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Impôts: la désagréable impression de me faire f...

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Dans son budget de mardi, la CAQ a confirmé les baisses d’impôt promises pendant la campagne électorale.

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Plusieurs économistes lui disaient de ne pas faire cela.

D’une part, parce que la baisse est trop modeste pour faire une vraie différence dans nos vies ou pour donner un solide coup d’accélérateur à l’économie.

D’autre part, parce qu’elle privera le gouvernement de revenus dont les services publics ont cruellement besoin.

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Choix

J’ajouterais une troisième objection : François Legault dit à Justin Trudeau qu’il n’a pas assez d’argent pour la santé... mais il en a assez pour baisser les impôts.

Ottawa a pris bonne note et envoyé promener notre premier ministre.

Ces objections n’ont jamais pesé lourd dans les officines caquistes parce qu’on sait exactement ce qui rapporte des votes.

Mais le gouvernement ne peut pas dire cela. Il nous expliquera donc, graphiques à l’appui, que nous sommes les plus imposés au Canada et parmi les plus imposés en Occident.

C’est vrai, mais c’est trompeur.

Là où les impôts sont plus bas, les études universitaires, les garderies, l’électricité, l’école privée, les médicaments, les séjours à l’hôpital, etc., coûtent beaucoup plus cher.

En Ontario ou en Arkansas, moins d’impôts, oui, mais des services publics moins nombreux, ou le recours à un secteur privé généralement plus onéreux car il est opéré par une entreprise qui vise le profit.

C’est ce qu’on appelle un choix de société : beaucoup d’impôts et beaucoup de services, moins d’impôts et moins de services.

Quelle avenue est préférable ? Je dis souvent à mes étudiants qu’il y a des questions que la science peut éclairer, mais qu’elle ne peut trancher.

Ultimement, on choisit sur la base de nos valeurs, de notre idéologie, quitte à écarter la science quand ses conclusions dérangent.

Personnellement, je paie tellement d’impôts qu’il m’arrive de laisser passer des occasions d’affaires au nom du « avec-ce-que-l’impôt-va-me-bouffer-il-me-restera-des-pinottes-ça-ne-vaut-pas-la-peine ».

Mon problème n’est pas tellement dans le fait d’en payer beaucoup.

Mon problème surgit quand je vois ce que j’ai en échange. J’estime que je n’en ai pas pour mon argent.

Avec le montant d’impôts que je paie, je ne m’attends pas à ce que des gens poireautent pendant des années pour une hernie ou une opération du genou.

Avec le montant d’impôts que je paie, je ne m’attends pas à ce que des enfants sortent ignorants de l’école et fassent trente fautes en trois paragraphes.

Avec le montant d’impôts que je paie, je ne m’attends pas à ce qu’un jeune couple passe des années sur une liste d’attente pour une place en garderie.

Avec le montant d’impôts que je paie, je ne devrais pas craindre de briser un essieu dans un nid-de-poule.

Contrat

La fiscalité est un contrat. Ce contrat a été rompu et pas par moi.

Voilà pourquoi, baisse d’impôt ou pas, j’ai la désagréable impression, quand je fais ma déclaration, comme disait notre grand poète national Bernard « Rambo » Gauthier, qu’on me fait l’amour par-derrière sans mon consentement.

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