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Culture du cannabis à domicile: des consommateurs de pot québécois sont déçus

Les démunis, croient-ils, vont continuer à faire les frais de l’interdiction de cultiver

GEN - MAXIME FOURNIER
Maxime Fournier, un résident de Saint-Constant qui détient une licence de production médicale, fait valoir qu’il est beaucoup moins coûteux de produire son cannabis à la maison. Photo Martin Alarie


Des consommateurs de cannabis québécois qui fondaient leurs derniers espoirs sur la Cour suprême afin de pouvoir faire pousser du pot à la maison sont déçus du jugement émis ce vendredi.

« Il y a beaucoup de gens qui sont déçus, dont moi. J’aimerais ça en faire pousser de façon légale, sans avoir peur », a souligné Benjamin Vachon, consommateur de cannabis et ex-candidat pour le Bloc Pot.

Vendredi, la Cour suprême a tranché en faveur du Québec. Ailleurs au pays, on peut faire pousser du cannabis chez soi en toute légalité, contrairement au Québec.

« Si j’avais le droit, c’est sûr que je ferais pousser mes quatre plants, affirme Hugues Ouimet, consommateur de cannabis résidant à Saint-Lambert. C’est comme l’agriculture. C’est le fun de goûter au produit que tu as fait pousser toi-même. »

Maxime Fournier, lui, détient une licence pour faire pousser du cannabis médicinal. Il croit que « ce sont les plus démunis » qui sont les plus touchés par l’interdiction québécoise.

Moins cher

Il constate que de faire pousser son propre cannabis lui coûte deux fois moins cher que s’il l’achetait à la SQDC.

« [Ils] vont prendre de l’argent qui devrait leur servir à manger pour acheter leur cannabis », croit-il.

C’est un argument que met aussi de l’avant Jean-Sébastien Fallu, professeur à l’École de psychoéducation de l’Université de Montréal. « Il y a des gens, dit-il, qui n’ont pas les moyens d’aller sur le marché légal du cannabis ou qui habitent très loin d’une SQDC. »

Hugues Ouimet aurait souhaité que la Cour suprême étende la permission de cultiver au Québec.

« C’est comme si on était à l’extérieur du Canada. Je trouve ça un peu injuste. Ici, on dirait le gouvernement a peur, mais je ne sais pas de quoi, parce que tu ne vas pas devenir riche avec quatre plants. »

Pour les consommateurs comme lui, le droit de contrôler ce qu’ils utilisent est ainsi brimé.

Pesticides

« Tout ce qui est à la SQDC, c’est contrôlé par les compagnies. Il y a des pesticides et toutes sortes de produits que les gens ne veulent pas retrouver dans leur cannabis », souligne Benjamin Vachon.

Finalement, cette interdiction québécoise ne fera qu’avantager le marché noir auquel la légalisation tentait de s’attaquer, déplore M. Fallu. Il rappelle que certains experts avaient pourtant vanté l’approche de l’autoproduction.

« Au Canada, on est rendu avec un oligopole de production de masse et des consommateurs ne peuvent pas s’en faire pousser alors que des experts pensaient que c’était plus axé sur la santé publique de faire l’inverse. » 

Dates marquantes 

  • 2018 | Le gouvernement fédéral adopte sa Loi sur le cannabis qui permet un maximum de quatre plants de pot à la maison
  • 2018 | Presque au même moment, le Québec réplique en se dotant de sa propre loi pour encadrer le cannabis et interdit toute production à des fins récréatives à domicile
  • 2022 | Un Québécois saisit la Cour suprême pour contester l’interdiction en plaidant qu’elle empiète sur les compétences fédérales
  • 2023 | La Cour suprême se range du côté du Québec, qui pourra continuer d’être la seule province à interdire les plants de pot à la maison
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