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Paris sous les déchets

Paris sous les déchets
AFP

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Je n’ai pas l’habitude d’écrire à propos de mon séjour en France, mais ce qui se passe à Paris est susceptible d’intéresser même ceux qui se contentent normalement d’y jeter un regard distrait.

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La France est engagée depuis quelques semaines dans un grand débat portant sur le report de l’âge de la retraite de 62 à 64 ans. Ce débat tourne mal pour le gouvernement : plus de deux Français sur trois s’opposent à la réforme. Les grèves se multiplient, les transports sont paralysés.

Au moment d’écrire ces lignes, on se demande même si le gouvernement, qui est minoritaire, comme on dirait chez nous, trouvera assez d’appuis à l’Assemblée nationale pour imposer néanmoins sa réforme.

Pour un Québécois, tout cela peut sembler loufoque.

Grèves

Mais ce n’est rien comparativement aux moyens de pression qu’ont décidé d’entreprendre les éboueurs de Paris et quelques autres villes pour bloquer la réforme : ils ont décidé de ne plus ramasser les déchets.

En quelques jours, Paris s’est transformée en un immense dépotoir, absolument dégueulasse, où les rats s’invitent de plus en plus dans le quotidien des habitants. Cette transformation de la plus belle ville du monde en décharge publique malodorante a de quoi rendre perplexe.

On l’est encore plus quand on comprend que la maire de Paris, Anne Hidalgo, a décidé de soutenir cette grève et de ne rien faire de sérieux pour nettoyer sa ville. Autrement dit, la maire de Paris s’est retournée contre ses administrés.

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L’écosocialisme municipal avait déjà abîmé Paris. Aujourd’hui, les idéologies de gauche les plus radicales transforment les métropoles en laboratoires pour appliquer leur programme et vont jusqu’au bout du désastre.

On pourrait croire, dans ce délire, que les citoyens, en colère, en appellent au moins à la limitation et à l’encadrement du droit de grève au nom du respect des services essentiels, comme ailleurs en Occident.

Mais ce n’est pas le cas.

Le droit de grève, en France, est souvent sacralisé, comme s’il surplombait tous les autres, comme s’il dominait tous les autres, et pouvait les abolir. Le commun des mortels, même à droite, traite la grève comme un Québécois traite la tempête de neige : comme un phénomène naturel contre lequel il ne peut rien, et auquel il doit simplement s’adapter.

Syndicats

Le droit de se déplacer, d’aller travailler, d’avoir un environnement urbain où ne s’accumulent pas les immondices est ainsi tourné en dérision par des syndicalistes militants qui se donnent le droit de prendre la société en otage.

C’est un héritage historique qui remonte à la Révolution et à sa moins belle part : des minorités radicales prétendant parler au nom du peuple se donnent le droit de provoquer des crises sociales au nom de ce qu’ils croient être le progrès ou le bien de l’humanité. La radicalité politique enivre ceux qui goûtent ses charmes.

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