Leurre de mineurs: une activité facilitée par la technologie?
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Dans ma chronique du 29 mars, je me questionnais sur les enjeux éthiques de l’intelligence artificielle et de son utilisation criminelle. Mon propos ? Il ne faut pas attendre que cette technologie nous dépasse pour commencer à baliser son utilisation, particulièrement dans la robotique.
Certes, il est important de se questionner sur l’avenir du marché de l’emploi et ce débat ne date pas d’hier, mais qu’en est-il des autres utilisations possibles ? Il y a bien évidemment la fraude, qu’elle ait un objectif financier, électoral ou pornographique, et le leurre de mineurs. Certaines technologies permettent même de tromper les cibles sans trop se fatiguer.
Bien qu’il soit encore difficile d’établir la prévalence du leurre de mineurs en ligne, il représentait 77 % des infractions sexuelles en ligne concernant des mineurs déclarées à la police en 2020.
Qu’est-ce que le leurre de mineurs en ligne ?
Le leurre de mineurs consiste à communiquer avec un enfant ou un adolescent par un moyen de télécommunication (internet, réseaux sociaux, texto, etc.) en vue de faciliter la perpétration d’une infraction d’ordre sexuelle. Cette infraction est passible d’une peine minimale d’un an et d’un maximum de 14 ans.
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Ce type de leurre est dans les faits de l’exploitation sexuelle de mineurs au même titre que la pornographie juvénile, la sextorsion, l’agression sexuelle, etc. Il peut demeurer sur le mode virtuel ou se poursuivre en présentiel et aboutir à des agressions sexuelles. En ligne, il s’actualise sous la forme de conversations ou d’échanges d’images et de vidéos à caractère sexuel. Il peut également consister en de l’exhibitionnisme (dick pic) ou s’actualiser par des agressions sexuelles en ligne.
Qui sont les auteurs de ces crimes ?
Plus de 90 % des jeunes de 12 à 16 ans navigueraient sur internet et les réseaux sociaux de manière régulière. Ils seraient de 20 % à 32 % à avoir été sollicités sexuellement. Deux constats se dégagent : les jeunes n’adopteraient pas systématiquement des comportements sécuritaires en ligne et lorsqu’ils sont victimes d’exploitation, ils préfèrent garder le silence.
Imaginez alors le terrain de chasse de ces prédateurs !
Qui sont ces individus ? Il est difficile d’établir un portrait exact. Ce sont majoritairement des hommes adultes de différentes classes sociales. Certains amorcent des rencontres en ligne afin d’obtenir par la suite des contacts hors ligne avec des mineurs. D’autres cherchent plutôt à nourrir leurs fantasmes pédophiliques sans forcément rechercher de contacts hors ligne. Enfin, ces hommes peuvent cibler uniquement des mineurs ou différentes tranches d’âge (adultes et mineurs).
- Écoutez la chronique de Maria Mourani au micro de Richard Martineau, disponible en balado sur QUB radio :
Que pouvons-nous faire pour protéger nos enfants ?
En attendant que les entreprises prennent leurs responsabilités envers la sécurité des usagers ou que les gouvernements les y obligent, il reste la prévention par l’enseignement des mesures sécuritaires de base (l’hygiène virtuelle) et le contrôle parental. N’hésitez pas à vous répéter !
Toutefois, une question me turlupine : est-ce vraiment nécessaire que des jeunes de 9 à 14 ans soient sur les réseaux sociaux ?