Toujours pas de feu vert d’Hydro après plus de 2 ans pour QScale
L’approvisionnement du centre de données prévu à Saint-Bruno n’est pas confirmé
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Le développeur de centres de données QScale, dans lequel le gouvernement du Québec a investi 95 M$ en prêts et actions, attend depuis plus de deux ans un feu vert d’Hydro-Québec pour un deuxième campus à Saint-Bruno.
«On a hâte d’avoir de la visibilité là-dessus parce que ça fait deux ans et demi qu’on a fait nos demandes et c’est sûr que le marché est en croissance phénoménale. Donc ça va prendre plus qu’un site comme celui de Lévis», a confié le président de QScale Martin Bouchard, lors d’une entrevue au Journal.
QScale affirme avoir vendu la capacité de la première de ses huit phases de développement sur le site de Lévis et construit déjà la deuxième.
«On parle de clients internationaux pour la plupart. On parle de joueurs de très grand calibre, les gens seront impressionnés», a dit M. Bouchard, sans encore identifier des clients.
Le temps presse pour obtenir des réponses, selon lui, car il faut de trois à quatre ans pour mettre au monde un centre de données «écoresponsable».
«On pense que notre projet est bien positionné avec la récupération de chaleur et la décarbonation. On espère entrer dans les critères du gouvernement qui seront annoncés dans les prochains mois», a poursuivi l’entrepreneur.
Partenariat avec Énergir
M. Bouchard annonçait hier un partenariat avec Énergir pour valoriser les rejets thermiques produits par le centre de traitement de données de Lévis. À partir du début de 2024, la chaleur produite par les installations pourra en hiver être récupérée à 100 % et redirigée vers d’autres utilisateurs à proximité, notamment des serriculteurs. Des acheteurs de chaleur sont actuellement recherchés. QScale possède d’immenses terrains pour accueillir leurs installations.
À terme, le complexe va produire jusqu’à 96 mégawatts, ce qui équivaut à la consommation de plus de 15 000 foyers québécois. Les concurrents de QScale évacuent la chaleur dans l’atmosphère, une pratique qu’on espère changer.
«On veut forcer l’industrie à récupérer la chaleur. Si on fait ça, on peut avoir un impact mondial sur une industrie qui consomme presque 4 % de l’énergie de la planète», a expliqué Vincent Thibault, cofondateur de QScale.
Tarif préférentiel?
Les tarifs d’approvisionnement en hydroélectricité sont aussi une source de préoccupation au sein de l’entreprise.
Pour le campus de Lévis, qui sera opérationnel à la mi-avril, QScale bénéficie du tarif industriel (L). Mais l’entreprise ignore ce qui pourrait arriver à Saint-Bruno si le feu vert était donné.
«Pour l’avenir, avec QO2 [Saint-Bruno], on ne sait pas s’il y aura un changement de tarifs ou de règles. On attend. Et oui, il y a des enjeux de compétitivité. L’énergie au Québec est un sujet très complexe», avance M. Bouchard, disant espérer que l’on soit plus exigeant avec les projets qui viendront s’installer au Québec.
Notre avantage concurrentiel menacé par des taxes municipales
Les taxes municipales sur la valeur des équipements risquent d’anéantir l’avantage concurrentiel des centres de données au Québec, affirme le président de QScale, Martin Bouchard.
«Les taxes sur l’équipement, ça peut faire monter la facture de taxes à 15 millions de dollars plutôt que 2 millions de dollars», a indiqué M. Bouchard, affirmant que la valeur des bâtiments et terrains d’un centre de données est nettement inférieure à celle de ses équipements, qui ne seraient taxés nulle part ailleurs au Canada et à l’étranger.
«On pense que ça n’a pas de sens en soi et ce n’est pas seulement pour les centres de données, c’est aussi pour les hôpitaux et cliniques médicales qui possèdent des équipements de pointe», dit l’entrepreneur.
QScale fait partie d’une coalition d’organisations qui tente de convaincre les autorités municipales de ramener les méthodes de taxation à des critères «plus justes».
«On espère une optimisation parce que ça pénalise énormément nos projets par rapport à la compétition.»
Nos données chez nous
Le Québec a par ailleurs tout ce qu’il faut pour héberger les données sensibles du gouvernement, selon M. Bouchard, qui a réagi aux propos du ministre de la Cybersécurité et du Numérique, Éric Caire, ouvert à héberger des données de recherche à l’étranger.
«Je ne vois pas ce qu’il manque au Québec et si on veut décarboner, il faut héberger les données au Québec avec de l’énergie verte», croit M. Bouchard, ajoutant que QScale et d’autres centres ont la capacité de répondre aux besoins du Québec.