«Des vagues de trois ou quatre pieds»: un Saint-Laurent déchaîné n'a laissé aucune chance aux migrants à Akwesasne
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Le Saint-Laurent était déchaîné au moment de la traversée des migrants, qui seraient partis mercredi soir dernier de l’Ontario avant d’être retrouvés morts hier à la hauteur de la réserve mohawk d’Akwesasne, en territoire québécois.
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«Maintenant, c’est comme un miroir, mais avant-hier, il y avait des vagues de trois ou quatre pieds. Leur petit bateau bleu n’a eu aucune chance», se désole Sturge Lazore, le capitaine des pompiers de la station 3 de Hogansburg-Akwesasne, située à environ 130 km de Montréal.
Les pompiers volontaires de sa caserne ont été appelés la veille aux alentours de midi pour partir à la recherche d’une personne portée disparue.
Ils ont finalement repêché le corps de six personnes dans les eaux glacées du fleuve, et deux manquent toujours à l’appel.
Au moins six victimes seraient des migrants qui tentaient de traverser la frontière canado-américaine, dont trois ressortissants indiens, selon nos sources.
«Ils portaient tous des gilets de sauvetage à l'exception du conducteur. Lui, il n’a pas encore refait surface», poursuit M. Lazore.
Ce dernier croit que les passagers sont embarqués à Cornwall Island, en Ontario, et comptaient se rendre à la réserve d’Akwesasne (au Québec), à environ 1,5 km en bateau.
Il est ensuite simple de franchir la frontière avec les États-Unis, à quelques mètres de là.
Mais en chemin, leur embarcation aurait été emportée par les vagues et aurait dérivé sur environ 5 km, selon la brigade nautique.
«Nos aînés nous ont toujours dit d’être très prudents. Les courants sont très puissants au printemps, et avec la fonte, l’eau est glacée», ajoute Sturge Lazore.
Sa caserne reçoit environ trois ou quatre appels à l’aide par année de migrants dont la traversée a mal tourné.
En avril dernier, ils avaient d’ailleurs dû secourir six migrants d’origine indienne, se rappelle le capitaine.
«C’est un problème de police frontalière, jusqu’à ce que ça devienne le nôtre. On est comme coincés au milieu, avec tout le trauma et le travail que ça implique», laisse tomber Sturge Lazore.
Les recherches se poursuivaient ce matin pour tenter de retrouver les deux personnes manquantes.
– Avec Félix Séguin