/entertainment/tv
Publicité

Série «Elles»: 5 questions à la réalisatrice et scénariste Sabrina Hammoum

WE 0415 TELE Questions
Sabrina Hammoum, réalisatrice et scénariste d’Elles Photo fournie par Dominique Chartrand


C’est par le documentaire que Sabrina Hammoum joue un rôle social dans notre communauté. Dans la série Elles, elle s’est investie pour faire connaître des collectifs de femmes dans toute la planète qui contribuent à nous faire avancer comme société et à provoquer des changements.

Auparavant, avec L’envol des aigles et Une place pour eux, elle se penchait sur le pouvoir de l’éducation dans le parcours des jeunes dont la trajectoire n’est pas une ligne droite. Un toit pour moi suivait l’évolution de la première maison de la Fondation Véro et Louis pour les jeunes adultes autistes. Ma maison bleue était une incursion intime auprès de femmes vulnérables. Elle a également abordé la dépression avec Koriass, revenir de loin

WE 0415 TELE Questions
Elles Photo fournie par TV5

Et actuellement, elle planche sur une série qui remet en question nos habitations en cette ère de crise climatique, avec Christine Beaulieu et l’architecte Pierre Thibault.  

Pourquoi t’être intéressée à des collectifs de femmes plutôt qu’à des initiatives individuelles ?

C’était à la base du concept parce que je suis convaincue que le nombre fait la force. Je suis une grande passionnée d’information, d’histoire, de philosophie. J’avais envie de comprendre comment des femmes s’unissent pour améliorer leur sort et par le fait même, la société. C’est un féminisme qui sert à tout le monde. Je crois aux alliances, à la communauté. Ensemble, on peut changer des choses. J’ai d’ailleurs eu une équipe extraordinaire et j’ai senti que nos démarches avaient eu un impact sur nous.


Est-ce que ce sont les collectifs ou la réalité des lieux qui ont influencé le choix des pays visités ?

Je suis partie des sociétés et de leurs enjeux. Au Mexique, il y a beaucoup de féminicides et on connaît moins les femmes qui luttent. Je suis allée trois fois au Japon et je ne me doutais pas que les femmes étaient encore aussi discriminées. En Allemagne, on s’est rendu compte que les enjeux étaient plus de l’ordre du quotidien, de la vie ordinaire. Par exemple, beaucoup d’Allemandes n’arrivent pas à continuer leur carrière quand elles ont des enfants parce qu’il n’y a pas de service de garde après 15 h. C’est une discrimination internalisée pour laquelle on adopte des comportements par habitude. En Espagne, nous avons rencontré un groupe d’architectes et d’urbanistes qui transforme les espaces publics et les rend plus fonctionnels pour les enfants et les personnes âgées. À la base, l’architecture est conçue par des hommes pour des hommes et pour répondre aux besoins capitalistes. On a fait une ronde de nuit en ciblant un quartier où il manquait de lumière. Sécuriser les lieux pour que les femmes puissent circuler sans peur est un changement concret. 


Quelles sont les préoccupations communes des femmes, tous pays confondus ?

Toutes les questions de sécurité. Marcher dans les rues tard le soir préoccupe bien des femmes. L’hyper vigilance. Les diktats de beauté. On est encore dans un monde d’images, de stéréotypes. La liberté de disposer de notre corps aussi. Et le sport est encore un territoire occupé par les hommes. Comment se fait-il que dans nos villes, les hommes aient plus le privilège des espaces publics ?


Pourquoi avoir choisi Sarahmée pour porter la série ?

Je n’avais pas envie d’une animation de transition. Je voulais une protagoniste qui s’intègre aux autres. Sarahmée est facile d’approche. Elle s’intéresse aux gens. Dans ses réflexions, on sent aussi les miennes. Une vraie communauté s’est créée sur le tournage. Pour chaque épisode, je faisais une longue entrevue avec elle sur ses connaissances, puis une autre à la fin sur ce qu’elle a retenu. Ça servait l’introduction et la conclusion. On suit sa quête. Elle ne s’adresse jamais à la caméra, elle est dans l’action. Elle a été très rassembleuse. Elle n’a pas eu peur de se mettre en danger. Je pense à l’affichage sauvage en France notamment. On était tous stressés. L’épisode sur le Sénégal est d’ailleurs un peu différent parce qu’il est plus intime. C’est de là qu’elle vient. Ça lui a permis de voir ce qu’aurait été sa vie. Le pouvoir sera bientôt aux femmes. Au Sénégal, il y a un vrai travail de fond.


En 2023, on sent que certains droits acquis sont fragilisés. Il y a encore des luttes à faire. As-tu l’impression que cette série tombe à point ?

C’est une série lumineuse et non culpabilisante. On y parle de féminisme sans aliéner personne. C’est très inclusif. Je me suis d’abord intéressée à des histoires de femmes, puis à des pays, des collectifs, des enjeux. C’est devenu un chantier énorme. Je découvrais toujours plus à quel point cette série était pertinente pour tout le monde. Il faut toujours être vigilants et informés. 


Elles, le vendredi 21h à TV5







Commentaires

Vous devez être connecté pour commenter. Se connecter

Bienvenue dans la section commentaires! Notre objectif est de créer un espace pour un discours réfléchi et productif. En publiant un commentaire, vous acceptez de vous conformer aux Conditions d'utilisation.