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La guerre culturelle gagne le Québec

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Éric Duhaime nous propose une pétition, qui ne gagnerait pas un concours de nuances, s’intitulant «Protéger les enfants des drag-queens».

Voyez-vous, un danger aurait infiltré nos écoles.

On serait en voie de faire entrer des drags dans nos classes.

Duhaime est écolo, il fait du recyclage: des mesures sanitaires, le péril s’est métamorphosé en drag-queen.

C’est une tentative à peine cachée d’importer ici une hystérie américaine, portée par les républicains et Fox News, qui ont monté en épingle des anecdotes.

Et d’importer du même coup un des principaux enjeux actuels de ce qu’on appelle la guerre culturelle américaine.

La guerre culturelle, définissons-la par deux camps s’affrontant et se regardant comme des chiens de faïence, convaincus de porter les «bonnes» valeurs morales et nationales.

Bref, Duhaime essaie de transformer un non-enjeu en controverse québécoise.

Il réussit bien: près de 28 000 personnes ont signé ladite pétition. Et ce, même si personne n’a jamais soulevé un seul problème, une seule histoire malencontreuse à propos d’une drag-queen. Un succès très duhaimien.

Une diabolisation des adversaires

Il n’est pas le seul à souhaiter ce climat de guerre culturelle, qui s’installe au Québec, principalement sur les questions identitaires.

Les «ultras» de chaque côté l’instillent sans retenue, en se légitimant mutuellement et en nous imposant des enjeux venus d’ailleurs, américains ou français.

Les progressistes clament leur supériorité morale, les conservateurs voient dans chaque revendication des minorités une menace existentielle de la nation. L’Autre est toujours un ennemi, une menace.

La controverse liée au tweet sur l’héritage catholique du PM Legault l’incarne bien.

Il y a certainement un problème de cohérence, une sorte de catho-laïcité aussi, mais cela méritait-il une controverse nationale?

C’est le propre de la guerre culturelle, en fait: une polarisation extrême, une diabolisation de l’adversaire, et à la fin, un impossible dialogue.

Nous avons toujours évité ces déchirements. La guerre culturelle, c’était d’abord une affaire américaine.

Ce n’est plus le cas. Et personne n’en sortira gagnant.

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