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Un essai de David Santarossa qui ne rate pas sa cible

La pensée woke/Analyse critique d’une idéologie
Photo fournie par les Éditions Liber

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Enfin un essai qui met les pendules à l’heure, depuis le temps que le «wokisme», cette engeance maléfique de la rectitude politique, semble fleurir un peu partout, à l’université comme dans de nombreux médias complaisants.

C’est d’abord autour des questions de racisme et de sexisme que s’est manifesté le wokisme. Alors qu’on croyait ces questions non pas réglées, mais à tout le moins dénoncées, «en ce sens que la très grande majorité des gens s’entendait sur le fait que l’on devait combattre les différentes discriminations et que des outils juridiques pour ce faire existaient depuis de nombreuses années», voilà que de nouveaux curés nous disent que non et se mettent en devoir de censurer et de brimer la liberté d’expression et de création. 

L’auteur de cet ouvrage jouissif, David Santarossa, a retenu trois moments forts de la manifestation de cette idéologie : Judith Lussier et son livre On ne peut plus rien dire, le documentaire Briser le code, de Nicolas Houde-Sauvé, et l’ouvrage Kuei, je te salue, de Natasha Kanapé Fontaine et Deni Ellis Béchard. 

Si la majorité de la population pense que la censure menace de plus en plus ceux qui veulent s’exprimer publiquement, soit lors de débats, de conférences ou encore à travers leurs productions culturelles, comme on l’a vu récemment avec l’exclusion d’œuvres théâtrales comme SLĀV et Kanata pour «appropriation culturelle», ou la suspension de la chargée de cours à l’université d’Ottawa, Verushka Lieutenant--Duval, pour avoir prononcé le mot «nègre», Judith Lussier, elle, affirme qu’il n’en est rien, que c’est là une lubie des conservateurs et que «la liberté d’expression ne s’est jamais aussi bien portée qu’aujourd’hui». 

Pour Lussier, le fait que la philosophe Rhéa Jean, reconnue pour remettre en question la doxa de la théorie du genre et du transgenrisme, ait été chahutée par un groupe de militants dès le début de son exposé sur l’identité trans à l’UQAM où elle avait été invitée, n’est pas un cas de censure, mais bien la preuve que la liberté d’expression existe, tandis que la demande de la conférencière aux protestataires de la laisser parler sans chahut est une manifestation de censure! Une telle attitude, dénonce-t-il, «témoigne d’une gymnastique intellectuelle funambulesque destinée à justifier, malgré tout, les agissements d’intimidateurs». Santarossa souligne que le livre de Lussier a reçu un accueil plus que favorable dans les grands médias comme La Presse, Radio-Canada et Le Devoir, tandis qu’un ouvrage de Mathieu Bock-Côté ne bénéficiera jamais d’une telle couverture complaisante.

Discours objectif?

Dans le documentaire Briser le code, présenté à Télé-Québec, Nicolas Houde-Sauvé et Fabrice Vil entendent démontrer que le racisme systémique existe au Québec. Or, ce film, présenté comme un outil pédagogique, est loin d’être objectif, affirme Santarossa. On a «minutieusement choisi des individus dont les témoignages vont dans le même sens : tous sont mécontents par rapport à la situation de l’immigration au Québec; tous sans exception considèrent avoir subi de la discrimination, du racisme et des “microagressions” ; aucun d’entre eux ne mentionne que son intégration s’est bien passée ou bien que son parcours scolaire ou professionnel s’est déroulé dans un environnement exempt de racisme». Et pourtant des cas d’intégration réussie abondent au Québec. Encore là, les mêmes médias ont applaudi : Radio-Canada, La Presse et Le Devoir. Amalgamer certains propos racistes à la volonté de franciser les immigrants, comme le font les auteurs de ce documentaire, est méprisant. Ce documentaire est profondément malhonnête et blessant pour le Québec et les Québécois, conclut l’auteur.

La question autochtone est aussi abordée dans cet essai. Santarossa rappelle d’abord que le peuple québécois forme une nation minoritaire enracinée sur cette terre qu’elle occupe depuis le 17e siècle, avec sa langue et sa culture. Nous ne sommes donc pas des allochtones, mais bien des autochtones qui ont bâti ce pays, plaide-t-il. Or la pensée woke entend «délégitimer la majorité historique encore présente au Québec», en présentant comme «oppressives et injustes les lois qu’elle se donne pour tenter de perdurer». Ce sont de telles accusations qu’on retrouve dans Kuei, je te salue

Si vous êtes à court d’arguments pour neutraliser le discours woke, je vous recommande fortement cet ouvrage écrit dans une langue accessible.

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