Non, Jean Pascal n’a pas été volé par les juges
L’Allemand Michael Eifert a muselé le boxeur québécois avec une bonne stratégie et une bonne technique
Coup d'oeil sur cet article
Après sa défaite contre Michael Eifert, Jean Pascal a parlé d’un vol de la part des juges. Il ne comprenait pas les pointages qui avaient été attribués aux deux boxeurs. Son entraîneur Orlando Cuellar également. La triste réalité, c’est que le Québécois a perdu ce combat de façon claire et nette.
• À lire aussi: Jean Pascal s’avoue vaincu
• À lire aussi: «Je n’ai pas vraiment été en danger» -Jean Pascal
Il s’agissait de sa septième défaite en 43 duels en carrière. C’était la première fois qu’il perdait contre un boxeur qui ne possède pas une forte réputation à l’internationale. Eifert ne fait pas partie de l’élite des mi-lourds. Son nom ne peut pas être mis dans la même phrase qu’Artur Beterbiev, Dmitry Bivol, Anthony Yarde, Gilberto Ramirez et quelques autres.
L’Allemand n’a rien fait de spectaculaire. Il a travaillé derrière un jab efficace, quelques coups de puissance et un bon jeu de pieds. Simplement la base de la boxe. Il a évité d’y aller coup pour coup quand Pascal voulait forcer les échanges musclés. Il n’est pas tombé dans le panneau comme plusieurs autres adversaires du Lavallois dans le passé.
Eifert a été méthodique de la première à la dernière seconde. Contrairement à ce qu’Orlando Cuellar prétend, son boxeur a été touché souvent. Assez pour influencer les trois juges sur l’allure du combat. Eifert s’est bâti une avance confortable lors des six premiers rounds.
Trop passif
Je ne sais pas si ça faisait partie de la stratégie du clan Pascal, mais ce dernier a été trop passif lors des premiers rounds. Je croyais qu’il en profiterait pour prendre le contrôle du combat et mettre la foule de son bord. Ce n’est pas arrivé. On aurait dit qu’il gérait ses énergies dès le quatrième round. Le réveil est survenu en deuxième moitié de combat, mais c’était trop tard.
Les cartes des juges? 118-110, 115-113 et 117-111. Le deuxième pointage est un peu tiré par les cheveux. L’affrontement n’était pas aussi serré. Comme il le fait depuis toujours, Pascal a tenté de voler des rounds. Cependant, son taux de réussite n’a pas été élevé. Eifert a été capable de le menotter quand il se lançait à sa poursuite.
- Ne ratez pas la chronique sports de Jean-François Baril au micro de Philippe-Vincent Foisy, chaque jour sur les ondes de QUB radio :
Pascal mentionne qu’il ne s’est jamais senti en danger. C’est normal. Eifert est un bon technicien, mais pas un cogneur. Il a seulement quatre knock-out chez les professionnels. Rien à écrire à sa mère. J’aurais été inquiet de le voir affronter des clients comme Joshua Buatsi ou Anthony Yarde. La défaite aurait pu être plus brutale, déshonorante.
Une chose est sûre: Pascal faisait ses 40 ans dans le ring. On a vu une pâle copie du pugiliste qui a livré des guerres contre les meilleurs boxeurs de la planète dans ses belles années.
Une bénédiction et une retraite?
Pascal a perdu la chance de devenir aspirant obligatoire au champion unifié, Artur Beterbiev. On peut presque parler d’une bénédiction. Plusieurs observateurs, dont moi, ne voulaient pas voir l’ancien champion du monde affronter le rouleau compresseur tchétchène. Un combat qui aurait été imprudent pour sa santé. C’est bien beau le courage, mais il y a une limite.
Le boxeur québécois le plus titré doit maintenant réfléchir à son avenir. Est-ce qu’on a assisté à la fin de sa brillante carrière? C’est possible. Avant le combat, il a mentionné à plusieurs reprises qu’il ne pensait pas à la retraite. Qu’il lui restait du «gaz dans la tank» comme il aime bien le dire. Ce n’est pas ce qu’on a vu.
Il doit se regarder dans le miroir. Il n’a plus rien à prouver. Il a tout donné à son sport, et même plus. S’il continue pour empocher quelques bourses supplémentaires, ce serait une mauvaise décision. Il aurait de bonnes chances d’hypothéquer sa santé à long terme. On ne joue pas à la boxe.
Cette fois, il doit accrocher ses gants pour de bon. C’est ce qu’on lui souhaite. Même s’il n’a pas gagné contre Eifert, il a eu l’occasion de se battre à nouveau devant ses partisans québécois. Ce serait une belle façon de mettre un point final à sa brillante carrière.