20 ans plus tard, l'invasion de l'Irak est toujours aussi injustifiable
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Il y a vingt ans, lundi, les États-Unis envahissaient l’Irak, alors qu’ils donnaient toujours la chasse, en Afghanistan, aux responsables des attentats du 11 septembre 2001.
Une campagne militaire sous de fausses prétentions, qui a fait des dizaines de milliers morts et dilapidé des centaines de milliards de dollars. Qu’est-ce que les Américains en ont tiré ? Une perte d’influence dans la région ! À jamais, une des plus grandes gaffes de politique étrangère.
Admettons que la campagne afghane se justifiait : la terreur semée par les avions kamikazes couplée aux 3000 morts du World Trade Center, du Pentagone et de Shanksville, en Pennsylvanie, légitimait la volonté de vengeance contre les islamistes d’Oussama ben Laden. Pas sûr qu’il fallait rester là-bas pendant vingt ans, mais c’est une autre histoire.
Le 20 mars 2003, lorsque les premiers bombardiers américains ont largué leur chargement sur l’Irak, ils ouvraient la voie à des années de chaos qui ont progressivement effrité la crédibilité des États-Unis au Moyen-Orient.
À commencer par les justifications de cette invasion, des allégations de dangers imminents liés à d’inexistantes – on l’a vite su – « armes de destruction massive » dans l’arsenal du président irakien, Saddam Hussein.
FAIRE LA GUERRE, JUSTE AU CAS
Les faucons autour du président d’alors, George W. Bush, affirment, aujourd’hui encore, que débarrasser le monde du bourreau qu’était Saddam Hussein en valait le coût. S’il n’avait pas d’armes de destruction massive en 2003, « il aurait pu en avoir cinq ans plus tard », soutient toujours John Bolton, un des architectes de cette invasion.
Heureusement, Barack Obama et Donald Trump, les présidents qui ont suivi, n’ont pas adhéré à cette vision préventive de la guerre : « On envahit d’abord ; on trouve des raisons ensuite. » Mais le mal était fait. Les États-Unis, dans leur élan, ont éveillé des pulsions revanchardes meurtrières entre communautés chiites et sunnites.
La dissolution de l’armée irakienne a libéré des dizaines de milliers d’hommes, soudainement sans emploi, armé et en colère. Plusieurs d’entre eux ont joint des groupes plus extrémistes les uns que les autres, tel l’État islamique qu’un millier de soldats américains, en Syrie notamment, combattent toujours.
UNE CRÉDIBILITÉ ANÉANTIE
Non seulement les Américains n’ont pas gagné de respect avec cette offensive, mais en chassant Saddam Hussein, un musulman sunnite, du pouvoir, ils ont permis aux musulmans chiites – qui forment la majorité de la population en Irak – de s’installer aux commandes du pays.
Ces chiites irakiens se sentent naturellement proches de la grande nation chiite qu’est l’Iran. En d’autres mots, en déboulonnant Saddam Hussein et ses statues, les États-Unis ont poussé l’Irak dans les bras de l’Iran, leur ennemi régional. Pas très glorieux, merci !
Les experts estiment que même les efforts d’apaisement qui ont suivi se sont retournés contre les États-Unis. Le retrait des soldats américains à la fin de 2011 par le président Obama a été compris, par les pays arabes autour, comme le signal que Washington en avait assez de la région et de ses tiraillements interminables.
La récente entente entre Saoudiens et Iraniens, sous le parrainage de la Chine, en serait une lointaine conséquence. Vraiment un désastre, cette invasion, qui continue, vingt ans plus tard, de hanter les Américains !
La guerre d’Irak (2003-2011)
- 4431 soldats américains, tués
- 31 994 blessés
- 1790 milliards $, coût des opérations militaires en Irak, puis en Syrie, incluant les soins aux anciens combattants et les intérêts sur la dette finançant ces conflits.
- En incluant les soins escomptés aux anciens combattants jusqu’en 2050, le coût total s’élèvera à 2890 milliards $.