est à cet endroit, entre deux séances d’essais, qu’il a accepté de répondre à nos questions il y a quelques jours et de nous faire part clairement ses ambitions.

« Mon métier, c’est d’abord et avant tout d’être un pilote de course. Je ne suis pas un semi-retraité comme certains le prétendent. La preuve, c’est que je roule cette année à temps plein dans une série internationale d’importance », explique-t-il d’entrée de jeu. 

« Je ne pense pas accrocher mon casque de sitôt, poursuit-il. La santé est excellente, alors ce n’est pas un problème. Ma passion est intacte et je ne suis pas ici pour m’amuser. Courir, c’est ce que je fais de mieux. »

Un rare exploit

Villeneuve ne s’en cache pas, il rêve d’une victoire aux 24 Heures du Mans, ce qu’il manque à son brillant palmarès. En 2008, il est venu bien près de monter sur la plus haute marche du podium quand il s’est classé au deuxième rang. Il aura une troisième chance en juin prochain d’atteindre cet objectif ultime, bien qu’il soit le premier à reconnaître que la tâche s’annonce particulièrement ardue.

Il a été recruté par l’une des équipes [Vanwall] les moins nanties du plateau et dont la préparation a fait défaut pendant l’intersaison. 

Jacques Villeneuve défend la «vraie» Triple couronne et rêve d’une victoire aux 24 Heures du Mans
Photo Louis Butcher

Ce qui nous incite à parler de la Triple couronne en course automobile et de ses deux interprétations. Pour certains, la définition la plus répandue est de remporter les trois épreuves les plus prestigieuses sur la planète : le Grand Prix de Monaco de Formule 1, les 500 miles d’Indianapolis et les 24 Heures du Mans.

Or, pour Villeneuve, la « vraie » Triple couronne, c’est une victoire au Indy 500 (acquise en 1995), une autre aux 24 Heures du Mans, et un titre de champion du monde de Formule 1 (obtenu en 1997). 

Graham Hill est le seul pilote à avoir accompli cet exploit. Dans son cas, il n’y a pas de débat, car sa fiche montre des championnats du monde de F1 (1962 et 1968) et des victoires à Monaco (1963, 1964, 1965, 1968 et 1969). 

Le titre en F1 avant la victoire à Monaco

Vainqueur des 500 miles d’Indianapolis en 1965, le père de Damon Hill a ajouté une victoire au Mans en 1972 pour boucler la boucle. Depuis plus de 50 ans, d’autres pilotes tentent de suivre ses traces, dont Fernando Alonso, mais en vain.

« Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Hill lui-même qui, à l’époque, a fait référence au titre de champion de F1 et non au Grand Prix de Monaco », souligne Villeneuve, dont le meilleur résultat en 10 départs dans les rues de Monte-Carlo a été une quatrième place en 2001.

« C’est Hill qui a inventé la Triple couronne, la... vraie dans le sport automobile, renchérit Villeneuve. Le championnat en F1 a effectivement plus de valeur qu’une victoire au GP de Monaco. En contrepartie, les 24 Heures du Mans ont plus d’importance que le Championnat du monde d’endurance. C’est aussi vrai pour la course des 500 miles d’Indianapolis qui est plus prestigieuse qu’un titre en Série IndyCar 

« Je veux être le deuxième pilote dans l’histoire à accomplir cet exploit, raconte-t-il. Ce serait un bel accomplissement, mais bon, au risque de me répéter, ça va être compliqué cette année. 

« Nous formons une petite équipe et nous devons affronter de grosses pointures soutenues par de grands constructeurs automobiles, dont Toyota, Peugeot, Ferrari et Porsche. Mais je suis patient et j’ai encore de bonnes années devant moi. »

Les confidences de Jacques Villeneuve : ce qu’il pense de...

Jacques Villeneuve défend la «vraie» Triple couronne et rêve d’une victoire aux 24 Heures du Mans
Martin Chevalier / JdeM

Fernando Alonso ?

«Autant c’est une grosse prise pour l’écurie Aston Martin, autant l’équipe Alpine va souffrir de sa perte. On savait que Fernando allait être dans le coup au premier Grand Prix de Formule 1 de la saison 2023 il y a deux semaines à Bahreïn. Or, il a été vraiment impressionnant dans ses dépassements [à l’endroit de Lewis Hamilton et de Carlos Sainz, principalement]. À 41 ans, l’âge a certes de l’importance. Si tu arrives à un moment où tu n’as plus ce désir et cette volonté [comme Sebastian Vettel l’an dernier] de prendre des risques, aussi bien quitter. Alonso a démontré qu’il a aussi faim qu’il y a 20 ans. Et l’expérience n’a fait que l’aider à terminer au troisième rang.»

Lance Stroll?

«C’est très satisfaisant comme début de saison. À Bahreïn, il a concédé 1,1 s à son coéquipier Alonso, sans avoir participé aux essais hivernaux en raison de blessures. Il fait du bon travail... contre toute attente.»

Pour rappel, Villeneuve n’a jamais été tendre envers son jeune compatriote, n’hésitant jamais à décrier son pilotage erratique et ses nombreuses erreurs en piste. Mais au premier GP de la saison 2023, le pilote montréalais s’est bien comporté en ralliant l’arrivée au sixième rang. Non sans surprise.

La venue d’un sixième enfant?

«Avec mon horaire chargé, la gestion de mon temps est de plus en plus compliquée. Je vais être papa pour la sixième fois [il a cinq garçons] au début de juin et j’en suis fier. Comme je suis engagé à temps plein au Championnat du monde d’endurance, j’ai réduit à une dizaine le nombre de Grands Prix dans mon rôle d’analyste pour la télévision française.»

Sa troisième épouse, Guilia Marra (qui a donné naissance à Gilles en janvier 2022), suit Jacques dans tous ses déplacements. «Elle est d’une aide précieuse», dit le pilote, qui célébrera ses 52 ans le 9 avril prochain.

L’éclosion d’une autre génération de Villeneuve?

«Henri, le quatrième plus jeune, est le seul de mes enfants à vraiment s’intéresser à la course automobile. Il a commencé à faire du karting. Je lui ai demandé de dessiner son casque, ce qu’il a fait. Ce casque est différent du mien et c’est tant mieux. Il joue aussi au hockey. Il est encore trop tôt pour savoir s’il suivra les traces de son père. Les deux plus vieux, Jules [âgé de 16 ans] et Joakim [14 ans], ont comme principale activité, à part les études évidemment, le ski et le tennis de table respectivement. Tous mes fils sont sportifs et ils s’occupent quand je suis absent.»

Une course d’endurance à Montréal?

«Ce serait formidable. Je sais qu’il y a eu des discussions il y a quelques années. Ça me permettrait de rouler à nouveau sur un circuit [qui porte le nom de son père Gilles] que j’adore et qui serait parfait pour une course d’endurance. Des rumeurs laissent croire qu’on ne retournait pas à Sebring [Floride] l’an prochain. Or, le Championnat du monde d’endurance doit comporter une course en Amérique du Nord. On a la possibilité d’organiser une deuxième course par année à Montréal. Il faut exploiter davantage ce bel endroit. Je sais que la venue d’une épreuve de la Coupe NASCAR est envisagée dès l’an prochain. Peu importe, ça prend un autre événement d’envergure à part celui du Grand Prix du Canada de Formule 1.»

Championnat du monde d’endurance: des équipes bien nanties et des pilotes expérimentés

Le Championnat du monde d’endurance (WEC), à sa 11e saison d’existence, attire de plus en plus de constructeurs automobiles de renom qui profitent de cette vitrine pour exploiter de nouvelles technologies, dont on espère qu’elles seront éventuellement exploitées dans les voitures de série. 

Mais contrairement à la plupart des équipes engagées, l’écurie Vanwall, qui a recruté Jacques Villeneuve à temps plein pour la saison 2023, n’est pas associée à l’un de ces grands fabricants de voitures.

« Nous sommes une petite équipe [basée en Autriche], explique-t-il. Ce n’est pas facile de se battre contre des organisations aux moyens financiers beaucoup moins limités que les nôtres. »

Comme dans le film

Ces équipes bien nanties ont pour nom Toyota, Peugeot, Porsche et Ferrari, qui effectue cette année son grand retour en endurance. 

Ceux qui ont visionné l’excellent film Ford v Ferrari sorti en 2019 peuvent témoigner de cette grande rivalité qui subsiste en endurance et surtout dans l’épreuve mythique des 24 Heures du Mans.

Cette année, Porsche est la mieux représentée avec trois écuries à temps plein, l’une d’elles (deux voitures) étant associée au réputé Roger Penske. La plupart des autres organisations comptent deux bolides au championnat. À ce groupe, il faut ajouter Cadillac, Glickenhaus et Vanwall, qui n’ont inscrit qu’une seule voiture.

Ces deux dernières structures sont les seules, parmi les 11 engagées en Hypercar, à être considérées comme « indépendantes ». Elles ne bénéficient pas de la contribution d’un grand constructeur et elles sont d’ailleurs les seules du plateau à ne pas utiliser la motorisation hybride.

Si Villeneuve est l’unique pilote à avoir été sacré vainqueur au Championnat du monde de F1, d’autres ont aussi couru dans la catégorie reine du sport automobile, dont Antonio Giovinazzi (recruté par Ferrari), Sebastien Buemi (Toyota), Paul di Resta (Peugeot), Jean-Éric Vergne (Peugeot) et Kamui Kobayashi (Toyota).

Le Japonais est non seulement l’un des pilotes de l’écurie nipponne, mais il en est aussi le directeur.

Calendrier WEC 2023 

  • 17 mars ➞ Sebring (États-Unis) ➞ 8 heures
  • 16 avril ➞ Portimao (Portugal) ➞ 6 heures
  • 29 avril ➞ Spa-Francorchamps (Belgique) ➞ 6 heures
  • 10 et 11 juin ➞ Le Mans (France) ➞ 24 heures
  • 9 juillet ➞ Monza (Italie) ➞ 6 heures
  • 10 septembre ➞ Fuji (Japon) ➞ 6 heures
  • 4 novembre ➞ Bahreïn ➞ 8 heures

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