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Le chemin Roxham à l’agenda: une annonce concrète pour la visite de Biden?

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OTTAWA | Des nombreux sujets dont discuteront le premier ministre Justin Trudeau et le président Joe Biden dans les 24 prochaines heures, la gestion du flux de migrants au chemin Roxham pourrait bien faire l’objet d’une annonce concrète.

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C’est ce qu’a laissé entendre M.Trudeau aujourd’hui, indiquant que « ça fait plusieurs mois qu’on travaille de proche avec les Américains pour rétablir la situation au chemin Roxham [...] puis on va peut-être avoir quelque chose à annoncer ». 

Outre l’enjeu des réfugiés, « évidemment on va parler de la Chine », a dit M.Trudeau. Symbolique d’une géopolitique mondiale sous haute tension, la rencontre des deux alliés nord-américains se déroulera la même semaine que celle du président chinois Xi Jinping et de son allié, le président russe Vladimir Poutine.

  • Écoutez l'entrevue avec Pierre Martin, spécialiste de la politique américaine et chercheur au CÉRIUM à l’émission de Philippe-Vincent Foisy via QUB radio : 

Agenda chargé

À l’agenda, il y aura aussi l’emploi, la croissance, les minéraux critiques et la lutte contre les changements climatiques, l’aide à l’Ukraine, la crise humanitaire en Haïti, la défense, l’Arctique, l’ingérence étrangère, la crise bancaire, le commerce de véhicules électriques et de bois d’œuvre et la régulation des géants du web.

« Un agenda plutôt chargé », a soufflé le porte-parole de la Sécurité du président américain, John Kirby, hier

  • Écoutez l'édito de Guillaume Lavoie diffusé chaque jour en direct 13 h 43 via QUB radio :

Au sujet des géants du web, les associations de commerce américaines pressent Joe Biden d’exprimer ses inquiétudes à l’égard des projets de loi C-18 et C-11. Ceux-ci forceraient les géants du web américains à contribuer à la culture d’ici et à payer les médias d’information pour les contenus qu’ils diffusent.

Un dodo au Canada

Joe Biden et Justin Trudeau n’auront donc pas trop de 24 h pour discuter. Rarement, un président américain a séjourné une nuit à Ottawa. Même pas Barack Obama qui était proche de Justin Trudeau et aimait se prêter au jeu des bains de foule dans la capitale canadienne.

Cette fois, pas de biscuit au Marché By au programme, mais plusieurs heures de face-à-face entre les deux chefs d’État, en commençant par une soirée informelle dès ce soir au Rideau Cottage, après un cocktail chez la gouverneure générale, Mary Simon. Ils se retrouveront ensuite demain au parlement seul à seul, puis flanqués de leurs ministres et délégation. 

Trois enjeux clés de cette visite 

DÉFENSE

Photo d'archives

Dix mois après l’annonce canadienne d’un investissement de 4,9 milliards $ pour la modernisation des radars du Commandement de la défense aérospatiale de l’Amérique du Nord (NORAD), les Américains demanderont à voir des progrès concrets sur le front de la défense de notre ciel et de notre Arctique, indique Rob Huebert, expert de la défense nordique à l’Université de Calgary.

Il souligne que l’Amérique du Nord fait face à « une menace imminente » d’attaque de missiles russes ou chinois, d’après les Américains. Il leur faut donc plus que des annonces d’intentions pour être rassurés.

Le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg a lui-même manifesté des inquiétudes lors de sa visite en Arctique en août dernier : « Le chemin le plus court vers l’Amérique du Nord pour les missiles russes et les bombardiers seraient au-dessus du pôle Nord ».

En parallèle, Joe Biden ne manquera pas de demander une plus grande implication du Canada pour résoudre la crise en Haïti, prévoit Eugene Lang, professeur à l’Université Queen’s et ex-chef de cabinet du ministre de la Défense. 


IMMIGRATION

Photo d'archives, Martin Alarie

En faire davantage en Haïti est essentiel notamment pour réduire le flot de demandeurs d’asile en provenance de l’île qui se massent à la frontière sud des États-Unis et au chemin Roxham. Les échanges sur les deux sujets devraient donc être liés.

« Si le gouvernement du Canada veut parler de Roxham, il doit d’abord reconnaître que les États-Unis font face à une énorme pression à leur frontière sud. Nous devons donc être prêts à nous attaquer aux causes profondes en Amérique centrale et en Haïti », explique Roland Paris professeur à l’Université d’Ottawa et ex-conseiller aux relations étrangères de Justin Trudeau.

Pour Washington, Roxham n’est qu’une goutte dans l’océan de la profonde crise migratoire qui secoue l’hémisphère : avec 2,3 millions d’arrestations et de mesures d’éloignement de sans-papiers en 2022, notre voisin fait face à une pression sans précédent. 


ÉCONOMIE VERTE

Photo Agence QMI, Joël Lemay

Les investissements qui permettent de lutter contre les changements climatiques et de s’y adapter sont une cause chère à Joe Biden et Justin Trudeau qui ont une vision commune sur la transition énergétique.

Toutefois, le Canada n’est pas à l’abri du protectionnisme américain qui imprègne la Loi sur la réduction de l’inflation, note M.Paris. Ce programme massif de l’administration Biden autorise 369 milliards de $ US de dépenses en énergie pour contrer le changement climatique.

Le Canada veut s’assurer que les États-Unis vont lui ouvrir la porte à des dizaines de milliards en investissements dans les énergies propres, comme les batteries. Il doit aussi faire en sorte que notre économie reste attrayante face à l’ampleur des crédits d’impôt, des subventions et des prêts offerts par Washington. 

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