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Airbnb: des propriétaires n'hésitent pas à contourner les règles pour louer illégalement leur logement

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Photo d’archives, AFP

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Des propriétaires n’hésitent pas à contourner les règles afin de continuer de louer leur logement illégalement après qu’Airbnb a été forcé de retirer des milliers d’annonces. 

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«C’est possible d’inscrire n’importe quoi comme numéro d’enregistrement et c’est quelque chose qu’on voit, il y a de faux numéros. Il n’y a aucune vérification qui est faite sur les numéros d’enregistrement qui sont inscrits dans les annonces. Des gens utilisent même les numéros de certains hôtels», dénonce Cédric Dussault, co-porte-parole du Regroupement des comités logements et des associations de locataires du Québec (RCLALQ).

Hier, la plateforme américaine spécialisée dans la location de logement sur le court terme a commencé à retirer des milliers d’annonces illégales de son site. Elle avait promis quelques jours plus tôt de se conformer à cette obligation à la suite d’un incendie qui a tué sept personnes dans un immeuble ravagé par les flammes ayant plusieurs logements offerts illégalement sur Airbnb.

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Capture d'écran fournie par RCLA

Dans un rapport publié par le RCLALQ hier, plus de 79 % des annonces au Québec — soit 23 245 sur ses 29 482 annonces — étaient considérées comme étant illégales, n’ayant pas de numéro d’enregistrement de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ). Celui-ci est obligatoire pour louer un logement à des fins touristiques.

Alors depuis hier, des milliers de propriétaires ont donc vu leur compte suspendu. 

Selon le RCLALQ, des données publiées par le site web Inside Airbnb aujourd’hui, 58% des logements offerts en location à Montréal ne sont cependant pas certifiés. À Québec, 28% des locations offertes ne le sont pas non plus, contrairement à ce qu’exige la loi.

De faux numéros

Il a toutefois été possible de voir si la plupart des annonces illégales avaient été supprimées, certaines qui avaient réussi à rester sur le site présentaient des irrégularités.

En effet, Le Journal a notamment vu une annonce pour un logement à Laval avec le numéro d’enregistrement «123456». Il a été possible de vérifier qu’aucun établissement n’est officiellement enregistré à ce numéro.

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Capture d'écran tirée de Airbnb

Sur Facebook, un propriétaire a même demandé s’il existait «des codes universels genre un “groupe” qu’on peut former pour enregistrer un seul CITQ».

Des utilisateurs ont aussi remarqué que certains propriétaires utilisaient les mêmes numéros pour plusieurs locations à différentes adresses.

«Quand on regarde certaines annonces, on voit que plusieurs appartements dans différents immeubles affichent maintenant les mêmes numéros», a remarqué David Balme, un internaute qui surveille la plateforme.

Pourtant, selon le ministère du Tourisme chaque établissement doit avoir son propre numéro d’enregistrement.

La plateforme Airbnb incite aussi maintenant ses utilisateurs locateurs à modifier les conditions de leur location en louant pour du long terme. Car lorsqu’un propriétaire loue pour plus de 31 jours, il n’a pas besoin de posséder un numéro CITQ.

«Les gens peuvent très bien contourner cette règle en contactant directement le propriétaire pour louer pour seulement quelques jours plutôt qu’un mois», soutient M. Dussault.

Autres plateformes

Et pour contourner les obligations, certains propriétaires se sont rapidement tournés vers d’autres plateformes qui n’ont pas été visées par le ministère du Tourisme.

«En regardant, j’ai notamment pu voir qu’un des appartements que j’avais loués dans le Vieux-Montréal n’était plus disponible sur Airbnb, mais par contre, il était sur Marketplace et VRBO», affirme M. Balme.

Pour le co-porte-parole du RCLALQ, cette technique n’est évidemment pas surprenante.

«C’est sûr qu’il y a des moyens de contourner les règlements et la loi avec Marketplace notamment et faudrait que ce soit plus vérifié, mais le principal problème ça reste les plateformes comme Airbnb et VRBO qui permettent aux utilisateurs commerciaux d’automatiser leurs opérations et le contournement des lois et règlements», soutient-il.

À l’heure d’écrire ces lignes, ni le ministère du Tourisme ni Airbnb n’avaient répondu aux questions du Journal.

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