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Le tiers des élèves sont en difficulté dans les écoles secondaires publiques

La tendance à la hausse se poursuit

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Le nombre d’élèves en difficulté continue d’augmenter dans les écoles québécoises. Au secondaire, le tiers des jeunes font maintenant partie de cette catégorie dans le réseau public, une proportion nettement plus élevée qu’au privé. 

• À lire aussi: Québec reporte la réforme du financement des élèves en difficulté

À l’approche du budget provincial qui sera dévoilé mardi, des acteurs du réseau de l’éducation espèrent que les ressources seront suffisantes pour répondre à leurs besoins grandissants.

Selon les plus récents chiffres du ministère de l’Éducation, 33% des élèves du secondaire sont considérés comme «handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage», dans le jargon du ministère. Ils ont un plan d’intervention qui prévoit des services ou des mesures supplémentaires pour les aider à réussir.

Cette proportion est en constante hausse depuis une vingtaine d’années dans le réseau scolaire, tant au primaire qu’au secondaire. Globalement, près d’un élève sur quatre (24%) est en difficulté dans le réseau scolaire public québécois.

Écart avec le privé

Cette proportion est toutefois beaucoup moins élevée dans les écoles privées: on en trouve 17% au total et 19% au secondaire.

Le ministère de l’Éducation met toutefois en garde contre les comparaisons entre les deux réseaux, car la déclaration des élèves en difficulté est faite sur une base volontaire au privé et obligatoire au public.

  • Écoutez l’entrevue avec Simon Landry, enseignant au secondaire, à l’émission de Richard Martineau diffusée chaque jour en direct 9h05 via QUB radio:

Pour en arriver à un meilleur équilibre, il faut néanmoins forcer les écoles privées à accueillir davantage d’élèves en difficulté, affirme Égide Royer, expert en matière de réussite scolaire qui s’intéresse à ces chiffres depuis des années.

«Les écoles privées doivent accueillir elles aussi une proportion naturelle d’élèves en difficulté, sinon il faut modifier leur financement», affirme-t-il.

Ce dernier plaide par ailleurs pour une révision de la politique d’adaptation scolaire, rédigée il y a près de 25 ans. Le réseau scolaire aurait notamment intérêt à se donner de meilleures balises entourant les plans d’intervention, ajoute-t-il.

À géométrie variable

À la Fédération des comités de parents, on déplore que le recours à un plan d’intervention varie souvent d’un milieu à l’autre. «On a l’impression que certaines écoles ne veulent pas faire de plan d’intervention parce qu’ils n’ont pas les ressources pour répondre à leurs besoins», affirme son président, Kévin Roy.

À l’inverse, des directions d’école ont déjà expliqué au Journal que la proportion élevée d’élèves en difficulté dans leur établissement pouvait s’expliquer par une approche très «proactive» où l’on n’hésitait pas à mettre des plans d’intervention en œuvre pour des élèves, même si leurs difficultés étaient davantage d’ordre personnel que scolaire.

Le recours à géométrie variable aux plans d’intervention dans les écoles pourrait aussi expliquer les écarts importants entre les centres de services scolaires, où la proportion d’élèves en difficulté varie de 15% à 33%.

Au Centre de services scolaire des Hautes-Laurentides, où près de 31% des élèves ont un plan d’intervention, on souligne que la quasi-totalité des écoles est située en milieu défavorisé. Les diagnostics d’autisme sont aussi en hausse au cours des dernières années.

Sa directrice générale, Julie Bellavance, indique par ailleurs que plusieurs élèves ont des troubles d’apprentissage en lecture et en écriture, ce qui mène, «dans plusieurs cas», à l’attribution de logiciels d’aide à l’apprentissage prévue dans un plan d’intervention.

Malgré cette proportion élevée, le taux de réussite en français des élèves de cinquième secondaire des Hautes-Laurentides se situe parmi les plus élevés de la province, précise-t-elle.

Budget à venir

À l’approche du budget provincial qui sera dévoilé mardi, les syndicats représentant le personnel scolaire réclament une hausse du financement en éducation pour répondre aux besoins des élèves en difficulté.

En début de semaine, la Fédération des professionnelles et professionnels de l’éducation du Québec mentionnait que ses membres constataient sur le terrain «une augmentation sans précédent» des problèmes d’anxiété, de détresse psychologique et d’épisodes de violence dans un contexte d’après-pandémie.

Son président, Jacques Landry, a rappelé que l’amélioration des services aux élèves en difficulté ne faisait pas partie des sept priorités présentées par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, à la fin de janvier. Il espère que le prochain budget lui permettra de «rectifier le tir».

À la Fédération du personnel de soutien scolaire, on est aussi préoccupé par la hausse constante des élèves en difficulté. «Le prochain budget en éducation doit en tenir compte pour que les besoins [des] élèves soient comblés», affirme son président, Éric Pronovost.

Élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage

  • Réseau public
  • Préscolaire: 5%
  • Primaire: 21%
  • Secondaire: 33%
  • Total: 24%
  • Réseau privé
  • Préscolaire: 2%
  • Primaire: 12%
  • Secondaire: 19%

Total: 17%

Note: le ministère de l’Éducation met en garde contre les comparaisons entre les deux réseaux, car la déclaration des élèves en difficulté est faite sur une base volontaire au privé et obligatoire au public.

Les centres de services où la proportion d’élèves en difficulté est la plus élevée:

  • Hauts-Bois-de-l’Outaouais: 32,5%
  • Eastern Townships: 31,8%
  • Chic-Chocs (Gaspésie): 31,3%
  • Hautes-Laurentides: 30,9%
  • Des Chênes (Centre-du-Québec ): 30,9%

Note: ces données excluent les trois commissions scolaires et centre de service à statut particulier.

Source: ministère de l’Éducation (données provisoires pour l’année scolaire 2022-2023)

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