Crise en Haïti: une diaspora montréalaise bruyante se fait entendre devant le bureau de Trudeau
Des Haïtiens témoignent de leur exaspération face à l’inaction du Canada
Plusieurs membres de la diaspora haïtienne se sont massés dimanche devant le bureau du premier ministre Trudeau, à Montréal, sommant son gouvernement à en faire davantage pour sécuriser leurs proches qui sont affectés par la crise dans leur pays natal.
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«S’ils ont un minimum de respect pour nous, [les autorités] vont s’impliquer de façon sérieuse et pertinente», a souligné au Journal Wilner Cayo, président de l’organisme Debout pour la dignité.
Quelques minutes plus tard, il a tenu un discours enflammé devant les quelque 200 Haïtiens qui étaient réunis sur le boulevard Crémazie Est, en bordure de l’autoroute 40.
«Nous voulons un engagement sérieux!» a-t-il tonné à répétition.
Sous le soleil printanier qui frappait la métropole, les manifestants ont aussi scandé une foule de slogans: «Mettons fin aux kidnappings», «Le Canada peut faire une différence», «Non aux politiciens corrompus».
Moments de terreur
Inquiétude et colère étaient par ailleurs palpables chez les personnes interrogées par Le Journal.
«On vit des moments de terreur. On vit dans la peur, il y a de l’insécurité partout. On nous rançonne pour de l’argent qu’on ne possède même pas», a déploré Holanda Beaubrun.
Cette mère de famille ne compte même plus les dollars donnés pour aider des connaissances extorquées par des gangs violents en Haïti.
«On se demande au quotidien ce qui va arriver à nos proches», a ajouté Mme Beaubrun, dont les parents et la sœur sont constamment sur leur garde dans leur pays natal.
Ronalde Obas, dont les épaules étaient couvertes par un grand drapeau haïtien, a pour sa part témoigné de l’exaspération qui gruge la diaspora.
«On est fatigués de voir nos enfants, nos frères et sœurs, nos cousins [...] souffrir et mourir de faim», a-t-elle résumé.
Celle qui habite le Québec depuis une quinzaine d’années a d’ailleurs déboursé récemment 400$ pour venir en aide à une amie pour répondre à une rançon.
Le Service de police de Montréal (SPVM) n’a signalé aucun dérapage lors de la manifestation.