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Manifestations: faut-il vraiment donner autant de pouvoir aux tapageurs?

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J’ai un immense respect pour les femmes iraniennes qui manifestent dans les rues pour leurs droits. Même chose pour les étudiants de la place Tiananmen en 1989 ou ceux qui ont fait tomber la dictature de Ceausescu la même année.

Lorsqu’un peuple est privé de démocratie et de droits fondamentaux, se lever pour exiger le respect peut devenir un devoir. Dans de tels contextes, il n’existe pas une telle chose que le droit de manifester. Il faut le prendre, au risque de sa propre sécurité.

Probablement dans cette idée noble de respect des droits démocratiques, le droit de manifester a été sacralisé chez nous. Il a été reconnu par les tribunaux même dans les formes les plus discutables.

À ce chapitre, les dernières semaines ont donné lieu à des scènes kafkaïennes. La Ville de Montréal doit verser de l’argent aux manifestants « carrés rouges » parce que leurs droits ont été bafoués. La police aurait exagéré... mais pas eux !

La Ville de Montréal doit s’excuser. La Ville s’excuse, mais ce n’est pas suffisant. La mairesse doit s’excuser mieux et le chef de police aussi. Les carrés rouges sont devenus les victimes d’un déni de démocratie, d’une violation de droits fondamentaux.

Tous les droits

Comme à chaque fois au Canada, les avocats des manifestants ont remporté toutes les batailles. La casse ? Pas grave. Le bien public détruit ? Un détail. Les journalistes intimidés ? Pas vu ça.

Des manifestants masqués qui se faisaient un sport d’affronter la police ? Des balles de billard lancées ? Des autos incendiées ? Bof.

Si nos tribunaux tranchent toujours en faveur des manifestants, je suppose que c’est au nom des droits démocratiques. Je poserai alors la question : les manifestations sont-elles toujours une contribution démocratique dans un pays comme le nôtre qui tient des élections libres ?

Dans le cas des carrés rouges, un gouvernement élu voulait réformer le financement des universités. Demander une contribution supérieure aux étudiants et compenser les plus pauvres par des bourses.

Plusieurs sondages d’opinion publique ont montré que le gouvernement était soutenu par une majorité de la population. 

Les manifestations, quoique nombreuses et parfois violentes, cherchaient à faire triompher le point de vue d’une minorité.

Sur quelle base l’opinion de ces gens mériterait-elle de compter davantage que l’opinion des autres ? En démocratie, c’est censé être un individu, un vote. L’opinion des bruyants, de ceux qui font peur, de ceux qui cassent et menacent de faire pire le lendemain soir devrait-elle compter plus que l’opinion des autres ?

Et les autres ?

Qui sont donc ces autres qui ne manifestent pas ?

Les aînés qui n’ont plus les jambes pour prendre la rue par exemple. On suggère donc au gouvernement de hausser les tarifs d’hébergement en CHSLD, pas les frais de scolarité.

Ah oui ! Il y a un autre groupe qui manifeste rarement. Ceux qui n’ont pas le temps parce qu’ils travaillent fort. Pour payer pour tout ça.

Phoque.

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