Cet olympien a vécu le blues post-olympique et ne savait plus à quoi s'accrocher
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Après avoir réalisé pour plusieurs un rêve de jeunesse, le blues post-olympique n’est pas un mythe entretenu par certains pour expliquer leur baisse de motivation.
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À son retour des Jeux de Tokyo en août 2021, le kayakiste Pierre-Luc Poulin a été frappé de plein fouet par le blues post-olympique. Depuis toujours, le natif de Lac-Beauport rêvait de participer au rendez-vous de Pierre-de-Coubertin.
Son objectif atteint, Poulin ne savait plus à quoi s’accrocher pour maintenir sa motivation. «Le retour de Tokyo a été dur, et toute mon inspiration sportive avait disparu, a-t-il confié. Je n’avais pas prévu l’après-Tokyo. Pendant la pandémie, je m’étais façonné une grosse carapace afin que rien ne puisse m’affecter.»
Poulin a pleinement réalisé l’ampleur de la situation au moment d’amorcer la préparation au camp de l’équipe nationale à San Diego.
«Après ma qualification aux Jeux, la pression est retombée, a-t-il illustré. Je devais repartir sur de nouvelles bases. Après toutes ces années à m’entraîner en Floride, je me retrouvais dans un environnement que je ne connaissais pas.»
L’environnement était une chose, mais le départ de son entraîneur de toujours a également pesé lourd. Entraîneur de Poulin au club de Lac-Beauport et avec l’équipe canadienne par la suite, Frédéric Jobin, qui ne voulait plus voyager autant pour être auprès de ses deux jeunes enfants, a quitté son poste avec l’équipe senior au printemps 2021.
«Lors du départ de Fred à un moment charnière de ma carrière où je tentais de me qualifier pour Tokyo, je ne me suis pas laissé affecter parce que je n’avais pas le temps et pour demeurer concentré sur ma tâche, mais la réalité m’a rattrapé à mon retour à l’entraînement après les Jeux, a-t-il expliqué. Après toutes ces années, j’étais devenu super proche de Fred. Son départ a créé un grand vide.»
«La flamme a disparu»
Passionné de son sport, Poulin ressentait, comme il le dit, un grand vide. «Je voulais aller vite sur l’eau et m’entraîner, mais je n’avais pas l’énergie et je ne savais pas pourquoi. J’avais perdu la flamme et je me suis posé la question si ma carrière était terminée. Avant, j’avais mon rêve olympique qui me motivait. J’avais maintenant réalisé mon rêve et je devais me trouver une autre raison pour continuer.»
Tout en poursuivant l’entraînement au Québec, Poulin a fait l’impasse sur deux camps de l’équipe nationale. «Je devais trouver une solution et j’ai décidé de prendre du temps pour moi, a-t-il souligné. Le défi était de trouver ce que je voulais. Prendre un pas de recul a été une bonne chose parce que j’ai retrouvé l’amour du kayak. On pousse tellement la machine que j’avais oublié pourquoi j’aimais mon sport.»
Poulin est maintenant plus en mesure d’apprécier des moments simples de son quotidien d’athlète. «J’apprécie me retrouver sur l’eau; la chance de de me qualifier pour les Jeux; partager du temps avec des partenaires avec qui je vis des choses particulières. Peu de collègues de travail passent deux mois et demi par année ensemble aux États-Unis.»
Poulin avait vécu des moments encore plus inquiétants quand il s’était blessé en mars 2021, une semaine avant les essais olympiques. «Ce ne fut pas la période la plus difficile de ma carrière parce que ma blessure à une main à un moment critique avant les essais olympiques m’avait vraiment sorti de ma zone de confort. Je ne savais pas si j’allais être en mesure de revenir en forme en temps. Les deux situations sont différentes.»
Passion retrouvée
Maintenant qu’il a retrouvé la passion pour son sport, Poulin est motivé plus que jamais après une excellente saison en 2022, où il a notamment terminé en 5e place en K-4 500 m au championnat mondial.
«Pendant 12 ans, j’ai voulu faire partie de l’élite mondiale, et ça va continuer de bien aller si les efforts sont en place. Je sais que la retraite va arriver un jour, mais pour le moment, je veux en profiter le plus possible.»
Poulin sera en action du 17 au 21 avril à San Diego lors des premiers essais nationaux qui détermineront les athlètes qui prendront part aux premières compétitions de la saison de la Coupe du monde.