Perdre la course pour l’usine de batteries de Volkswagen, c’est carrément gênant!
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Non, mais quel affront à la filière électrique de notre super puissant ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie, Pierre Fitzgibbon !
C’est lors de son passage à Montréal que le ministre fédéral de l’Innovation, des Sciences et de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a annoncé que Volkswagen avait finalement choisi l’Ontario (à St-Thomas) pour y bâtir et installer sa méga-usine de batteries pour véhicules électriques.
Et ce, au détriment du Québec où nombre d’observateurs croyaient qu’on avait des chances d’attirer cette méga-usine de plusieurs milliards de dollars.
Non seulement le gouvernement Legault avec son super ministre Fitzgibbon a mordu la poussière dans ce dossier capital, mais comble d’ironie, Ottawa a choisi Montréal pour dévoiler la province gagnante, l’Ontario. Comme diplomatie fédérale, c’est franchement gênant !
Nos chances ?
Est-ce que le Québec avait de sérieuses chances de gagner le concours de la province la plus attirante aux yeux des bonzes de Volkswagen pour installer sa méga-usine de batteries pour ses véhicules électriques ? NON.
Ce n’est pas moi qui le dis. Dans un article publié le 23 décembre dernier, La Presse se le faisait confirmer : « L’usine va être construite en Ontario, affirme à La Presse une source gouvernementale bien au fait du dossier, mais qui n’est pas autorisée à s’exprimer publiquement. Le Québec avait trop de retard par rapport à l’Ontario. »
Et dans cet article, on affirmait de surcroît que « le gouvernement Legault est déjà résigné » alors que dans les faits, « la province n’a jamais véritablement été dans la course, même si le constructeur allemand s’est abstenu, pour le moment, d’envoyer des signaux à ce sujet ».
- Écoutez la chronique économique de Michel Girard, chroniqueur économique au Journal de Montréal et au Journal de Québec au micro de Philippe-Vincent Foisy sur QUB radio :
Les excuses de Québec
C’est quand même bizarre que le Québec, la plus importante province productrice d’électricité et de loin, n’ait pas réussi à convaincre Volkswagen d’installer sa méga-usine de batteries au Québec alors qu’on offre aux grands clients industriels des tarifs imbattables.
Le ministre Fitzgibbon a initialement prétendu qu’on avait perdu le projet en raison d’un manque de capacité. Pour expliquer pourquoi Volkswagen avait préféré l’Ontario au détriment du Québec, le ministre a déclaré sur les ondes de Radio-Canada : « Si on avait eu le courant électrique, on aurait été au rendez-vous, mais on ne l’avait pas. » Ah bon !
Le ministre Fitzgibbon s’est par la suite corrigé en affirmant qu’on avait finalement assez d’électricité pour répondre à la demande d’une telle méga-usine, mais qu’on n’avait pas assez de lignes de transmission pour la transporter.
Il faut dire qu’Hydro-Québec avait affirmé pour sa part qu’elle avait effectivement la capacité de répondre à la demande d’électricité d’un tel projet de grande envergure. Le ministre n’avait pas d’autre choix que de réviser ses excuses !
C’est quoi notre problème ?
En tant que plus gros producteur d’électricité en Amérique du Nord et avec toute l’expertise que le Québec détient en la matière, comment peut-on croire qu’il était impossible d’installer les lignes de transmission à temps pour répondre à la demande d’électricité de la nouvelle usine de Volkswagen ?
Voyons donc ! Il suffisait que le gouvernement de François Legault en fasse une priorité gouvernementale et Hydro-Québec aurait répondu à l’urgence. L’excuse des délais très courts qui a été évoquée pour ne pas pouvoir construire à temps les lignes de transmission requises ne tient pas la route.
L’autre excuse voulant qu’on ne puisse pas répondre à l’exigence de Volkswagen de bâtir l’usine sur un immense terrain de plus de 600 hectares ne tient pas non plus la route. Voyons donc, on tente de nous faire accroire que dans toute l’immensité du Québec on ne pouvait pas offrir un tel terrain. On nous prend pour des naïfs !
- Écoutez la chronique économique de Michel Girard, chroniqueur économique au Journal de Montréal et au Journal de Québec au micro de Philippe-Vincent Foisy sur QUB radio :
On se retrousse les manches
On a raté le coche avec la méga-usine de batteries de Volkswagen. Retroussons les manches et arrangeons-nous maintenant pour nous doter d’une politique d’électrification industrielle capable de répondre aux demandes des futurs grands projets industriels prometteurs.
Doit-on continuer à privilégier les exportations massives de notre électricité vers les États-Unis ? Pas sûr !
Il m’apparaît nettement plus rentable à long terme d’avoir la capacité de répondre aux besoins d’électricité des nouvelles usines qui s’établiront au Québec que d’exporter notre électricité.
Ce n’est pas normal que nos ventes d’électricité aux grands clients industriels du Québec aient chuté de 20 % entre 2008 et 2022, le nombre de gigawattheures (GWh) passant de 69 144 GWh à 55 357 GWh.