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Trois ans d’inflation alimentaire et ça grimpe encore et encore

Les aliments moins chers qu’en 2020 se comptent sur les doigts d’une seule main

Thérèse et Robert Bragdon
Photo Julien McEvoy Thérèse et Robert Bragdon sont retraités et peuvent se permettre de courir les soldes afin de ne pas sacrifier la qualité de ce qu’ils mangent. Cependant, malgré cette chasse aux aubaines, leur facture d’épicerie a bondi « d’au moins 20 % » depuis mars 2020.

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Trois ans après le début de la pandémie, les choses ne sont toujours pas revenues à la normale à l’épicerie, où les prix continuent de monter. L’inflation alimentaire atteint toujours plus de 10 % alors que le prix de certains produits a presque doublé depuis mars 2020. 

C’est le cas notamment de l’huile végétale, grande « gagnante » de l’inflation alimentaire, dont le prix a grimpé de 81 % de mars 2020 à mars 2023, indiquent les données de Statistique Canada. 

On retrouve aussi la margarine (61 %) et les pâtes alimentaires (54 %) dans le top 10 des produits alimentaires dont le prix a le plus augmenté depuis que François Legault s’est adressé aux Québécois flanqué d’Horacio Arruda pour la première fois, le 13 mars 2020. 

Surtout les fruits et légumes

Le reste du palmarès est composé de différents fruits et légumes, comme le cantaloup (67 %), le céleri (58 %), le brocoli (46 %), la laitue iceberg (43 %), le concombre (41 %), les fraises (39 %) et la laitue romaine (39 %).

« Même avant la pandémie, les fruits et légumes étaient déjà des aliments qui n’étaient pas achetés en priorité », indique la nutritionniste Catherine Labelle, du Dispensaire diététique de Montréal.

Toutes ces hausses ont donc de quoi refroidir encore davantage les ardeurs de ceux et celles qui souhaitent manger frais. 

« C’est sûr qu’il y a un impact sur la qualité alimentaire des familles, dû au fait que l’accès à une variété alimentaire est plus difficile », dit la spécialiste. 

  • Écoutez la rencontre Maréchal-Dumont avec Isabelle Maréchal au micro de Mario Dumont sur QUB radio :

L’autonomie alimentaire

Seuls trois produits sont moins chers aujourd’hui qu’ils ne l’étaient il y a trois ans : les amandes, le porc et le saumon en conserve. 

Si les fameux problèmes de la chaîne d’approvisionnement ont eu leur rôle à jouer dans ces hausses de prix, les conditions climatiques extrêmes de la Californie, par exemple, sont aussi en cause. 

La sécheresse dans cet État américain d’où proviennent beaucoup de nos fruits et légumes a affecté les récoltes et le prix s’en est ressenti. 

« Ça rend la politique d’autonomie alimentaire du Québec encore plus importante », souligne Sylvain Charlebois, directeur du Laboratoire de sciences analytiques en agroalimentaire de l’Université Dalhousie.

Le gouvernement et les experts ne s’entendent d’ailleurs pas sur la part de la nourriture produite localement au Québec. 

Nos agriculteurs produisent 35 % de nos aliments, selon les données de Patrick Mundler, professeur titulaire de l’Université Laval, spécialiste d’agroéconomie. Le ministre de l’Agriculture, André Lamontagne, affirme que la proportion est de 50 %. 

Sans entrer dans ce débat, la nutritionniste Catherine Labelle avance qu’une des solutions pour les Québécois est de se tourner vers les produits locaux comme les pommes de terre, les carottes, les navets, les choux.

« Ce sont des légumes plus économiques », souligne-t-elle. 

Pour les fruits, comme « il n’y a pas grand-chose qui pousse » ici, on peut se tourner vers les bananes, les oranges et les kiwis, qui sont de saison en ce moment.

Se démener

Afin d’éviter de réduire la qualité de ce qu’on mange, il faut investir un peu plus de temps qu’avant, si ce n’est que pour courir les rabais. 

« La qualité n’a pas diminué parce qu’on ne mange que ce qui est en spécial », lance Thérèse Bragdon, rencontrée dans le quartier Pointe-aux-Trembles, à Montréal, cette semaine. 

Son mari et elle sont retraités, ce qui leur permet d’allouer plus de temps aux emplettes, reconnaît-elle. 

« Quand je regarde ce qu’on dépense pour manger, je prie le Bon Dieu de ne plus avoir mes trois enfants à la maison », dit la dame.

Car même s’ils courent les rabais avec assiduité, leur facture d’épicerie a tout de même grimpé en trois ans. 

« Ça nous coûte au moins 20 % de plus », reconnaît Robert Bragdon.

  •  Écoutez la chronique économique avec Yves Daoust, directeur de la section Argent du journal de Montréal et du Journal de Québec au micro de Richard Martineau sur QUB radio : 

Top 10 des plus fortes augmentations à l’épicerie depuis 3 ans *

  • Huile végétale : + 81 %
  • Cantaloup : + 67 %
  • Margarine : + 61 %
  • Céleri : + 58 %
  • Pâtes alimentaires : + 54 %
  • Brocoli : + 46 %
  • Laitue iceberg : + 43 %
  • Concombre : + 41 %
  • Fraises : + 39 %
  • Laitue romaine : + 39 %

* De mars 2020 à mars 2023

Source : Statistique Canada 

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