Canadien: Denis Gurianov ne portera pas le chandail de la fierté LGBTQ+ ce soir
On voyait la situation se présenter depuis quelques semaines et on ne s’était pas trompé: Denis Gurianov fera l’impasse sur la période d’échauffement, ce soir. Pour des motifs de sécurité familiale, l’attaquant russe refuse de porter le chandail arc-en-ciel créé en l’honneur de la soirée de la Fierté.
«Je respecte sa décision», a indiqué Martin St-Louis, après l’entraînement matinal tenu en prévision de la visite des Capitals.
Bombardé de questions sur le sujet, l’entraîneur-chef du Canadien a défendu son attaquant bec et ongles.
«On ne sait pas quelles pourraient être les répercussions là-bas. Je ne suis pas Guri. Je ne suis pas dans ses souliers», a-t-il indiqué.
L’attaquant de 25 ans n’est pas le premier joueur russe à choisir de ne pas participer à cette soirée. Ivan Provorov, des Flyers, avait ouvert le bal, invoquant des motifs religieux.
Pour leur part, Ilya Lyubushkin (Sabres), Andrei Kuzmenko (Canucks) et Ilya Samsonov (Maple Leafs) avaient, à l’instar de Gurianov, mis cette décision sur le dos d’une loi russe qui interdit la promotion des «valeurs non traditionnelles» dans plusieurs sphères de la société. Contrevenir à cette loi entraînerait des conséquences graves.
«Ça prend du courage pour Guri, a lancé St-Louis. Il y a toujours un prix à payer. Il va protéger sa famille, mais il va s’exposer à des millions [de personnes]. Tout le monde va le juger.»
«Moi, j’ai de la difficulté à le juger. Guri, c’est un bon kid. La famille, tu essaies toujours de protéger ça», a-t-il ajouté.
Des exceptions
Outre les Russes, James Reimer (Sharks) ainsi que les frères Eric et Marc Staal (Panthers) ont refusé de participer à la soirée de la Fierté organisée par leur équipe.
D’ailleurs, St-Louis se désole que le refus d’une poignée d’individus porte ombrage à l’initiative de toute une ligue.
«Il y a combien de joueurs dans la LNH? 800? Combien ont refusé de le porter? a demandé le Lavallois. Je sens qu’il y a tellement plus de positif.»
- Écoutez l'entrevue avec Rafaël Provost, directeur général de ENSEMBLE pour le respect de la diversité à l’émission de Sophie Durocher diffusée via QUB radio :
«On accroche sur le malaise, au lieu d’accorder de l’importance à tout le bon que ça amène. Le malaise est créé par des situations difficiles pour certains joueurs qui essaient de protéger leur famille. C’est délicat», a-t-il poursuivi.
Sauf que ce que l’entraîneur-chef du Canadien oublie, c’est que des équipes ont carrément choisi d’annuler leur soirée de la Fierté. C’est le cas des Rangers de New York, du Wild du Minnesota, des Blackhawks de Chicago et des Blues de Saint-Louis.
Empathie et compassion
Si on veut tirer du positif de la situation, on peut affirmer que ces décisions ont permis à ces soirées d’obtenir une visibilité qu’elles étaient loin d’avoir lors des années passées. Une occasion de ramener cette cause à l’avant-plan et de pousser les réflexions un peu plus loin.
«Ces belles initiatives du Canadien et de beaucoup d’équipes amènent l’attention sur des choses qui nous aident à nous améliorer comme société», a déclaré St-Louis.
«Une des belles qualités dans la vie, c’est d’avoir de l’empathie et de la compassion. Quand tu as ça, tu t’assures toujours que les gens autour de toi soient bien. Une journée comme aujourd’hui, c’est un signe de ça. C’est comme de dire: “On vous aime.” On est tous sur cette planète. On devrait tous s’aimer les uns, les autres.»