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Les barbares du logement

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Ça prend parfois des drames pour que des vérités nous sautent au visage. C’est le cas avec l’incendie dans le Vieux-Montréal. 

La première vérité, c’est qu’Airbnb se fiche de nos lois et est une vraie épine dans le pied de la crise du logement. Sans contraintes, il continuera de contourner nos lois.

La deuxième, c’est que la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, faisait d’abord de la comm. en 2019, lorsqu’elle annonçait qu’Airbnb était maintenant encadrée au Québec. 

La troisième, c’est que le gouvernement Legault fait le strict minimum pour s’attaquer à la crise du logement, alors qu’il aurait tout intérêt à le faire.

Les lois pour les autres

Selon une étude, on apprend qu’Airbnb accapare plus de 29 000 logements au Québec, dont une bonne majorité pourrait être sur le marché locatif. 

79 %, donc plus de 23 000, seraient illégaux, c’est-à-dire qu’ils n’auraient aucun numéro d’enregistrement, ce qui est prévu par la loi pour la location à court terme!

Sur le gril, Airbnb s’engage maintenant à faire respecter la loi québécoise, tout en affirmant que c’est au gouvernement de la faire respecter, qui lui, candide, salue l’effort de l’entreprise. 

C’est normal si vous devez relire cette dernière phrase. 

La situation est doublement ridicule. 

On permet de retirer des milliers de logements du marché, pendant que nos gouvernements sont incapables d’en construire suffisamment. 

Pour les touristes qui arrivent, Airbnb est certes intéressant – j’en suis! – mais pour les villes qui reçoivent, ils se transforment souvent en plaie. 

Regardez le Vieux-Québec ou le Vieux-Montréal, parlez-en aux résidents du Plateau ou de Charlevoix. Parlez-en, aussi, aux hôteliers, qui eux agissent conformément à la loi, pendant que s’est développée une business touristique illégale en parallèle.

Faire comme si

En 2019, la ministre Caroline Proulx affirmait qu’Airbnb était maintenant encadrée au Québec, grâce à son nouveau règlement. 

Rebelote, la loi était une note de bas de page pour l’entreprise. 

Airbnb a fait ce qu’elle fait ailleurs: percer un marché en jouant dans les zones grises des lois, en espérant que les gouvernements regardent ailleurs.

Ici, effectivement, on a regardé ailleurs. 

Montréal est devenue la capitale Airbnb du pays, là où le nombre de locations illégales est le plus élevé parmi les villes canadiennes. L’innocence est dure à plaider ici, tout le monde affirmait qu’on n’y respectait pas les règles : les experts, les villes, Revenu Québec, les partis d’opposition...

Comme Uber avec le gouvernement Couillard, on a fait fi de réglementer. 

On a laissé la confusion s’installer. Et maintenant, on s’en étonne.

La CAQ et le logement

La CAQ est passée de nier la crise du logement à la reconnaître du bout des lèvres, tout en s’en tenant au strict minimum. 

On pense à des «stratégies», à de la «collaboration». Ou bien, on accuse la mairesse Plante de «toujours vouloir plus d’argent».

Et pourtant. 

Pour eux qui sont soucieux de la création de richesse, n’y aurait-il pas intérêt à s’y pencher? Construire des logements stimulerait les industries québécoises, créerait des emplois et engendrerait de nouveaux revenus fonciers... 

Le PM Legault et ses ministres pourraient couper des bandeaux partout au Québec...

Ce serait aussi une façon de «remettre de l’argent dans les poches» des Québécois – qui paient de plus en plus pour se loger. Et ce, sans baisser les impôts.

Un win-win, comme on dit dans la langue du faucon pèlerin.

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