Âge minimal pour travailler fixé à 14 ans: «On pourrait briser 90 000 rêves!», déplore la FCEI
Les 90 000 jeunes de moins de 14 ans qui travaillent actuellement devraient pouvoir rester en emploi, estime la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI).
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«On pourrait briser 90 000 rêves!», a déploré mardi le vice-président pour le Québec à la FCEI, François Vincent. Ce dernier était de passage devant les députés dans le cadre de la commission parlementaire portant sur le projet de loi encadrant le travail des enfants.
Cette législation pilotée par le ministre Jean Boulet prévoit que l’âge minimal pour travailler soit fixé à 14 ans au Québec dès maintenant et que les jeunes de 16 ans et moins ne puissent se rendre au boulot plus de 17 heures par semaine durant l’année scolaire à compter du 1er septembre prochain.
Se disant préoccupé par le bien-être et le développement des jeunes, le représentant des PME demande au gouvernement Legault de permettre aux adolescents de moins de 14 ans qui sont déjà sur le marché du travail de pouvoir conserver leur emploi.
La nouvelle loi «va obliger les employeurs à licencier les jeunes de moins de 14 ans trente jours après la sanction, des jeunes qui sont déjà en emploi. Cela représentera près de 90 000 jeunes qui vont être licenciés. Nous comprenons qu’il y a une nouvelle limite qui est établie, mais ces derniers sont déjà à l’emploi, ont déjà leur routine, ont leurs amis au travail, ont leur argent de poche», a plaidé François Vincent.
Il ajoute que plusieurs adolescents ont vécu difficilement les dernières années de pandémie. «Ces milliers de jeunes qui vont se faire montrer la porte, ce sont les mêmes qui n’ont pas pu pratiquer leur sport et voir leurs amis pendant près de deux ans», a-t-il insisté.
Selon le vice-président de la FCEI, Québec doit prévoir une «dérogation» pour ces adolescents qui, dans bien des cas, devront cesser de travailler pour quelques mois, voire quelques semaines, jusqu’à leur anniversaire de 14 ans. Certains pourraient mal vivre cette situation.
«(Imaginez) un jeune dont la fête tombe en septembre et tous ses amis vont faire du travail d’été, mais lui, il va être pris à jouer au Nintendo dans le sous-sol», a illustré M. Vincent.
Entreprises familiales
La FCEI demande aussi au ministre du Travail de permettre à tous les propriétaires et administrateurs d’entreprises familiales, incluant celles qui comptent plus de dix salariés, de pouvoir employer leurs enfants.
Une suggestion partagée par le Conseil du patronat du Québec. Le président, Karl Blackburn, souligne que les entreprises familiales comme les petites épiceries ou les entreprises agricoles emploient souvent plus de dix salariés, mais seulement à certains moments de l’année.
Le ministre Jean Boulet juge de son côté raisonnable de limiter cette permission aux entreprises familiales de moins de dix salariés. Dans une trop grande compagnie, la supervision familiale peut être compromise.
«Selon les données que nous avons recueillies, 75% des entreprises au Québec ont moins de 10 employés, a-t-il réagi. Je n’ai pas le chiffre spécifique pour le nombre d’entreprises familiales en bas de dix, mais c’est la vaste majorité».
Notons que les employeurs souhaiteraient également que l’interdiction de faire travailler des jeunes de moins de 14 ans n’entre en vigueur qu’après la saison estivale.