Construction: une industrie en demande avec des emplois à plus de 120 000$ à la pelletée
Il y avait pas moins de 15 000 postes vacants dans l’industrie de la construction québécoise en décembre 2022
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120 000 $ par année. C’est le chèque de paye que l’on peut obtenir avec un diplôme d’études professionnelles (DEP) dans l’industrie de la construction, qui carbure aux heures supplémentaires.
« Malgré la hausse du taux d’intérêt et la baisse plus marquée anticipée dans le secteur résidentiel, la demande reste très élevée dans l’institutionnel, le commercial, l’industriel ou dans le génie civil et la voirie », illustre Guillaume Houle, porte-parole de l’Association de la construction du Québec (ACQ).
Même si les mises en chantier ont baissé de 6 % le mois dernier par rapport à l’an dernier, l’appétit pour la rénovation se fait encore sentir, selon l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec (APCHQ).
« Les deux tiers (65 %) des propriétaires sondés estiment probable ou très probable qu’ils ou elles réalisent des travaux de rénovation d’au moins 5000 $ d’ici trois ans, un résultat pratiquement identique à celui de 2022 (66 %) », a pu observer l’APCHQ dans un récent sondage effectué avec RénoAssistance.
Des métiers payants
Résultat ? L’industrie en surchauffe a besoin de bras. Les travailleurs actuels arrivent aisément à gonfler leur salaire à coup d’heures supplémentaires.
Frigoriste, électricien, mécanicien de machinerie lourde... des métiers en demande comme ceux-là offrent un excellent salaire et des conditions alléchantes.
« Il faut s’enlever de la tête le stéréotype du travail dur. Dans mon métier, il y a de la minutie. L’ouverture d’esprit et la créativité sont là », lance Jonathan Ormandy, frigoriste de 33 ans de chez Services de Réfrigération R&S inc.
L’an dernier, il a gagné plus de 120 000 dollars avec ses heures supplémentaires.
Son patron, Antoine Rivard, qui est le directeur général de l’entreprise familiale de troisième génération, affirme que le métier de frigoriste est intéressant puisqu’il touche à la mécanique, la thermodynamique, l’électricité, la plomberie et la soudure.
« Un apprenti première année va gagner entre 40 000 $ et 50 000 $. Ça peut ensuite aller à 130 000 $ ou 140 000 $, selon le temps supplémentaire », souligne celui qui cherche des frigoristes dans son équipe à Gatineau.
« Il y a 30 ans, j’ai fait un DEP en électricité de 1350 heures. Aujourd’hui, c’est 1800 heures », partage Étienne Perron, électricien chez Britton Électrique.
Dans l’entreprise, ses collègues atteignent aussi les 120 000 $ par année.
« Il y a énormément de postes très payants. C’est lucratif », note Gregoria Modolo, directrice générale de l’ACQ, région métropolitaine.
Des opérateurs à 200 000 $
Lundi dernier, Le Journal soulignait que l’électrification de l’économie sera payante pour ceux qui feront le saut dans ces secteurs d’avenir.
Or, l’industrie de la construction n’est pas en reste. On y retrouve une pelletée de métiers très bien rémunérés comme celui d’opérateur de machinerie lourde.
« Ils vont gagner entre 100 000 $ et 120 000 $ en ville. Dans le Nord, ils vont aller chercher facilement 150 000 $ ou 200 000 $ », illustre Cédric Brunet, surintendant en génie civil de NRJ, de 600 employés.
Nouveaux arrivants en renfort
Jeudi dernier, au Chantier de l’emploi de Montréal visant à présenter ces métiers souvent méconnus, les candidats arrivaient par dizaines aux kiosques.
Croisé au salon, Lounis Djamel, 35 ans, arrivé au Québec depuis six mois à peine, affichait un large sourire quand Le Journal l’a abordé.
« Dans mon pays, j’étais ingénieur en électrotechnique. J’ai travaillé beaucoup dans le domaine de l’électricité en Algérie », a-t-il partagé.
« J’attends de passer une entrevue avec l’entreprise Britton juste là », a-t-il conclu les yeux grands ouverts.
L’an dernier, le secteur génie civil et voirie a flirté avec le nombre record de 38,5 millions d’heures travaillées, soit un bond de 2 % par rapport à 2021, selon la Commission de la construction du Québec (CCQ).