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Meurtre, empoisonnement, exil: comment Poutine fait la vie dure à ses opposants

Meurtre, empoisonnement, exil: comment Poutine fait la vie dure à ses opposants
AFP


Après la condamnation à 25 ans de prison de l’opposant de longue date Vladimir Kara-Mourza lundi, retour sur la répression qui a frappé les grands détracteurs du président russe Vladimir Poutine depuis son arrivée au pouvoir en 2000. 

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Assassinés

Ancien vice-premier ministre, pressenti un temps pour succéder au président Boris Eltsine face à Vladimir Poutine, Boris Nemtsov était devenu dans les années 2000 un détracteur majeur du président russe.

En 2014, il s’était opposé à l’annexion de la Crimée et au soutien militaire du Kremlin aux séparatistes de l’est de l’Ukraine.

Moins d’un an plus tard, en février 2015, Nemtsov est assassiné de quatre balles dans le dos sur un pont à quelques dizaines de mètres du Kremlin. Il avait 55 ans.

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Une photo de Boris Nemtsov avait été déposée non loin d'une rue qui portait nouvellement son nom, à Washington, en février 2018. Photo Drew Angerer/AFP

Ses soutiens ont accusé le satrape tchétchène Ramzan Kadyrov d’en avoir donné l’ordre, ce qu’il nie. Cinq Tchétchènes ont néanmoins été condamnés pour ce meurtre, sans que le commanditaire n’ait jamais été officiellement identifié.

Dix ans plus tôt, en octobre 2006, Anna Politkovskaïa, une autre critique connue de MM. Poutine et Kadyrov, avait été abattue dans le hall de son immeuble à Moscou.

Cette journaliste à Novaïa Gazeta, principal média indépendant du pays, avait documenté et dénoncé pendant des années les crimes de l’armée russe en Tchétchénie.

Emprisonnés

D’autres critiques ont évité de peu la mort et se sont retrouvés en prison.

Alexeï Navalny, militant anticorruption de 46 ans, a été victime en 2020 en Sibérie d’un grave empoisonnement qu’il attribue au Kremlin, ce que ce dernier dément.

À son retour en Russie en janvier 2021, après une convalescence en Allemagne, il a été immédiatement arrêté. Il purge depuis mars une peine de neuf ans de prison pour des accusations de fraude, qu’il juge montées de toutes pièces.

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Alexeï Navalny lors d'une manifestation en mémoire de Boris Nemtsov à Moscou, en février 2018. Photo Vasily MAXIMOV / AFP

Vladimir Kara-Mourza, 41 ans, dit avoir survécu par le passé à deux empoisonnements. Lundi, il a été condamné à 25 ans de prison, reconnu coupable de «haute trahison», de «fausses informations» sur l’armée et de travail illégal pour une organisation «indésirable».

Un autre critique réputé, Evguéni Roïzman, 60 ans, ancien maire de la ville d’Ekaterinbourg, a plusieurs fois été arrêté, puis relâché. Il est accusé d’avoir «discrédité» l’armée et risque plusieurs années de prison lors d’un procès qui s’ouvre fin avril.

En décembre, un autre opposant connu, Ilia Iachine, 39 ans, a été condamné à huit ans et demi de prison pour avoir dénoncé «le meurtre de civils» dans la ville ukrainienne de Boutcha, près de Kyïv, où l’armée russe a été accusée d’exactions, ce que nie Moscou.

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  • Écoutez la chronique de Loic Tassé, spécialiste en politique internationale au micro de Benoit Dutrizac sur QUB radio : 

Exilés

La grande majorité des figures de l’opposition restées en Russie sont emprisonnées. Les autres ont fui.

Mikhaïl Khodorkovski, un ancien magnat du pétrole, a passé 10 ans en prison après s’être opposé à M. Poutine au début des années 2000. Depuis sa libération en 2013, l’ex-oligarque est réfugié à Londres, d’où il finance des plateformes d’opposition.

Beaucoup de partisans de M. Khodorkovski, mais aussi d’Alexeï Navalny, ont quitté la Russie depuis 2021, année qui a marqué une forte accélération de la répression.

Cette répression s’est accentuée depuis l’offensive en Ukraine, qui a aussi poussé des milliers de soutiens de l’opposition, pas seulement ses cadres, à s’exiler.

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Mikhail Khodorkovsky, en février dernier, à Munich. Photo Odd ANDERSEN / AFP

«Agents de l’étranger»

Ceux qui ont échappé à la mort ou à la prison risquent une autre punition: être désignés «agents de l’étranger».

Ces dernières années, cette étiquette infamante, qui évoque le lexique de la terreur stalinienne, a été accolée à des dizaines de médias, ONG, journalistes, militants ou artistes.

Ce statut les oblige à se soumettre à des contraintes kafkaïennes. Ils doivent notamment indiquer leur qualité d’«agents de l’étranger» dans toutes les publications, sous peine de sanctions.

L’hiver dernier, l’ONG Mémorial, colauréate du prix Nobel de la paix 2022 et pilier de la défense des droits de la personne, a été démantelée sur ordre de la justice russe pour avoir violé la loi sur les «agents de l’étranger».







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