Élargissement de l’aide médicale à mourir: la mère adoptive de 37 enfants handicapés craint un dérapage
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La fondatrice de l’œuvre Les enfants d’amour, connue pour avoir adopté et élevé 37 enfants handicapés à Saint-Anselme, craint un «dérapage» en cas d’élargissement de l’aide médicale à mourir.
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Lors d’une conférence de presse organisée mercredi dans son domaine de Bellechasse, Louise Brissette, qui a consacré sa vie à la cause des personnes handicapées, a exprimé ses réserves sur le projet de loi 11.
Celui-ci prévoit d’autoriser les demandes anticipées d’aide médicale à mourir (AMM) pour les personnes avec un diagnostic de maladie grave et incurable menant à l’inaptitude à consentir aux soins, comme l’alzheimer.
«L’aide à vivre n’est pas suffisante»
De plus, les handicaps neuromoteurs graves et incurables, comme la paraplégie ou la paralysie cérébrale, deviendraient admissibles à l’AMM.
«C’est pour moi l’ouverture à un dérapage... inconditionnel», s’est inquiétée Mme Brissette, insistant sur le fait «qu’il y a d’autres solutions avant l’aide médicale à mourir».
Elle pense qu’il faut plutôt miser sur le soutien et l’accompagnement des personnes souffrantes, mais déplore que «c’est très difficile de trouver des bons services».
«Si tu as des moments de bonheur, ça ne veut pas dire que tu n’as pas de difficulté, que tu n’as pas de souffrance, mais tu vas au-delà de ça. Mais il faut que tu aies des gens autour pour t’aider.»
À ses côtés, le coordonnateur du réseau citoyen Vivre dans la Dignité, Jasmin Lemieux-Lefebvre, a plaidé que «l’aide à vivre n’est pas suffisante au Québec».
«C’est l’aide à vivre qui doit primer, ce n’est pas l’aide médicale à mourir. Notre contexte québécois nous montre qu’il y a tellement de chemin à faire», a-t-il soumis.
Le regroupement dénonce également que le projet de loi obligerait la minorité de maisons de soins palliatifs qui n’offrent pas l’AMM à proposer ce type de soins.
Un médecin exprime son «malaise»
Médecin gériatre à Québec, le Dr Félix Pageau a également fait part de son «malaise». Il craint que le projet de loi soit le reflet d’une certaine stigmatisation envers les personnes atteintes d’un trouble neurocognitif, ou d’une peur des gens de ne pas recevoir les traitements adéquats, si leur état se dégrade.
Selon lui, l’AMM «devrait être un dernier, dernier recours, mais là, ça devient comme le premier recours pour beaucoup trop de gens, étant donné l’état de notre système». Il doute aussi que le Québec ait les ressources suffisantes pour traiter toutes les demandes anticipées.
Le moment de la conférence de presse n’avait pas été choisi au hasard, puisque les audiences publiques se terminaient mercredi. Les trois intervenants ont déploré de ne pas avoir pu y participer.