Ingérence étrangère: Trudeau défend le maire de Vancouver, cible de soupçons
Coup d'oeil sur cet article
Justin Trudeau s’est porté à la défense du maire de Vancouver, qui aurait bénéficié d’un coup de pouce de la consule chinoise locale aux dernières élections municipales, selon les informations du Globe & Mail trop «incomplètes et incertaines» au goût du premier ministre.
• À lire aussi: Des soupçons de plus en plus grands contre un sénateur pro-Pékin qui s'oppose au registre des agents étrangers
• À lire aussi: Chute de popularité pour Trudeau, mais Poilievre tire toujours de l’arrière
Le quotidien rapporte avoir consulté un rapport des services de renseignement détaillant les efforts de la consule Tong Xiaoling «pour inciter tous les électeurs éligibles à se rendre aux urnes et à élire un candidat sino-canadien» et pro-Pékin en octobre 2022, contre le maire sortant, Kennedy Stewart. Les prises de position pro-Taiwan de ce dernier n’auraient, entre autres, pas plu au régime chinois.
«Salir la réputation du maire de Vancouver, salir l’intégrité de nos institutions, c’est un chemin très dangereux à prendre à une époque où les démocraties sont assez précaires autour du monde», a déclaré M. Trudeau en marge d’un point de presse à Guelph, en Ontario, vendredi.
Selon M. Trudeau, les révélations «non vérifiées» et «avec des sources incertaines» du «Globe & Mail» et d’autres médias sur l’ingérence chinoise pourraient avoir un impact «possiblement plus grand» sur notre démocratie «que la déstabilisation ou l’influence directe de la Chine».
«On ne peut pas sauter trop rapidement aux conclusions parce qu’il y aurait des allégations qui seraient venues de quelque part qui diraient que peut-être ci ou peut-être ça», a lancé le premier ministre, piqué au vif.
Mis dans l’embarras après le reportage du Globe & Mail, le nouveau maire de Vancouver, Ken Sim, un homme d’affaires sino-canadien, a été estomaqué par les allégations à son endroit et a insinué qu’il s’agissait d’un complot raciste à son égard.
«Si j’étais un homme blanc, nous n’aurions pas cette conversation, a déclaré M. Sim aux journalistes jeudi. C'est le signal que nous envoyons à la communauté, qui dit que vous avez enfin une place à la table, mais qu'il y a des institutions qui s’en prendront à vous. Je pense que c'est dégoûtant.»
Défait par 37 000 voix aux municipales, l’ancien maire Kennedy Stewart a déclaré au quotidien qu’il aimerait voir une éventuelle enquête publique sur les élections fédérales, qui s’attarderait aussi aux élections provinciales et municipales.
À la défense de Johnston
Talonné par les conservateurs et le Bloc québécois sur la nomination d’un «ami de la famille» au poste de rapporteur spécial sur l’ingérence étrangère, Justin Trudeau a dénoncé avec véhémence la «toxicité» et la «partisanerie» abusive qui alimentent la «polarisation» de la politique fédérale.
L’ancien gouverneur général David Johnston «est un homme qui a servi ce pays de façon extraordinaire toute sa vie», a déclaré le premier ministre vendredi matin, de passage à Guelph, en Ontario. «L’intégrité de cet homme est sans aucun doute», a-t-il ajouté.
«J’espère sincèrement que la nomination de monsieur Johnston pourra faire baisser la température sur cet enjeu [...]», a prononcé M. Trudeau, piqué au vif par les «attaques partisanes horribles» des conservateurs.
En point de presse à Vancouver vendredi, le chef de l'opposition officielle du Canada Pierre Poilievre a rétorqué que le premier ministre mettait lui-même «ses propres intérêts partisans au-dessus de notre intérêt national».
«Il essaie de camoufler son implication et sa connaissance de l’ingérence de Pékin. Il doit maintenant ouvrir les portes à la vérité avec une grande enquête publique et indépendante», a soumis le chef conservateur.
Les conservateurs vont forcer un vote en Chambre la semaine prochaine pour demander à la cheffe de cabinet de M. Trudeau, Katie Thelford, de témoigner au comité de la procédure, où les libéraux font de l’obstruction depuis plus d’une semaine.