Des centaines de véhicules neufs maquillés en voitures d’occasion pour gonfler les prix
Des concessionnaires québécois contournent la loi afin d’accroître leurs profits
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Des concessionnaires auto du Québec profitent de la forte demande sur certains modèles pour les vendre de 5000 $ à 10 000 $ plus cher que le prix suggéré, ce qui pourrait être une infraction. Ils contournent la loi en « maquillant » des voitures neuves en voitures d’occasion.
Chez Volkswagen Centre-Ville, à Montréal, on retrouve par exemple une Golf GTI 2022 d’occasion affichée à 44 995 $ avant taxes. La voiture compte 73 kilomètres au compteur.
Le prix de détail suggéré par le fabricant (PDSF) est de 37 745 $ pour ce modèle prisé et impossible à trouver dans le neuf.
« C’est une neuve, mais qu’on vend comme d’occasion », avoue sans gêne un de ses vendeurs au téléphone.
Il explique que le concessionnaire l’a « achetée » à un autre marchand, et qu’elle était déjà enregistrée, c’est-à-dire que la garantie a commencé en juillet 2022.
« C’est le prix du marché. L’auto est toute neuve et c’est ça qui compte », dit-il au sujet du 8000 $ de plus que le PDSF.
Au Québec, la Loi sur la protection du consommateur interdit d’« exiger pour un bien ou un service un prix supérieur à celui qui est annoncé ».
« On peut hypothétiquement envisager une situation d’infraction où un commerçant tairait le fait que le véhicule est neuf pour se soustraire à l’obligation de vendre au prix annoncé [PDSF ou autre] et exiger un prix supérieur », explique le porte-parole de l’Office de la protection du consommateur.
Fréquent depuis 2 ans
Ce « maquillage » de voitures neuves en voitures d’occasion est fréquent depuis 2 ans, observe George Iny, président de l’Association pour la protection des automobilistes (APA).
Avec la rareté dans le marché du neuf, les délais d’attente ont grimpé et les clients sont prêts à payer davantage pour obtenir une voiture rapidement.
« C’est souvent une pratique régionale, les marchands se mettent ensemble pour le faire », note M. Iny.
Règle générale, ces voitures ont toutes moins de 3000 km au compteur et se vendent de 5000 $ à 10 000 $ au-dessus du PDSF.
En plus de la Golf GTI, la Toyota RAV 4 Prime et la Subaru Crosstrek font souvent l’objet de ce « maquillage », comme aussi presque tous les modèles de voitures électriques.
La tendance se confirme aisément en regardant l’offre sur le site AutoHebdo, la référence au Québec.
Les modèles 2023 se font rares pour l’instant, puisqu’ils viennent d’arriver sur le marché. Mais on en retrouve déjà, par exemple une Crosstrek 2023 avec 100 kilomètres au compteur affiché par le concessionnaire Location Prime Leasing à 5000 $ de plus que le PDSF.
Un prix suggéré
LE PDSF est-il un prix annoncé ? Pas au sens de la loi. Mais George Iny croit que oui. « Une voiture neuve maquillée en voiture d’occasion devrait être liée par les représentations du manufacturier », dit-il.
Lorsque Toyota, Subaru ou Volkswagen annoncent dans leurs publicités des voitures neuves à un certain prix, ils devraient les vendre à ce prix, « sinon c’est de la fausse publicité ».
« Les constructeurs sont au courant du maquillage. Mais ils sont ravis quand le concessionnaire vend son quota et ils ferment les yeux. Ils vont bouger si on les oblige ou si leur réputation est en jeu », affirme le président de l’APA.