Attaque au camion-bélier: Amqui doit «panser ses blessures»
Le temps sera le meilleur allié pour les résidents de la vallée de la Matapédia
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AMQUI | L'horreur et la consternation cèdent lentement la place à l’espoir dans la communauté d’Amqui, quelques jours après l’onde de choc provoquée par l’attaque au camion-bélier.
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Une messe a été tenue en hommage aux deux disparus et aux neuf blessés, dont certains luttent encore pour leur vie, vendredi soir. C’est l’archevêque de Rimouski, Mgr Denis Grondin, qui a présidé la cérémonie axée sur l’espoir et la solidarité.
Plus de 600 personnes venues d’un peu partout dans la région se sont massées dans l’église Saint-Benoit-Joseph-Labre. La section du haut, le jubé, était également pleine à craquer.
Du lot, plusieurs membres des familles touchées par la tragédie ainsi que des élus fédéraux, provinciaux et municipaux ont pris place parmi les premières rangées.
Au cours de sa prise de parole, Mgr Grondin a d’ailleurs souligné l’appui de « tout le Québec » aux résidents d’Amqui. «
Nous sommes tous rassemblés, peu importe les générations, pour dire que la mort n’aura pas le dernier mot », a-t-il fait valoir.
La mairesse d’Amqui, Sylvie Blanchette, a profité de l’occasion pour adresser un vibrant hommage aux deux hommes qui ont perdu la vie, Gérald Charest et Jean Lafrenière.
« Les résidents d’Amqui, ce sont des personnes dynamiques, joyeuses et toujours prêtes à aider les autres. Ces qualités représentent parfaitement Gérald et Jean, qui nous ont quittés lundi dernier. »
Se serrer les coudes
L’administration municipale a aussi offert une dernière occasion de se rassembler aux citoyens en formant une grande chaîne humaine dans un parc local, immédiatement après la messe. Nombre d’entre eux se sont pris par les mains pour communier avec toutes les personnes personnellement touchées par la tragédie.
« On doit se soutenir dans cette épreuve-là. Je pense que [cet évènement] est un pas important pour guérir les blessures tous ensemble », a indiqué une résidente rencontrée en cours de journée.
D’autres, comme Marc, un résident de Lac-au-Saumon, préfèrent investir du temps pour « oublier » ce qui s’est passé sur le boulevard Saint-Benoît. « Je comprends qu’il y en a qui ont besoin de parler de ce qui s’est passé pour sortir le méchant, mais moi je veux plus y penser », précise-t-il.
D’après la mairesse Blanchette, il était primordial d’organiser une cérémonie civile, pour donner l’occasion à tous ceux qui ressentent le besoin de « faire sortir le trop-plein d’émotions une dernière fois avant de retrouver la routine ».
L’après
Sylvie Blanchette a pris quelques secondes pour se remettre les idées en place quand est venu le moment de discuter de la suite des choses pour la ville de 6200 âmes.
« L’après va être long, surtout pour ceux qui sont touchés dans leur famille, admet-elle. Mais c’est le temps qui va pouvoir arranger les choses. Je pense qu’en fin de semaine, les gens vont prendre le temps de se réunir en famille et vont constater la chance qu’ils ont d’être ensemble. »
La mairesse rappelle toutefois que les ressources d’aide du CISSS du Bas-Saint-Laurent seront là pour « accueillir et épauler toutes les personnes » qui ressentent le besoin de parler des évènements.
Hommage
Même si elle considère qu’il est « beaucoup trop tôt » pour y réfléchir sérieusement, Mme Blanchette n’écarte pas la possibilité qu’un monument ou une plaque soit installé pour honorer les personnes dont la vie a été fauchée en plein centre-ville.
« Pour l’instant, on est toujours en gestion de crise, confie-t-elle. Quand la poussière sera retombée, la Ville va se concerter pour déterminer ce qu’on fera par la suite. »
LE TEMPS DE GUÉRIR
« Ce qu’on a voulu livrer, c’est un message qui va bien au-delà des croyances religieuses. C’est une question de dignité humaine, de venir en aide à tous ceux qui en ont besoin. »
— Kindé Cosme Arouko, prêtre d’Amqui
« L’après va être long, surtout pour ceux qui sont touchés dans leur famille. Mais c’est le temps qui va pouvoir arranger les choses. »
— Sylvie Blanchette, mairesse d’Amqui
« On va vivre avec ça pendant un bout, surtout quand on connaît personnellement les victimes. Un jour, on va passer par-dessus cette épreuve difficile. »
— Daniel Valcourt, ami des victimes Jean Lafrenière et Pauline Desmarais