Coops de l’information: la fin du papier d'ici la fin de l'année pour les six quotidiens, dont Le Soleil de Québec
Abolition du tiers du personnel avec la fin du papier chez les Coops de l’information
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Les six journaux des Coops de l’information (CN2i), dont Le Soleil, à Québec, cesseront définitivement la publication de leurs éditions papier à la fin de cette année, ce qui entraînera l’abolition d’une centaine d’emplois, soit environ le tiers des effectifs.
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À la fin de mars 2020, Le Soleil, Le Droit, Le Quotidien, La Voix de l’Est, La Tribune et Le Nouvelliste avaient mis fin aux éditions papier la semaine et depuis, il ne reste plus d’imprimé que le samedi.
« On va terminer le papier le 31 décembre, ou proche de cette date. Tous les syndicats sont au courant du plan depuis le début de CN2i. Ils ont été informés l’an dernier de l’ampleur de la réduction de la masse salariale », a indiqué en entrevue la directrice générale des Coops de l’information Geneviève Rossier, qui terminait mercredi une tournée des journaux régionaux pour offrir aux employés d’autres détails sur ce changement à venir.
Attrition et départs volontaires
La nouvelle vague de réduction d’effectifs dans les six journaux, espère-t-on, se fera sans mise à pied.
« Un programme de départs volontaires sera annoncé en juin. On est en discussions présentement avec les syndicats pour bien définir les contours de ce programme, qui sera généreux, mais qui va aussi tenir compte de ce qu’il doit rester de l’argent dans l’entreprise pour continuer les activités », a précisé Geneviève Rossier, ajoutant que l’organisation possède l’expertise dans l’élaboration de ces programmes puisqu’il s’agira du troisième depuis quelques années.
Une autre partie de la réduction des effectifs se fera par attrition. Un gel d’embauche a été décrété à la fin de 2022. Certaines fonctions liées à 100 % à la production des éditions papier deviendront inutiles. Les titulaires des postes touchés, comme à la production des maquettes, auront accès au programme de départ volontaire.
« Notre plan vise à faire en sorte que toutes les marques du groupe (incluant Les As de l’info), au terme de l’exercice, continuent d’être viables dans leurs marchés respectifs », a affirmé Mme Rossier.
Nouvelles plateformes
À la mi-avril, CN2i va lancer de nouvelles plateformes numériques sur le web et sur mobile, qui seront mises à jour en continu. Les six quotidiens offrent un nombre limité d’articles gratuits chaque mois et les lecteurs qui veulent en consommer davantage doivent payer un abonnement. Le nombre d’abonnés numériques dépasse maintenant celui des abonnés au papier, en décroissance.
Les ventes publicitaires, selon la DG de CN2i, « atteignent les objectifs fixés », lesquels tenaient compte d’une diminution progressive des revenus du côté des imprimés.
Des publications depuis longtemps dans la tourmente
Même s’il était entendu que le virage numérique des Coops de l’information entraînerait des suppressions de postes, la prochaine vague de compression s’ajoute à d’autres, au fil d’une histoire marquée par de nombreux défis pour les six journaux régionaux.
La Coopérative nationale de l’information indépendante a été créée à la fin de 2019 à la suite de la faillite de Capitales Médias, propriété de l’ancien politicien libéral Martin Cauchon, qui avait pris le relais du clan Desmarais en 2015. Celui-ci avait hérité d’une entreprise endettée, avec des revenus à la baisse, et n’avait jamais pu redonner une santé financière à ses six journaux, dont les créances s’élevaient à 26 millions $ au moment de la faillite.
La mission d’information régionale a toutefois pu se poursuivre quand les employés et cadres des quotidiens ont formé des coopératives de solidarité en décembre 2019, plus tard, soutenues par un financement public-privé de 21 M$.
Retraites amputées
Les déboires financiers du défunt Groupe Capitales Médias avaient commencé sous Gesca, au début des années 2010, avec le déclin des ventes publicitaires. À cette époque, le virage numérique avait surtout été réservé à La Presse (alors propriété de Gesca), alors que les journaux régionaux n’avaient pas été priorisés.
En 2015, lorsqu’ils ont été vendus pour un montant indéterminé à Martin Cauchon, ces journaux employaient 530 personnes plutôt que les 300 d’aujourd’hui.
Capitales Médias avait par ailleurs hérité de déficits actuariels dans les régimes de retraite. Des congés de cotisation, que s’était accordés l’employeur Gesca auparavant, avaient mené à une sous-capitalisation, si bien qu’au moment de la faillite en 2019, les rentes de retraite des anciens employés ont été amputées jusqu’à 29 %.
Ceux-ci ont mené une longue bataille au plan juridique et politique, sans pouvoir faire de gains.
Par ailleurs, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) a exprimé sa solidarité avec les employés du quotidien Le Soleil, et plus largement ceux touchés par la fin de l’impression papier des quotidiens régionaux des Coops de l’information (CN2i).
« Ce n’est pas seulement la fin de l’édition papier du samedi. C’est la fin du papier tout court, une tradition vieille de plus de 125 ans au Soleil. C’est aussi la fin d’un certain modèle d’affaires dont la transformation était amorcée depuis quelques années », commente Alexandre Duval, président de la FPJQ section Québec.
Avec tous les bouleversements vécus ces dernières années, dans les médias d’information en général, la question des revenus publicitaires n’a pas encore été réglée.
« Ça démontre l’urgence d’aller de l’avant avec le projet de loi C-18, afin de rétablir un équilibre financier », indique Michaël Nguyen, président de la FPJQ.
– Avec la collaboration de Jean-François Racine