Première du spectacle de Jean-Sébastien Girard: le petit Jeannot dans la cour des grands
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Jean-Sébastien Girard aurait pu renoncer à la scène comme il a renoncé à la course à pied, mais heureusement il ne l’a pas fait.
Son premier spectacle solo, «Un garçon pas comme les autres», qu’il a présenté mercredi soir, devant ses pairs à l’Olympia – qui revêtait pour l’occasion ses allures de cabaret – a été bon, même au-delà des attentes.
Rodé pendant un bon moment avant le grand soir, ce premier spectacle solo saura ravir autant les «fans» de «La soirée est (encore) jeune» que les nouveaux adeptes, qui y trouveront assurément leur compte.
Seul sur la scène – qui paraissait à certains moments très grande –, l’humoriste, faisant preuve d’une grande autodérision, s’accompagne à l’occasion de photos de sa jeunesse et de quelques extraits d’émissions des années 1980 – qui valent le détour dans ce contexte –, comme «Poivre et Sel» – «une émission qui fait paraître “KM/H” pour une émission “woke”» et bienveillante. Ce segment a d’ailleurs été assez payant mercredi soir, déclenchant un raz-de-marée de rires. L’exaltation de la salle était également palpable en ouverture.
Au cours des 90 minutes de spectacle, Jeannot (Jean-Sébastien Girard) se livre à cœur ouvert avec son bagou habituel, ses lignes grinçantes et sa répartie assassine au travers d’histoires de sa jeunesse et de celles de sa mère, Monique-Andrée Michaud – avec qui il partage aujourd’hui un mur mitoyen –, qu’il égratigne de bonne guerre. Il raconte ces histoires avec lesquelles il a habitué les auditeurs de «La soirée est (encore) jeune», ces 10 dernières années – il revient notamment sur l’humiliation de ses permanentes, photos à l’appui, mais malheureusement pas sur celle de l’agenda avec le petit cadenas –, et qui rendent le personnage attachant.
Il parle du petit garçon qu’il était à 10 ans, ayant grandi dans le quartier Rosemont, à Montréal, avec l’impression d’être inadéquat et d’avoir été trouvé sur Wish. Amateur de comédies musicales et de petits gâteaux Vachon, il a finalement trouvé son refuge dans les téléromans de l’époque («Terre humaine», «L’amour avec un grand A») et dans le culte qu’il voue au «showbiz» québécois.
À mi-chemin entre Mike Ward et Michel Louvain, «parce que, comme lui toutes les femmes veulent l’épouser, mais ne révélera son secret qu’à sa mort», Jean-Sébastien Girard retrace, au fil de son spectacle, son parcours artistique en rappelant ses premières créations théâtrales où, à 9 ans, il se plaît à rejouer en talons hauts, chaque Saint-Valentin, les échecs amoureux de sa mère, dans la pièce «Hélène, femme bafouée», une journaliste culturelle au lundi, divorcée de son marie pompier parce que cocue.
L’humoriste dans la quarantaine qui s’égrène n’est pas non plus passé à côté de ses études en théâtre, à l’UQAM, qui lui ont permis de décrocher un rôle de figurant-vomisseur-de-yogourt-aux-pêches dans un film de Michel Brault, ou encore, de sa première apparition télévisuelle à «SOS Télé», où il s’est retrouvé à 14 ans nu sur sa table de cuisine, à heure de grande écoute, pour recevoir un traitement d’acuponcture afin de soigner son anxiété nocturne.
Essayant de se faire remarquer pour ne plus se faire niaiser, le petit Jeannot a réussi son parti mercredi soir, prouvant qu’il a sa place dans le showbiz québécois et qu’il y a un public pour l’entendre chanter fièrement «Star d’un soir».
Placé en retrait, le traditionnel tabouret a quant à lui fait office de décoration. Un bouquet de roses et le tiers des cendres de son père y ont été déposées.
Jean-Sébastien Girard poursuit sa tournée à travers la province jusqu’en décembre. Il sera à Québec à la salle Albert-Rousseau le 27 mars et reviendra à l’Olympia les 19, 20 et 21 avril.
- Pour toutes les dates: jeansebastiengirard.com