Près de 80% des annonces Airbnb au Québec seraient illégales
Coup d'oeil sur cet article
Près de 80 % des annonces de location offertes sur Airbnb au Québec seraient illégales et l’organisation doit maintenant retirer plus de 23 000 locations comme elle s’est engagée à le faire il y a quelques jours.
• À lire aussi: Des appartements Airbnb utilisés comme cachettes par des gangs de rue
«23 245 : c’est le nombre d’annonces illégales qu’Airbnb doit retirer au Québec, car elles ne présentent pas de numéro d’enregistrement. Est-ce qu’Airbnb respectera ses engagements à long terme? Il est permis d’en douter, considérant le mépris total pour les lois et réglementations affiché par la multinationale un peu partout à travers le monde depuis sa création», dénonce Cédric Dussault, co-porte-parole du Regroupement des comités logement et associations de locataire du Québec (RCLALQ).
Selon une toute première étude menée en février par l’organisme et des chercheurs québécois présentée mardi, ce serait donc 79 % des 29 482 annonces de locations offertes sur le site Airbnb qui devraient être retirées. Ils ne présenteraient pas de numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), qui est obligatoire pour louer un logement à des fins touristiques.
• À lire aussi: Incendie du Vieux-Montréal: les corps des 6e et 7e victimes extirpés
5 % légaux
À Laval, ce serait carrément 95 % des logements sur Airbnb qui seraient illégaux, tandis qu’à Montréal, qui recense 9455 logements sur la plateforme, ce serait plus de 89 %. Dans la Capitale-Nationale, les locations de courtes durées illégales représentent 65 % des logements disponibles sur la plateforme.
À la suite de l’incendie qui a fait sept morts dans le Vieux-Port et qui a ravagé un immeuble ayant plusieurs logements offerts illégalement sur Airbnb, la plateforme a annoncé vendredi que toutes les locations illégales seront retirées du site.
Par courriel, le porte-parole de la société Matt McNam a réitéré au Journal mardi matin que «toutes les annonces sans numéro seront désactivées» dans la journée. Au moment de mettre en ligne, les annonces étaient encore en visibles sur le site d’Airbnb.
Toutefois, il estime que les données du RCLALQ ne sont pas justes.
«Le RCLALQ n’a pas accès aux données d’Airbnb et son estimation du nombre d’inscriptions est inexacte», a-t-il indiqué, sans toutefois donner plus d’informations.
Pire en saison haute
Mais les chiffres analysés en février pourraient s’avérer être encore bien pires lors des saisons hautes puisque les données ont été récoltées pendant la saison basse, souligne M. Dussault.
En seulement quelques semaines, les chercheurs ont d’ailleurs pu observer que le nombre de logements disponibles à la location dans le Bas-Saint-Laurent et en Gaspésie avait particulièrement augmenté.
En février, par exemple, le Bas-Saint-Laurent comptait de 829 logements en location et la Gaspésie 848. Dans les derniers jours, ces chiffres sont respectivement montés à 1590 (+91 %) et 1078 (+27 %), indique le rapport.
Phénomène inquiétant
Pour le RCLALQ, le phénomène est d’autant plus inquiétant parce qu’il aggrave la crise du logement.
«Une immense majorité (90 %) des offres de location sont des logements entiers, et s’ils sont offerts en location touristique à cette date-ci, c’est probablement parce qu’ils le sont à longueur d’année. 29 482 logements loués sur Airbnb, c’est presque autant de logements retirés du marché traditionnel», alarme M. Dussault.
Il rappelle aussi qu’Airbnb est seulement la pointe de l’iceberg étant donné que de nombreuses autres plateformes comme Marketplace ou VRBO permettent de louer des logements pour de courtes durées.
Plus de logements sur Airbnb
Par ailleurs, dans plusieurs villes, il y a plus d’appartements en location sur Airbnb que d’appartements inoccupés, démontre le rapport.
C’est notamment le cas de Saint-Ferréol-les-Neiges (22 %), Saint-Adolphe-d’Howard (17,4 %) et Mont-Tremblant (13,7 %), mais aussi de certains quartiers montréalais et de Québec comme Faubourg Saint-Laurent (11,7 %), le Plateau (3,1 %), Peter McGill (4,1 %) Saint-Roch (5,3 %) et Saint-Émile (3,4 %).
«Airbnb est responsable d’une part importante de la pénurie de logements. Dans la plupart des régions, si les logements loués sur Airbnb n’avaient pas été perdus à l’hébergement touristique, le taux d’inoccupation serait en équilibre ou au-dessus du seuil d’équilibre», fait valoir le co-porte-parole du RCLALQ.