Le ventre vide à l'école: les dîners doivent être fournis à tous les élèves
De nombreuses voix s’élèvent et réclament un système universel
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Le dîner des élèves doit être fourni dans toutes les écoles, plaident plusieurs intervenants qui déplorent le grand retard du Canada dans ce dossier, qui coûterait environ cinq milliards $ par année.
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«On a besoin d’avoir un filet de sécurité dans toutes les écoles pour que les enfants aient accès à manger et qu’ils puissent être dans des conditions optimales pour apprendre, quels que soient les revenus de leurs parents», tonne Thibaud Liné, directeur général de la Cantine pour tous, qui subventionne des repas dans 39 écoles du Québec.
Le Canada, dernier de classe
Donnée peu reluisante, le Canada est le seul pays du G7 qui ne possède pas de programme alimentaire universel. L’exemple des cantines en France est bien connu, où tous les élèves sont nourris chaque jour à bas prix.
«Le Canada traîne de la patte», déplore M. Liné.
Présentement, seulement 20% des élèves canadiens ont accès à un repas à prix réduit à l’école, selon le ministère fédéral de l’Emploi et du Développement social.
Pour plusieurs, un système universel de repas avec collations (gratuit ou à faible coût selon les revenus des parents) est fondamental au primaire et au secondaire.
«Les retombées socioéconomiques ne sont même plus à discuter, elles sont évidentes. Pourquoi ça n’a pas été fait? Moi-même, je me pose la question. Les moyens financiers sont là, réagit Salmata Ouedraogo, professeure d’économie à l’Université du Québec à Chicoutimi. On aura le programme quand on aura la volonté politique.»
En effet, chaque dollar investi dans un programme d’alimentation scolaire donne des retombées jusqu’à 9$, estime une étude récente du programme alimentaire mondial.
Selon la Coalition pour une saine alimentation, qui regroupe 200 organismes au pays, implanter un système universel de repas coûterait environ 5,4 milliards$ au Canada (basé sur un coût unitaire de repas à 5$).
«On ne part pas de zéro. On ne veut pas réinventer la roue, il y a déjà beaucoup d’initiatives pertinentes et performantes, assure Danie Martin, coordonnatrice de la Coalition. Mais, l’argent du ministère pourrait être mieux harmonisé. Il va à différentes places, ce n’est pas égal pour toutes les écoles.»
Selon M. Liné, les organismes d’aide alimentaire sont une solution parfaite pour les écoles, qui n’ont pas les ressources pour gérer de tels programmes.
«On développe des solutions clé en main, c’est une solution éprouvée. On s’occupe des problèmes, de tout», dit-il.
- Écoutez l'entrevue de Philippe-Vincent Foisy avec Fannie Dagenais, Directrice de l’Observatoire des tout-petits sur QUB radio :
Au Québec, le ministère de l’Éducation paie 39,4 millions$ en collations scolaires cette année, et subventionne aussi des organismes d’aide.
Du côté fédéral, une politique nationale d’alimentation scolaire est en préparation. Or, aucune enveloppe budgétaire n’a encore été annoncée.
Pareil pour tous
Par ailleurs, tous soulignent l’importance d’un système universel plutôt que de cibler les élèves à faible revenu, pour éviter la stigmatisation. On vante aussi les mérites d’un repas commun, qui rassemble les élèves et leur fait découvrir des aliments sains.
«Quand ça fait partie de la routine, on voit les enfants découvrir les aliments, manger avec appétit, partager un repas avec leurs amis. Il y a quelque chose qui s’installe», ajoute Claudine Dessureault, conseillère aux achats et inventaires, au Club des petits déjeuners du Québec.